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Le recours à l'énergie propre pour la cuisson des repas améliore la vie des réfugiés au Soudan

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Le recours à l'énergie propre pour la cuisson des repas améliore la vie des réfugiés au Soudan

Le recours à l'éthanol réduit les trajets à risque pour collecter du bois de chauffage, ralentit la déforestation et crée un environnement plus sain pour les réfugiés dans l'État du Nil blanc
26 Février 2021
Alisa, 35 ans, cuisine sur le nouveau réchaud à éthanol de la famille tandis que ses enfants regardent vers l'extérieur de leur enceinte, dans l'État du Nil blanc au Soudan.

La lueur d'une allumette illumine le visage d'Alisa Deng alors qu'elle allume son nouveau réchaud à éthanol. Ce moment est significatif pour elle et un millier d'autres familles, car il marque la fin des trajets fastidieux et dangereux, effectués depuis des années, pour collecter du bois de chauffage pour la cuisine.


Depuis qu'elle a fui le conflit au Soudan du Sud, il y a cinq ans, cette mère de trois enfants, âgée de 35 ans, devait entreprendre de pénibles trajets qui duraient une journée au sein d’une forêt qui disparaît peu à peu dans l'État soudanais du Nil blanc pour ramasser du bois de chauffage de plus en plus rare.

« Je quitte la maison dès 6 heures du matin et je traverse le fleuve en bateau pour me rendre dans la forêt », explique-t-elle, ajoutant qu'elle fait le trajet avec un groupe de femmes pour des raisons de sécurité. « Quand nous sommes nombreuses, nous pouvons nous entraider en cas de problème », ajoute-t-elle.

Cuisiner avec du bois de chauffage crée de multiples problèmes pour les réfugiés. Cela contribue à la déforestation, pose des risques pour les femmes et les jeunes filles qui sont le plus souvent chargées de sa collecte, et produit une fumée et une suie nocives rendant leur environnement domestique malsain.

Afin de lutter contre ces problèmes, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s'est associé à Kenana, la plus grande entreprise productrice de sucre de l'État du Nil blanc, dans le cadre d'un projet pilote visant à aider les familles réfugiées à passer à l'éthanol propre en tant que combustible pour la cuisson.

L'utilisation du sous-produit local issu du processus de raffinage du sucre que la société exportait auparavant a un impact immédiat sur la vie des réfugiés comme Alisa - à commencer par l'amélioration de leur sécurité.

« Des femmes et des jeunes filles ont déclaré avoir été battues ou agressées sexuellement alors qu'elles allaient chercher du bois de chauffage. »

La collecte de bois a mené Alisa dans des forêts où les scorpions et les serpents sont nombreux, pour des trajets de plusieurs dizaines de kilomètres qui l’éloignaient souvent de ses proches jusqu'à la nuit tombée. Cette quête l’a également menée, ainsi que d'autres réfugiés, à des différends avec la population locale, qui dépend également de cette ressource de plus en plus rare, tant pour cuisiner que pour construire des abris.

Alisa, 35 ans, cuisine sur son nouveau réchaud à éthanol devant son abri dans l'État du Nil blanc, au Soudan.

« Des femmes et des jeunes filles ont rapporté avoir été battues ou agressées sexuellement alors qu'elles allaient chercher du bois de chauffage », explique Elhafiz Salih, employée du HCR chargée de la protection dans l'Etat du Nil blanc. « Mais le recours à l'éthanol réduira les risques auxquels elles sont confrontées en diminuant la nécessité ou la fréquence des sorties pour ramasser du bois de chauffage dans des environnements peu sûrs », ajoute-t-elle.

Lors d’une évaluation menée en 2019 dans l'Etat du Nil Blanc par le HCR pour recueillir des informations sur les besoins et les préoccupations des réfugiés, de nombreuses femmes avaient demandé une source d'énergie alternative qui réduirait ou éliminerait le besoin de bois de chauffage.

Des années d'agriculture mécanisée ont conduit à la déforestation et à la suppression du couvert boisé dans un État qui abrite plus de 270 000 réfugiés sud-soudanais.

Au-delà de l'amélioration de l'accès à l'énergie propre, le projet, financé par le ministère fédéral allemand de l'environnement, de la protection de la nature, de la construction et de la sécurité nucléaire dans le cadre de l'Initiative internationale pour le climat (IKI), vise à améliorer la gestion des déchets et à encourager la reforestation.

Le projet pilote a déjà permis de fournir à 800 familles réfugiées dans deux des neuf camps de l'État, ainsi qu'à 200 familles de la communauté d'accueil, des réchauds et de l'éthanol, et d'autres en recevront également prochainement. A la fin du projet pilote, Kenana continuera à fournir de l'éthanol en provenance de la sucrerie, tandis qu'un atelier local prendra en charge le processus de fabrication des réchauds.

« Les repas sont prêts en quelques minutes ! »

Le passage à l'éthanol apporte également d'autres avantages : il réduit le risque d'incendies accidentels dans les abris fragiles construits en bois et en plastique ; il permet de cuisiner plus vite qu’avec du bois de chauffage et de réduire la pollution de l'air par les particules dans la maison.

« Le bois de chauffage produit beaucoup de fumée qui affecte les yeux et les poumons. Mais ce ne sera plus le cas », dit Alisa, qui ajoute que le poêle fonctionne très vite. « Les repas sont prêts en quelques minutes ! »

Le projet pilote en cours au Soudan s'inscrit dans le cadre d'un objectif plus large du HCR qui consiste à apporter des solutions d'énergie propre dans toutes les installations de réfugiés d'ici 2030. Lors du Forum mondial sur les réfugiés en 2019, le Haut Commissaire Filippo Grandi avait demandé à la communauté internationale de relever le Défi de l'énergie propre - en appelant les chefs d'entreprise, les donateurs et les gouvernements à remplacer les sources d'énergie actuelles, coûteuses et nuisibles à l'environnement, par des solutions propres et modernes. S'il est suffisamment financé et doté de ressources, le défi renforcera la résilience des réfugiés, fournira de la lumière aux enfants réfugiés afin qu'ils puissent étudier à la nuit tombée, et enfin il soutiendra les entreprises et la connectivité.