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Des réfugiés lancent un blog pour partager des informations sur le coronavirus

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Des réfugiés lancent un blog pour partager des informations sur le coronavirus

Un groupe de réfugiés congolais a lancé un blog sur la vie quotidienne en Angola. Mais le Covid-19 lui a conféré un rôle plus important : celui d'éduquer et d'informer.
22 Avril 2020
François, Alphonsine et Roger sont des blogueurs congolais qui partagent des informations sur le coronavius auprès d'autres réfugiés et de la communauté locale à l'installation de Lovua, en Angola.

Ecrire pour transmettre aux autres ce qui se passe autour de lui a toujours été la passion de Roger Amaru. Même après avoir été forcé de fuir le conflit brutal dans la région du Kasaï en République démocratique du Congo, son amour pour le storytelling n'a jamais cessé.


Alors que le monde est aux prises avec la menace du Covid-19, la vie de Roger est bien remplie. Avec une équipe de dix réfugiés, Roger, 43 ans, a lancé un blog appelé Histoires de Lovua, afin de partager des informations vitales sur la manière de rester en sécurité face à la pandémie, auprès de ses collègues réfugiés de l’installation de Lovua.

« Nous avons lancé ce blog car nous voulions que le monde entier connaisse notre vie quotidienne en tant que réfugiés en Angola », explique-t-il. « Mais nous avons désormais une plus grande responsabilité, celle de partager des informations très importantes sur le coronavirus. »

Roger est conscient que, sans accès à des informations crédibles en temps utile et de manière structurée, la panique et la peur peuvent s'installer. Lui et ses amis sont déterminés à faire leur part pour sensibiliser cette communauté où vivent quelque 6000 réfugiés de RDC.

« Nous avons un devoir d'éducation et d'information, et je prends cette mission très au sérieux », ajoute Roger, qui a été journaliste en RDC.

« Nous avons un devoir d'éducation et d'information, et je prends cette mission très au sérieux. »

L'Angola a déjà enregistré 24 cas de coronavirus, les deux premiers ayant été signalés en mars.

« Ma plus grande crainte, c’est que les gens paniquent. Je m'inquiète toujours de ce qui va nous arriver à nous, les réfugiés, qui sommes très vulnérables dans de telles situations », explique-t-il.

Mais il a décidé de mettre ses inquiétudes de côté et de se concentrer plutôt sur la recherche et la participation aux sessions d'information organisées par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et d'autres agences présentes dans le camp.

Le HCR, en collaboration avec le gouvernement provincial et ses partenaires, travaille sur un plan d'urgence commun pour la prévention et la lutte contre le Covid-19 dans la province de Lunda Norte, où se trouve le camp de Lóvua, et ce dans le cadre d'un plan national d'intervention plus large.

Par l'intermédiaire de son partenaire de santé, Medicos del Mundo, le HCR a formé des travailleurs communautaires et organisé des sessions de sensibilisation auprès des réfugiés et des communautés locales autour de l'installation. De plus, des documents d'information sur la manière de se protéger contre le virus ont été distribués à travers toute l’installation.

L'équipe de Roger a publié des informations sur le blog, comme le font le HCR et ses partenaires. Ils mettent également en avant les principales directives et mesures préventives, telles que la distanciation sociale, le lavage des mains avec du savon et la manière d'identifier les symptômes.

« Davantage de gens lisent notre blog, car nous mettons en avant les mesures mises en place pour assurer la sécurité des personnes », explique Roger.

Avec plus de 80% de la population mondiale réfugiée vivant dans des pays à revenu faible ou moyen, le HCR donne la priorité aux mesures visant à prévenir les épidémies potentielles qui mettraient à rude épreuve des services de santé locaux déjà fragiles.

Dans l’installation, de nouveaux points d'eau et des stations de lavage des mains ont été installés dans des zones clés afin de permettre aux réfugiés d'avoir un meilleur accès à l'eau. Le dispensaire de l'installation a été agrandi, pour inclure un processus de dépistage distinct pour les cas respiratoires graves. Tout cas isolé peut ensuite être adressé aux hôpitaux de Dundo, la capitale provinciale.

Les blogueurs ont des ressources limitées et luttent pour obtenir un accès Internet fiable afin de publier leurs récits. Ils utilisent le smartphone de Roger - le seul du groupe - pour prendre des photos et enregistrer des interviews.

« Nous partageons un ordinateur portable avec d'autres. Ce n'est pas la façon idéale de travailler, mais c'est mieux que rien », dit-il, ajoutant qu'ils opèrent depuis un centre communautaire dans l’installation et que, lorsqu'il n'est pas disponible, ils travaillent depuis chez lui.

« La vie ici est peut-être difficile, mais nous choisissons de nous concentrer sur le côté positif des choses. »

Omotola Akindipe, un employé du HCR basé à Dundo, explique que l'agence prévoit de fournir au groupe des smartphones de meilleure qualité pour « améliorer leur travail et aussi la communication entre eux et nos collègues dans le domaine de la protection ».

Roger pense que cette aide sera très utile, même s'ils espèrent acquérir davantage d'équipements, comme des ordinateurs portables et un appareil photo dans le futur.

Pour l'instant, il est heureux d'avoir l'occasion de sensibiliser le public.

« La vie ici est peut-être difficile, mais nous avons choisi de nous concentrer sur le côté positif des choses, comme les compétences, le talent et la résilience des réfugiés », dit-il.

Lorsqu'il ne travaille pas sur le blog, il passe du temps chez lui avec sa femme et ses quatre enfants. Il a appris à sa famille à se laver les mains avec du savon et à respecter les règles de distanciation sociale.

« Nous nous lavons fréquemment les mains et nous savons qu'en prenant soin de nous-mêmes, nous prenons soin des autres », ajoute-t-il.