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« J'avais une heure pour partir »

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« J'avais une heure pour partir »

Une jeune famille hondurienne prend un nouveau départ au Belize.
12 Juillet 2019

Patricia* a toujours eu peur que les problèmes de boisson de son frère lui créent des ennuis. Et puis un jour de pluie, ses craintes sont devenues réelles.


« Mon frère était ivre et il leur a dit qu’il ne voulait pas de gangs dans son quartier », explique Patricia. « Je me souviens très bien de cette journée. Ils m'ont appelée pour lui transmettre le message : la prochaine fois qu’il se comporterait de la sorte, ils le tueraient. »

Au Honduras, les gangs contrôlent de puissants réseaux et ils n'hésitent pas à traquer les proches de quiconque se trouverait sur leur route. Personne n'est en sécurité une fois qu’un ordre a été donné. « Je leur ai demandé de lui pardonner. J'ai essayé d'expliquer qu'il était ivre », dit Patricia. « Mais ils nous ont menacés et il était impossible de leur faire entendre raison. »

Très vite, Patricia reçoit à son tour des menaces de mort. « Un jour, la police s’est rendue à l'endroit où se réunissent les membres du gang », se souvient-elle. Certains ont réussi à s'échapper, mais d’autres ont été frappés et emprisonnés. « Le gang pensait que j'avais prévenu la police et ils m’ont à nouveau appelée. »

 « Au Honduras, les gangs finissent toujours par vous retrouver. »

Cette fois, ils lui ont lancé un ultimatum. « Ils ont appelé pour dire que j’avais une heure pour partir, sinon ils tueraient mon fils, mon mari, puis moi », explique Patricia. Sous le choc et la peur, elle a pris sa famille et s'est enfuie, en laissant tout derrière elle.

De telles menaces ne sont pas rares au Honduras, où des gangs de criminels extorquent régulièrement de l'argent, enlèvent, menacent et tuent. Pour de nombreuses familles comme celle de Patricia, la seule possibilité de survie est la fuite.

 « Nous avons déménagé plusieurs fois dans le pays pour trouver un endroit sûr où vivre », dit-elle. « Mais la peur et l’insécurité ne nous ont pas permis de vivre en paix. Au Honduras, les gangs finissent toujours par vous retrouver. »

Patricia* et les siens tentent de reconstruire leur vie au Belize, loin des menaces de gangs criminels du Honduras.

Sans autre alternative, Patricia et sa famille ont fui vers le Belize, où quelques milliers de réfugiés ont déjà trouvé la sécurité pour reconstruire leur vie. Au total, environ 95 400 Honduriens y étaient enregistrés comme réfugiés et demandeurs d'asile à la fin de l’année 2018. La majorité d'entre eux souhaite se rendent aux États-Unis, au Mexique, au Canada ou en Espagne.

« Des personnes et des organisations généreuses nous ont aidés au Belize », dit Patricia. « Mon fils va enfin à l'école et, heureusement, mon mari a trouvé du travail dans une ferme ». L'intégration au Belize n'a pas été facile pour leur famille en raison des difficultés d'accès à la procédure d'asile, mais Patricia peut désormais entrevoir un avenir sans violence.

Trouver la sécurité au Belize

Le Belize a une longue tradition de protection envers les réfugiés et d’aide aux personnes fuyant les persécutions, qui remonte aux années 1980. En 2010, l’escalade de la violence dans les pays voisins a entraîné une nouvelle vague de déplacements de personnes en quête de sécurité vers le Belize.

Face à une augmentation du nombre de demandes de statut de réfugié de la part de personnes originaires du nord de l'Amérique centrale, le Belize a rejoint en 2017 une initiative inter-institutions innovante d'aide aux personnes déplacées et à leurs communautés d'accueil, connue sous le nom de Cadre global de protection et de solutions régionales (MIRPS). En y adhérant, le gouvernement du Belize a voulu faire preuve de solidarité et d’engagement en vue d’une réponse régionale face à ces déplacements, qui ont forcé des milliers de familles à fuir leur foyer.

Le Belize a élaboré un plan national d’action visant à renforcer le système d’asile et les systèmes d’intégration locale. Le HCR aide le gouvernement à améliorer les conditions d'accès à l'asile et la qualité de celui-ci ; à favoriser le dialogue en vue d'une meilleure coordination régionale et un partage des responsabilités ; et il travaille avec toutes les parties prenantes concernées pour répondre aux besoins urgents des réfugiés et des demandeurs d'asile.

*Les noms ont été modifiés pour des raisons de protection.