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INTER'ACT 2021 : des collégiens et lycéens normands à la rencontre des réfugiés

Articles et reportages

INTER'ACT 2021 : des collégiens et lycéens normands à la rencontre des réfugiés

Dans le cadre du Prix Bayeux, le HCR en France a organisé des rencontres entre des collégiens et lycéens normands et des intervenants réfugiés. Au programme : témoignages, expositions, cuisine du monde et ateliers de rap et graffiti.
8 Novembre 2021
Ahlam, réfugiée yéménite, pose avec les collégiens après leur avoir partagé son histoire.

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés en France, a organisé cette année la 5e édition d’INTER’ACT, programme de sensibilisation aux déplacements forcés et de rencontres avec les réfugiés dans le département du Calvados. Les Rencontres HCR-Ouest France ont également été renouvelées, en partenariat avec le Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre.

La semaine d'activités s'est tenue du lundi 4 au vendredi 8 octobre, dans les collèges Léopold Sedar Senghor à Ifs, Charles Letot à Bayeux, Langevin Wallon à Blainville-sur-Orne et Louis Pasteur à Caen. Au total, près de 3 000 élèves de collège (6es, 5es, 4es, 3es) et lycée (2ndes) ont participé aux activités. 30 enseignants et personnels scolaires ont été impliqués dans l’organisation des événements, qui ont mobilisés 11 intervenants réfugiés bénévoles (rap, témoignages, graffiti, cuisine ​dans les cantines scolaires).

Expositions, témoignages et échanges avec les réfugiés

Chaque matin, les collégiens ont reçu une brève introduction sur les déplacements forcés en France et dans le monde, avant de participer à un quizz pour faire le point sur leurs nouvelles connaissances. Dans un second temps, des intervenants réfugiés ont présenté leurs parcours et leurs espoirs aux collégiens.

Lundi, Azeez, ancien réfugié originaire d'Irak, a été le premier à se prêter à l'exercice. Coutumier des conférences, l'orateur a tout de suite captivé l'attention des collégiens. "Aujourd’hui tout est possible, je fais des études, je travaille et je fais aussi du volontariat auprès du HCR en France. La seule ressource de motivation c’est vous même", leur a-t-il expliqué. Le même jour, Alhassane, réfugié originaire de Guinée, est aussi venu partager son histoire avec les jeunes. Studieux, ces derniers avaient préparé une série de questions sur son parcours et sur les raisons de son exil.

Le mardi et le jeudi, c'est Moustafa, journaliste réfugié syrien, qui a pris la parole devant les collégiens. Aidé de ses reportages vidéo, il a montré aux jeunes la beauté de son pays avant la guerre et expliqué les raisons de sa fuite. Ghaith, un élève de l'assemblée lui aussi originaire de Syrie, a rejoint Moustafa et joué le rôle d'interprète entre l'intervenant et ses camarades. Une alchimie instantanée. Amusés de voir leur ami s'exprimer dans une langue qu'ils ne connaissent pas, les élèves se sont empressés de poser des questions sur le métier de Moustafa et la situation actuelle dans le pays.

Ahlam Jarban, artiste réfugiée yéménite, a clôt les interventions de l'INTER'ACT Tour le vendredi. L'artiste réfugiée en France est revenue sur ses origines africaines, sa vie au Yémen et sa passion pour l'art : "En ce moment, j'aime peindre les yeux des femmes, c'est la seule chose que l'on peut entrevoir de leur corps ​(au Yémen)." Intrigués, les élèves n'ont pas reconnu Ahlam sur ses anciennes photos : "Avant, je ne pouvais pas porter autre chose, mais maintenant j'ai découvert la couleur et mes cheveux".

À la fin de son intervention, une jeune fille nigériane s'est timidement rapprochée d'Ahlam. Arrivée en France avec sa mère lorsqu'elle était petite, elle s'est un peu retrouvée dans l'histoire de la jeune femme yéménite. Touchée, cette dernière a passé du temps avec la jeune fille et ses amis. Ravis de partager un moment avec l'artiste sur les bancs de la cour de récréation, les jeunes se sont même trouvé une passion commune avec Ahlam : l'afrodance ! 

Dégustation d'un repas préparé par des chefs réfugiés

Sur le temps de midi, les élèves des quatre collèges participants ont aussi eu l'opportunité de déguster un repas préparé par des chefs réfugiés. Chaque jour, un chef s'est attelé à élaborer un menu inspiré de la culture culinaire de son pays d'origine, pour faire découvrir de nouvelles saveurs aux collégiens. Dans les cuisines, les équipes des cantines des collèges ont travaillé main dans la main avec les intervenants réfugiés, accompagnés de membres de l'association Bandes de Sauvages, venus faire le lien pour l'occasion.

Les deux premiers jours de la semaine, c'est Hodan, réfugié​e somalienne, qui a préparé un repas traditionnel pour les collégiens, accompagnée de sa soeur. Son menu se composait de Sabaayad sauce Maraq en entrée (des crêpes somaliennes avec des légumes en sauce), de Bariis isku karis en guise de plat (riz épicé au poulet) et enfin d'un gâteau au yaourt, à la banane et à la noix.

Jeudi, à l'approche de l'heure du déjeuner, de la musique traditionnelle afghane s'est mise à filtrer de la cantine. Curieux, tous les élèves se sont pressés pour prendre leur plateau-repas et découvrir par la même occasion les préparations de Mohamed Ilyas, chef réfugié afghan, dans un superbe décor façonné pour l'occasion.

Enfin, pour le dernier déjeuner de l'INTER'ACT Tour, au collège Louis Pasteur à Caen, les élèves ont réservé une surprise pleine d'émotions à Abdul, qui était en cuisine ce jour là. Emmenés par leur professeur de musique, des élèves de 3e ont repris en chœur le chant de l'Exodus, pour remercier le chef et célébrer le courage des réfugiés à travers le monde.

Des ateliers animés par des réfugiés 

L'après-midi, des bénévoles ont animé des ateliers pour les collégiens. Une manière d'en apprendre un peu plus sur le parcours des réfugiés tout en partageant leurs passions et talents. Aux collèges Charles Letot et Langevin Wallon, Mohamed Jamous, rappeur palestino-syrien membre du groupe Refugees of Rap, a organisé un atelier d'écriture et de hip-hop avec des classes de 4e et de 3e. Au fil de la rencontre, les élèves ont pu découvrir la situation en Syrie et l'histoire du jeune Syrien. À la fin de l'atelier, les élèves ont pu présenter les textes des rap composés pendant l'atelier, sur des thèmes de leur choix comme le racisme, la guerre ou encore l'amitié. Beaucoup d'entre-eux ont su dépasser leur timidité pour passer devant toute la classe.

Vendredi, direction la salle d'arts plastiques avec Ahlam, artiste réfugiée yéménite. Étudiante aux Beaux-Arts de Paris, la jeune femme a partagé sa passion pour le graffiti avec les collégiens et expliqué sa dernière oeuvre, réalisée au skatepark de Bayeux : une grande fresque mettant en scène des yeux de femmes - “la seule partie de leur corps que l’on peut entrevoir au Yémen”, qui “expriment tant d’émotions” - et les inscriptions du mot haram, "interdit", un terme qui a souvent marqué sa vie. À la fin de la séance, les œuvres des jeunes inspirés par les conseils de l'artiste ont été exposées sur les murs de l'établissement.

Des collégiens visitent le camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie en réalité virtuelle dans le cadre d'Inter'Act Tour 2021

Des collégiens visitent l'exposition The Most Important Thing dans le cadre d'Inter'Act Tour 2021

En parallèle, des collégiens ont visité l'exposition The Most Important Thing, réalisée par le photographe américain Brian Sokol, en partenariat avec le HCR. Chaque panneau représentait un réfugié accompagné de l'objet le plus important à ses yeux, emporté dans la précipitation de l'exil. Pourquoi une famille angolaise donne-t-elle autant d'importance à un document d'identité ? Pourquoi ce réfugié angolais en RDC affiche un sourire radieux, alors que son père n'a pu emporter qu'une simple veste ? De quoi inspirer les collégiens, qui ont été invités, à la fin de la visite, à imaginer l'objet qu'ils emporteraient s'ils devaient fuir à leur tour leur foyer.

Un dernier atelier proposait aux jeunes de visionner Clouds Over Sidra, le premier film en réalité virtuelle produit et réalisé par les Nations Unies. Immergés dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie, ils ont pu faire la rencontre de Sidra, une jeune réfugiée syrienne de 12 ans, qui leur a raconté son quotidien en anglais. Les ateliers se sont terminés par un temps d’échange avec les collégiens.

INTER'ACT Day : Les Rencontres HCR-Ouest-France

Paralèllement à l'INTER'ACT Tour, et toujours dans le cadre du Prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre, le HCR en France, en partenariat avec Ouest-France, a organisé les Rencontres HCR-Ouest-France, afin de débattre et échanger sur les déplacements forcés dans le monde avec plus de 800 lycéens de la Région Normandie. 

Pendant un après-midi, dans le Grand Pavillon du centre-ville, Céline Schmitt, la porte-parole du HCR et Alexandra Turcat, la cheffe du service monde de Ouest-France ont présenté les grandes dynamiques des déplacements forcés et les défis relatifs à l'éducation ou encore aux solutions durables pour aider les réfugiés. À leurs côtés, des intervenants réfugiés ont témoigné sur leur parcours d'exil, pour sensibiliser les jeunes à la situation dans leurs pays et à l’importance de la protection internationale, à l'occasion des 70 ans de la Convention de Genève de 1951. Un texte qui selon Céline Schmitt, Porte-parole du HCR en France, “reste toujours aussi pertinent pour assurer la protection des réfugiés."

Ahlam Jarban, artiste réfugiée yéménite, et Farhad Ataee, réfugié afghan entrepreneur et responsable d’un incubateur d'entreprises sur le sujet des migrations, se sont ensuite prêtés au jeu des questions-réponses avec les jeunes. Pauline : “Comment nous, lycéens, pourrions aider les réfugiés en France ?" Farhad : "Les aider à se constituer un capital social. Aussi, les aider à accéder au logement et aux choses essentielles. Tout cela dans une perspective d’apprentissage réciproque.”

“Tous les mauvais souvenirs ont façonné ma personnalité, a expliqué Ahlam à un lycéen qui lui demandait si elle ferait les choses différemment si on lui donnait le choix de revenir en arrière. Le racisme contre les personnes aux origines africaines, comme moi, au Yémen. La discrimination contre les femmes. Je ne regrette plus rien, c’est un apprentissage. Je suis heureuse de témoigner devant vous aujourd’hui.”