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« J'ai cru que j'allais mourir »

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« J'ai cru que j'allais mourir »

Un comptable hondurien échappe à ses ravisseurs et trouve la sécurité aux États-Unis.
12 Juillet 2019

La rue était plongée dans l’obscurité. Germán*, âgé de 38 ans, savait qu'il était un peu tard pour quitter le bureau, mais il se disait qu’il n’y aurait pas de problème. Après tout, sa voiture n’était garée qu’à quelques minutes à pied. Mais ils l’attendaient…


« J'ai senti quelque chose me couvrir la tête. J'ai été frappé, puis poussé dans une voiture. J’ai cru que j'allais mourir », se souvient-il.

Germán, un comptable très apprécié de ses clients, a été enlevé par un gang de Tegucigalpa, au Honduras. Il n'avait aucune idée de l'endroit où ils l'emmenaient, mais il savait pourquoi ils s’en prenaient à lui : « Ils voulaient connaître les sommes d’argent que possédaient mes clients, mais je ne pouvais pas leur dire. »

Germán savait que s'il leur donnait les informations qu'ils voulaient, ses clients seraient à leur tour victimes d'extorsion d’argent, comme lui. Bien que ses ravisseurs l'aient frappé à plusieurs reprises, Germán a refusé de parler. Par chance, il a pu échapper à ses ravisseurs. « Ils ont été distraits et j'ai réussi à grimper par une fenêtre et à m'enfuir pieds-nus dans la rue », explique-t-il.

« Comment vais-je m'adapter à une société si différente de la mienne ? »

Les enlèvements sont fréquents au Honduras, où les gangs criminels réclament régulièrement de l’argent en rançon – et lorsqu’ils ne la reçoivent pas, ils menacent de tuer leur victime ou passent à l’acte. Entre 2004 et 2014, au moins 174 000 Honduriens ont fui vers d'autres régions du pays pour échapper à la violence des gangs. Comme Germán, plus de 205 000 personnes, selon le dernier décompte, n'ont pas eu d'autre option que celle de quitter le pays.

Germán a couru longtemps, mais il savait qu'il ne serait pas en sécurité chez lui et il a fini par se rendre à l'aéroport. « J’étais assis sur mon siège d'avion, je regardais par la fenêtre et les larmes coulaient sur mes joues », se souvient-il. « J’ai quitté ma belle Tegucigalpa pour sauver ma peau. »

Il est arrivé au Texas, aux États-Unis, muni d’un visa de visiteur et il a ensuite demandé l’asile.

German* assiste à la messe dans une église de sa communauté à Dallas, aux États-Unis.

Ne sachant pas ce qui l'attendait, il a dû affronter l'incertitude : « Que vais-je faire ? Comment vais-je m'adapter à une société si différente de la mienne ? Vais-je trouver un emploi de comptable ? J'étais vraiment seul. »

Il a commencé à trouver des réponses à ses questions grâce à une église locale. « J'ai écrit à cinq églises avec l’espoir d’y trouver du soutien, une personne à qui parler », dit-il. « L’une d’elles a répondu et je me suis senti soulagé. »

Germán se rend régulièrement dans cette église, où il a rencontré d'autres personnes qui, comme lui, ont fui les violences et les persécutions qui ont lieu dans le nord de l'Amérique centrale. Ils ont mis en place un système d’entraide.

Reconnaissant le danger de mort qu’il risque chez lui, les autorités américaines lui ont accordé l’asile. La bonne nouvelle est arrivée le jour de son anniversaire et il a maintenant retrouvé la paix qu'il ne connaissait plus au Honduras.

« Je me sens en sécurité. Je peux promener mon chien, aller à la banque ou au café du coin sans devoir regarder par-dessus mon épaule », dit-il. « Je sens que je récupère ce qui m'a été enlevé dans mon pays. Et puis, surtout, j'ai la volonté de vivre. »

Trouver la sécurité aux Etats-Unis

Bien que le taux d’homicides au Honduras ait diminué au cours des trois dernières années, la violence perdure encore – notamment dans les zones contrôlées par les gangs. Les menaces de mort et les persécutions ne laissent pas d'autre possibilité que celle de fuir.

Environ 205 000 Honduriens ont demandé l'asile ou ont été reconnus comme réfugiés dans d'autres pays, dont 31 % aux États-Unis.

* Les noms ont changé pour des raisons de protection.