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Premier de sa classe et avide d'apprendre envers et contre tout

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Premier de sa classe et avide d'apprendre envers et contre tout

Gift, un jeune garçon qui a fui la guerre civile au Soudan du Sud, est déterminé à poursuivre ses études. Or, son ingéniosité, son talent et sa détermination pourraient bien ne pas suffire à le maintenir scolarisé.
30 Août 2019
Gift, 10 ans, en train de lire à la lueur d'une lampe solaire qu'il a fabriquée lui-même en République démocratique du Congo.

Gift, 10 ans, est premier de sa classe depuis trois ans et ça ne suffira peut-être pas pour qu'il poursuive ses études.


« Quand je serai grand, je veux être enseignant. Ce travail me plaît parce que j'aime aider ceux qui ont moins de connaissances », dit-il en évoquant l'ambition qui l'a poussé à aller de l'avant contre vents et marées.

Les obstacles étaient pourtant considérables. Gift a fui la guerre qui ravagé sa patrie, le Soudan du Sud, un conflit qui a coûté la vie à son père. Déterminé à réussir, il a appris le français sans en connaître un traître mot et s’est même construit une lanterne avec les pièces d'une vieille lampe solaire pour pouvoir étudier une fois la nuit tombée. 

Malgré tout son dur travail, l'avenir de Gift paraît bien sombre. Cet adolescent talentueux est en dernière année de primaire, dans une école située dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) où les places disponibles dans le secondaire sont plus que rares.

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, aide des enfants réfugiés tels que Gift à poursuivre leur scolarité en fournissant aux familles des allocations en espèces pour couvrir les frais de scolarité et l'achat de manuels scolaires, de fournitures et d’uniformes. Malgré tout, les financements et les opportunités sont limités, surtout au secondaire, ce qui signifie que Gift et des milliers d'autres jeunes réfugiés sud-soudanais risquent d'être contraints d’achever prématurément leur scolarité. 

Gift et son oncle — qui est devenu son tuteur légal après la mort de son père et la perte de sa mère — sont venus chercher la sécurité au camp de Biringi, en RDC, en 2016.

« J'ai dû quitter l'école à cause de la guerre. Quand j'ai appris que j'allais y retourner, je me suis senti très heureux. »

L'adolescent se rappelle bien de sa première journée de classe à l'école primaire d'Uboko où 800 élèves congolais et réfugiés étudiaient côte à côte depuis la remise en état de l'école par le HCR. Il était enthousiaste et reconnaissant de cette nouvelle occasion d'apprendre.

« La guerre fait souffrir beaucoup de gens. J'ai dû quitter l'école à cause de la guerre. Quand j'ai appris que j'allais y retourner, je me suis senti très heureux », se souvient-t-il dans un sourire.

Gift a acquis la maîtrise du français, principale langue d'enseignement en RDC, en suivant des cours de langue fournis par le HCR et il est même sorti premier d'un concours régional d'orthographe. 

Il s’est ensuite heurté à un problème pratique : sans électricité, il n'avait pas de lumière pour étudier chez lui une fois la nuit tombée. Qu'à cela ne tienne ! Gift a construit sa propre lampe solaire. « Il fallait que je construise cette lampe », dit-il en montrant sa fragile lanterne composée de trois ampoules et d’une batterie solaire retenues par du ruban adhésif.

L'afflux persistant de jeunes sud-soudanais en territoire congolais ne cesse de creuser le fossé éducatif. Seuls 4400 enfants sud-soudanais sur les 12 500 en RDC ont accès à l'enseignement primaire. Jusqu'à récemment, il n'y avait strictement aucune possibilité pour eux au secondaire.

En 2019, le HCR a lancé un petit programme visant à inscrire des élèves réfugiés au secondaire. Il a également contribué à la construction et à la remise en état de bâtiments scolaires.

Pour autant, sur plus de 6000 réfugiés sud-soudanais en âge de fréquenter l'école secondaire, 92 % ne sont toujours pas scolarisés, une proportion sidérante.

Gift est conscient des obstacles qui se dressent sur son chemin. Il craint de passer pour un bon à rien aux yeux des locaux comme des autres réfugiés s'il ne peut poursuivre ses études. Il est vital pour lui d’étudier, tant parce qu'il espère devenir enseignant que pour offrir une voix à d'autres dans sa situation.

Il n’arrive tout simplement pas à imaginer une existence sans éducation. « Ça serait horrible si je ne pouvais pas aller au collège », dit-il. « Il devrait y avoir un moyen d'étudier pour tout le monde. »

« En l’absence de scolarisation, il ne leur reste qu’à traîner dans l’attente d’un avenir incertain. »

Ann Encontre, la Représentante régionale du HCR en RDC, dit avoir découvert « d'extraordinaires talents » chez les jeunes réfugiés qu'elle a rencontrés. « Quand on discute avec eux, on se rend compte de leur soif de connaissances. »

« L'école secondaire donne aux adolescents réfugiés une raison d'être, une vision de la personne qu'ils souhaitent devenir et les connaissances qui les aideront un jour à reconstruire leurs foyers », ajoute-t-elle.

« En l’absence de scolarisation, il ne leur reste qu’à traîner dans l’attente d’un avenir incertain. C’est pourquoi nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour les garder scolarisés. »


L'histoire de Gift figure dans le rapport 2019 sur l'éducation du HCR Stepping Up: Refugee Education in Crisis. (Redoubler d'efforts : L’éducation des réfugiés en crise). Le rapport montre que plus les enfants réfugiés grandissent, plus les obstacles qui les empêchent d'accéder à l'éducation deviennent difficiles à surmonter : seulement 63% des enfants réfugiés fréquentent l'école primaire, contre 91% dans le monde. À travers le monde, 84% des adolescents font des études secondaires, cette chance n'étant accordée qu'à seulement 24% des réfugiés. Sur les 7,1 millions d'enfants réfugiés d'âge scolaire, 3,7 millions, soit plus de la moitié, ne vont pas à l'école.