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Les enseignants réfugiés en Afrique de l'Ouest assurent la continuité de l'éducation malgré les défis

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Les enseignants réfugiés en Afrique de l'Ouest assurent la continuité de l'éducation malgré les défis

Malgré une pandémie mondiale, des guerres et des conflits, le dévouement des enseignants réfugiés à travers le monde entier est célébré, car ils assurent la continuité de l'apprentissage pour les élèves déracinés.
5 Octobre 2020
Bahibo Natacha, une réfugiée ivoirienne, enseigne le français à l'école primaire d'Ampain D.A. dans le camp d'Ampain, au Ghana.

Le bruit habituel des cris joyeux d’enfants à la sortie des classes en fin de journée a disparu de l'école primaire d'Ampain D.A, dans l'ouest du Ghana.


Alors que Bahibo Natacha traverse l'enceinte de l'école, elle ne peut s'empêcher de penser à la façon dont la pandémie de Covid-19 a changé la situation dans l'école.

« Mon travail est profondément affecté car l'école est maintenant fermée », explique cette enseignante de français âgée de 40 ans. « Avant, mes élèves suivaient bien leur cours de français mais aujourd’hui, je crains qu'ils ne prennent du retard. »

Elle enseigne à l'école du camp de réfugiés d'Ampain depuis 2014.

« J'ai décidé de me lancer dans l'enseignement car j'aime les enfants », explique cette réfugiée ivoirienne, qui avait travaillé en tant que microbiologiste en Côte d'Ivoire avant de fuir au Ghana en 2011, en raison des violences post-électorales.

« J'ai décidé de me lancer dans l'enseignement car j'aime les enfants »

Elle vit aujourd'hui à Ampain avec sa mère et ses deux enfants. Exerçant son métier avec passion, elle enseigne le français à des élèves de troisième et quatrième année.

« J'aime tellement enseigner. J'utilise des jeux pour faire participer les enfants durant les cours, ce qui les rend agréables », ajoute-t-elle.

Depuis la fermeture des écoles, elle assure les cours à ses élèves pendant au moins deux heures par jour, en utilisant des tablettes fournies par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Pendant les sessions, toutes les mesures sanitaires contre la pandémie de Covid-19 sont respectées.

Le HCR a également installé des postes de télévision dans le camp pour permettre aux enfants de se connecter à différentes chaines d'apprentissage. L’organisation USAID, en partenariat avec le Service ghanéen pour l’éducation, a également fourni des cahiers d'exercices aux élèves du primaire, afin qu'ils puissent réviser avec leurs parents et tuteurs grâce aux leçons radiodiffusées.

« Je crois que ces mesures fonctionnent car les enfants assimilent bien les leçons », dit-elle.

Plus au nord, au Mali, les enseignants Issa Farazi et Maria Diarra donnent des cours dans des conditions beaucoup plus complexes où les écoles, les enseignants et les élèves sont souvent pris pour cible par des groupes armés.

Ces derniers mois, une forte augmentation des attaques est survenue dans la région du Sahel, forçant les habitants à fuir vers le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qui ont des frontières communes.

« Le principal défi auquel nous faisons face est celui de la situation d’urgence due à l'insécurité », déclare Issa, le directeur de l'école primaire de N'tahaka, dans la commune de N'tillit. « Le plus difficile, c’est la sécurisation de l'école, des enseignants et des enfants. Il faut sécuriser les enfants et les encadrer. »

Maria, qui enseigne à l'école Tobine à Hausa Foulane dans la région de Gao, en convient également. Elle souligne que la situation sécuritaire instable est une préoccupation pour tous.

« A cause de la guerre, les enseignants et les élèves ont tous peur et, parfois, nous ne pouvons pas aller travailler », ajoute l'enseignante âgée de 25 ans.

Malgré ces difficultés, associées à la pandémie de Covid-19, les enseignants continuent à travailler.

« L'amour de mon travail et l’amour des enfants est ce qui me motive le plus », dit Maria.

Issa est d'accord, ajoutant que « la responsabilité de transmettre des connaissances aux enfants et à la communauté est importante pour leur avenir. »

Gaimava Ruth, 32 ans, est enseignante bénévole à l'école publique du camp de Minawao, dans le nord du Cameroun, depuis quatre ans. Son plus grand défi est d'aider les enfants réfugiés à faire face aux traumatismes qu'ils ont subis, et tout particulièrement les rescapés des attaques de Boko Haram.

« Tout d'abord, je dois les aider à ne plus penser qu'ils sont différents des autres enfants de la communauté hôte », dit-elle. « Je leur fais comprendre que nous sommes égaux et qu'ils doivent avoir de l'espoir pour leur avenir. »

Elle est encouragée par les différentes mesures mises en œuvre pour préparer la réouverture des écoles, telles que l'installation de dispositifs de lavage des mains, la fourniture de gel hydroalcoolique pour les mains et le port systématique des masques.

« L'éducation est très importante pour chaque enfant afin qu'il devienne la personne qu’il rêve de devenir. C'est pourquoi nous n'abandonnerons pas »

« La communauté comprend l'importance de l'éducation et la nécessité pour leurs enfants de respecter ces mesures gouvernementales pour leur sécurité », explique-t-elle.

Lors de la Journée mondiale des enseignants, célébrée chaque année le 5 octobre, les enseignants du monde entier, en particulier les enseignants réfugiés, sont célébrés pour leur courage, leur passion et leur dévouement afin que les élèves continuent à apprendre. Cette journée offre une occasion unique de faire le point sur les défis auxquels sont confrontés les enseignants et sur leur rôle dans la réalisation des objectifs mondiaux en matière d'éducation.

Pour ces enseignants réfugiés, l'éducation doit continuer, envers et contre tout.

« L'éducation est très importante pour chaque enfant afin qu'il devienne la personne qu’il rêve de devenir. C'est pourquoi nous n'abandonnerons pas », déclare l'enseignante Bahibo.