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#JeSuisUnDéfenseur : Des frères et anciens réfugiés iraquiens créent des œuvres d'art pour collecter des fonds en faveur des personnes déplacées dans le monde

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#JeSuisUnDéfenseur : Des frères et anciens réfugiés iraquiens créent des œuvres d'art pour collecter des fonds en faveur des personnes déplacées dans le monde

Après avoir fui la persécution en Iraq à cause de leur religion yézidie, Ismail, Salam et Jason Noah créent des tableaux dont les profits sont reversés au HCR et apportent ainsi leur aide aux réfugiés et à d'autres personnes déplacées dans le monde.
20 Octobre 2020
Ismail (en haut à gauche), Jason (en haut à droite) et Salam (en bas à gauche) de « Brotherly Art » avec leurs oeuvres

Habitant désormais en France, les trois frères utilisent leur art comme une manière puissante de soutenir les familles contraintes de fuir leur foyer. Ismail, Salam et Jason nous nous expliquent pourquoi ils sont fiers de participer ensemble à la campagne « #JeSuisUnDéfenseur » pour témoigner leur soutien aux personnes déplacées du monde entier, et comment leur expérience de réfugiés influence leur travail.


Pourquoi avez-vous fui votre pays d’origine et quelle a été votre expérience en tant que réfugiés?

Nous vivions en Iraq avec notre famille. Le 3 août 2014, Daech a attaqué la ville de Sinjar et tous les villages voisins où vivait notre peuple, les Yézidis. Ce jour-là, des milliers de Yézidis ont fui dans les Monts Sinjar, une chaîne de montagnes de 72 kilomètres de long, près des villages yézidis. Ils y sont restés des jours sans eau ni nourriture.

Comme de nombreuses familles yézidies commençaient à perdre espoir, nous avons essayé de partir. Un passeur nous a demandé 3 500 dollars par personne pour quitter l’Iraq, alors nous avons dû lui vendre notre maison. Il nous a promis de nous emmener en Serbie où des organisations offraient une assistance aux gens.

Le 9 février 2015, nous avons quitté notre pays pour nous réfugier en Turquie. Après un jour de repos, le passeur a mis 89 personnes dans un autocar à Istanbul à destination d’Edirne, une ville turque à la frontière avec la Grèce et la Bulgarie. Puis, ils nous ont dit de traverser la forêt sans aucune lumière. Nous transportions tous un sac avec des affaires personnelles, certains portaient aussi des bébés.

Au bout de 30 minutes, les chefs des passeurs nous ont dit qu’il faudrait marcher pendant plus de cinq heures en traversant des montagnes et des rivières. Ils nous ont dit que la température serait glaciale et que la plupart des bébés ne survivraient pas.

Après quelques pourparlers, nous avons décidé de ne pas prendre le risque. Les passeurs ont alors pris la fuite pour se cacher.

Nous avons allumé trois feux pour nous réchauffer, mais la pluie ne cessait de les éteindre. Après avoir passé cinq heures atroces, un groupe a décidé de se rendre jusqu’à la route la plus proche et a arrêté une voiture. Le conducteur a alors appelé trois autocars et, lorsqu’ils sont arrivés, nous avons tous couru vers eux pour nous sauver.

Ils nous ont ramenés à Istanbul qui était à quatre heures de route. Après avoir essayé six fois de passer en Bulgarie et avoir échoué, nous avons décidé de nous rendre en Grèce en bateau. Nous avons fait trois tentatives. La première fois que nous avons tenté la traversée, alors que nous étions en pleine mer, le capitaine a décidé de rebrousser chemin à cause de la police. La fois suivante, le moteur du bateau est tombé en panne, alors nous avons dû revenir. Et la troisième fois, nous sommes parvenus à atteindre l’île de Lesbos.

Trois jours plus tard, nous avons entendu que la frontière grecque avec la Turquie avait été fermée. Nous avons passé une semaine sur l’île et deux jours au port. Puis, on nous a tous mis dans un autocar et amenés au camp de Ritsona en Grèce. Jason a vécu là-bas avec sa famille, Salam et Ismail y ont passé environ un an. Nous avons commencé à offrir notre aide, à faire la traduction dans le camp, à accompagner les réfugiés à l’hôpital, à appeler les ambulances. Nous faisions tout ce que nous pouvions pour rester forts.

Qu’est-ce que votre famille et vous avez ressenti en arrivant dans un nouveau pays en tant que réfugié?

Après un très long parcours, nous avons finalement été acceptés comme réfugiés en France. Nous étions tellement heureux et, pour la première fois, nous nous sommes sentis en sécurité. Nous avons eu quelques difficultés à nous habituer à la langue et à la culture, mais ce n’est rien à côté de ce que nous avons vécu. Nous continuons à peindre. Nous avons participé à de nombreuses expositions dans différents pays et continuons à véhiculer un message d’amour et de paix à travers l’art.

Qu’est-ce qui vous a incités à agir et à plaider en faveur des réfugiés?

Lorsque nous vivions dans des camps de réfugiés en Grèce, nous voulions absolument apporter notre aide. Nous parlons plusieurs langues (le kurde, l’arabe et l’anglais) et cela a été très utile pour la traduction. Dans le camp, nous avons aussi joué de la musique et peint pour que les gens gardent le moral et restent positifs.

Nous avons vu beaucoup d’organisations humanitaires et leurs bénévoles nous ont énormément aidés lorsque nous étions dans une très mauvaise situation. Beaucoup de personnes avaient besoin de parler ou d’être écoutées, alors nous savons à quel point il est important d’aider les réfugiés.

Ici en France, nous continuons à apporter notre soutien et notre aide autant que nous le pouvons, et nous continuerons de le faire. Réfugiés, déplacés ou sans abris… Nous sommes tous semblables, c’est pourquoi nous devons nous entraider. C’est ce qui fait de nous des êtres humains.

Pourquoi est-il important de faire passer les questions relatives aux réfugiés au premier plan des discussions, que ce soit dans votre pays ou au niveau international?

Nous devons à tout prix montrer que les réfugiés sont des gens comme les autres. Ils sont forcés de quitter leur pays parce qu’ils y sont en danger, pas par choix. C’est une question de vie ou de mort.

Pour découvrir le travail des trois frères Jason, Ismail et Salam, visitez leur site Brotherly Art.

Ajoutez votre nom à la pétition #JeSuisUnDéfenseur et rejoignez le HCR en envoyant ce message clair : toutes les personnes comptent, et la xénophobie et le racisme doivent cesser dans le monde.