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De réfugié à sauveur : l'histoire de Majid et Joseba

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De réfugié à sauveur : l'histoire de Majid et Joseba

Après avoir été réinstallé en Espagne, le réfugié syrien Majid est devenu l'ami et l'aide-soignant de Joseba, le boucher qui l'avait embauché.
24 Juin 2021
Majid Arar, un réfugié syrien réinstallé à Bilbao, se promène près du musée Guggenheim en compagnie de son ami et patron, Joseba Gerrikaetxebarría, qui est atteint de SLA.

En 2019, des bénévoles de la ville de Bilbao, au nord de l'Espagne, ont accueilli une famille de réfugiés syriens dans le cadre d'un programme de parrainage communautaire. Le père, Majid Arar, boucher de profession, a trouvé du travail dans une boucherie tenue par Joseba Gerrikaetxebarría, un Basque qui souffrait de SLA, une maladie neurologique rare.

La suite des événements livre un témoignage authentique sur le pouvoir de la fraternité.

Lorsque des journalistes d’El Mundo ont entendu parler des deux hommes, ils se sont rendus à Bilbao pour une journée de reportage et se sont retrouvés face à une histoire bien plus émouvante et tragique que ce qu’ils pouvaient imaginer.

Voici le récit d'El Mundo, publié avec l’autorisation de la famille de Joseba le 26 avril 2021.


Sur le chemin du retour du musée Guggenheim, la main de Joseba est fatiguée de tenir le levier de son fauteuil roulant. Chaque bosse, chaque accélération ne sont que des petites secousses imperceptibles pour quelqu'un qui peut marcher, mais c’est un problème pour lui, car tout son corps est paralysé en dessous du cou. Alors, à mi-chemin entre le musée et la boucherie, Joseba arrête le fauteuil.

« Majid, c’est toi qui me conduis maintenant. »

Et donc, Majid relâche les freins et pousse le fauteuil de Joseba alors qu'ils entrent dans Bilbao en discutant du club de football Athletic Bilbao.

C'est aussi simple que ça.

Joseba Gerrikaetxebarria, 62 ans, basque, ancien champion de sports traditionnels basques, ex-chasseur et footballeur, tient une boucherie depuis 1981. Majid Arar, 40 ans, ancien footballeur dans la ville syrienne de Hama, marcheur matinal avant le conflit de son pays, est père de cinq enfants et boucher de métier.

Joseba est atteint de SLA, aussi connue sous le nom de maladie de Charcot.

Majid est un réfugié.

C'est n’est pas si simple que ça.

C'est l'histoire d'un Espagnol qui a failli être obligé de fermer sa boucherie et d'un Syrien, ayant fui la guerre et la haine, qui a sauvé ce commerce.

Majid, un réfugié syrien réinstallé à Bilbao, se promène dans la ville en compagnie de son ami et patron Joseba.

C'est l'histoire d'un Syrien qui a trouvé un soutien et du travail auprès de Joseba, et d'un Espagnol qui a bénéficié de l’assistance et des soins prodigués par Majid.

C'est l'histoire, dos à dos, de deux hommes qui ont trouvé en l’autre leur sauveur. C'est un voyage dans deux directions avec un cruel coup du sort. C'est aussi une claque aux préjugés et à la xénophobie.

« Majid est d'une aide précieuse pour moi. Je m'assois dans l'arrière-boutique et il s'occupe de la boucherie. Je lui apprends à écrire en espagnol, il sert les clients et s'occupe de moi, car je suis dépendant à 100 pour cent. Il me donne bien plus que je ne lui donne. Je suis juste assis ici et, après ma femme, c'est lui qui s'occupe de moi et me donne de l'affection », a déclaré Joseba en mars.

« Joseba n'est pas mon patron, ni mon ami. C'est mon frère. Je me sens à ma place dans cette boucherie. Il est toujours avec moi et me soutient moralement. Je ne me sens pas seul ici », dit Majib.

Joseba et Majid sont comme les deux stars d'un film. L’histoire pourrait se baser soit sur le jour de leur rencontre, soit sur les motifs de leur rencontre.

Mais attendez une minute. Coupez. Le film a une fin tragique. Nous leur avons rendu visite le 26 mars. Ce fut une journée de récits, de dure réalité et de profondes émotions.

À un moment donné, Joseba a ressenti une grande fatigue et nous lui avons demandé s'il voulait se reposer. Mais l'ancien champion sportif a répondu que nous n'avions pas fait tout ce chemin depuis Madrid pour abandonner avant la fin.

Quatre jours plus tard, il a été admis à l'hôpital. Il était atteint du Covid-19. Nous avons suivi l'évolution de la situation quotidiennement, croisant les doigts pour son rétablissement. Et nous avons décidé de ne pas publier cet article avant sa sortie de l'hôpital. Mais le virus en avait décidé autrement. Joseba est mort le 7 avril.

« La transformation est réelle, vous pouvez la constater. »

Nous avons décidé de publier ce récit seulement après que la famille de Joseba ait donné son accord. Nous ne savions pas, lorsque nous l'avons rencontré, qu'il ne lui restait que 12 jours à vivre. Ou que nos photos seraient les dernières photos de lui et les derniers mots enregistrés par deux hommes devenus des frères et tous deux convaincus de l’avènement d’un monde meilleur.

Majid et Joseba incarnent les idéaux d'un projet soutenu par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui permet aux familles et aux particuliers d'accueillir des réfugiés dans leur propre quartier.

Et qui sait, ces voisins bienveillants peuvent y gagner aussi. L'empathie s’avère une thérapie efficace contre le racisme et elle ouvre la voie à la joie née de la solidarité et à la découverte de sa propre dimension humaine.

Le projet vise à identifier les réfugiés vulnérables, à impliquer les gouvernements centraux et régionaux des pays d'accueil et à rassembler les groupes locaux et les animateurs de quartier pour créer un réseau d'accueil. Il peut s'agir de fournir à la famille réfugiée un appartement, un emploi, une école, des cours de rattrapage, un accès aux services de garde d'enfants, au sport ou à la culture.

Le nom du programme est « parrainage communautaire ».

« Ce programme transforme les citoyens, les réfugiés et les institutions. Goutte après goutte, il s'infiltre car la société veut aider, mais ne sait pas comment. La transformation est réelle, vous pouvez la constater », a déclaré María Zabala, qui dirige l'unité d'accueil, d'intégration et de solutions durables du HCR en Espagne.

Depuis 2019, 10 familles syriennes ont bénéficié de ce programme en Espagne, cinq au Pays basque et cinq dans la région de Valence : 53 femmes, hommes, filles et garçons. Deux autres familles doivent arriver en Navarre.

Le HCR a signé des accords avec le gouvernement basque, Caritas et la Plate-forme jésuite. Au total, cinq groupes de volontaires ont accueilli cinq familles à Arrigorriaga, Portugalete, Andoain, Vitoria et Bilbao.


Flashback : Bilbao, 26 mars 2019

Un groupe de volontaires attend un bus. Ils semblent plus nerveux que les voyageurs qui sont sur le point d'arriver.

Sept personnes se trouvent à Bilbao pour la première fois. Ce n'est qu'un petit pas pour descendre du bus mais un grand saut vers la solidarité. Ce sont Majid, Khatoun et leurs cinq enfants qui se cachent nerveusement entre les jambes de leurs parents.

« Nous nous sommes donné l’accolade les uns aux autres et nous avons vu que c'était une famille adorable », raconte Vicente Villate, qui a ensuite joué un rôle clé dans leur vie.

Majid (au centre avec un tee-shirt bleu) et sa famille avec des bénévoles de Cáritas Bilbao dont Vicente Villate (en haut à gauche en chemise grise et écharpe jaune).

Vicente avait déjà passé sa carrière à lutter pour les sans-abri, les toxicomanes, les victimes de la violence de l'ETA, les victimes de la torture, les enfants non accompagnés, les migrants, les chômeurs et les personnes exclues de la société.

« Nous avons expliqué aux habitants du voisinage que le projet du HCR dure deux ans. Caritas dispose d'une maison qu'une femme leur avait léguée par voie de testament et les habitants ont commencé à apporter des lits, des couvertures et divers ustensiles », raconte-t-il.

« Nous avons également demandé qui pouvait les aider à leur arrivée et, en même temps, nous avons dit aux voisins qu'une famille syrienne allait arriver dans le quartier. Ainsi, les locaux étaient déjà au courant avant leur arrivée », a-t-il ajouté.

Voici la famille Arar : Majid, 40 ans, père des enfants et boucher. Khatoun, 40 ans, mère des enfants et future coiffeuse. Janoub, 12 ans, futur astronaute, Raji, 10 ans, future star autoproclamée du Real Madrid, Ammar, 5 ans, Layeq, 4 ans, et Hannen, 2 ans et demi, pour qui la vie est un jeu.

C'est une famille heureuse et les Basques parlent d’un réel échange entre eux et la famille.

« Ces réfugiés nous apprennent le bonheur avec le strict nécessaire et nous enseignent la vraie valeur de la joie », dit Marian.

« Ils nous aident à mettre les choses en perspective », a déclaré Ana.

« Ils se serrent les coudes, c'est un tel contraste avec l'individualisme », a expliqué Carmen.

« Cette expérience est une thérapie contre le racisme », a indiqué Joxin.

« Ils ont davantage d'espoir que nous, car ils ont enduré le pire. »

« La loi espagnole rend difficile l'obtention de papiers pour les Syriens. Le programme de parrainage communautaire est formidable, mais que se passe-t-il quand il s’arrête ? Nous faisons tout notre possible afin qu'ils obtiennent un revenu de base. Le parrainage communautaire et les subventions devraient être étendus à davantage de familles », a déclaré Vicente.

« Ils ont davantage d'espoir que nous, car ils ont enduré le pire », ajoute Laura.

Lorsque la famille Arar est arrivée à Bilbao, les volontaires ont agi tous ensemble pour l'accueillir.

Carmen, Joxin et Olatz leur ont appris l'espagnol et le basque, Vicente a emmené Khatoun et le bébé à leurs visites à l'hôpital et Naia les a aidés à tenir les comptes du ménage. D'autres volontaires ont fait des courses. Des librairies ont donné des manuels scolaires, un magasin de vêtements a donné des chaussettes et des sous-vêtements, des pharmacies ont fourni des produits et plusieurs autres ont donné de l'argent.

Une école chrétienne en langue basque a admis gratuitement les enfants, le gouvernement régional leur a promis une allocation de subsistance et l'équipe de volontaires a inscrit Majid à un cours de cuisine.

Et puis la pandémie est arrivée.

Majid était boucher et avait également travaillé dans des abattoirs en Syrie et en Jordanie. Vicente et Joseba étaient amis et un jour, ils se sont croisés dans le quartier. Pour Vicente, il y a eu un déclic :

Boucherie - quartier - Joseba - Majid.

Majid et Joseba devant le musée Guggenheim à Bilbao.

C'est l'autre début de cette histoire.


Bilbao, 26 mars 2021

Nous sommes dans la boucherie de Joseba, le genre d'endroit où l'on a l'eau à la bouche. De l'autre côté du comptoir se trouve une arrière-boutique avec des tables de découpe, une cuisinière, un réfrigérateur industriel et un mur avec des photos.

Joseba examine la vitrine et Majid découpe en filets un morceau de viande qui nous est destiné, à nous, journalistes.

« Vous allez le manger, hein. Vous avez devant vous un long voyage de retour à Madrid », dit-il.

« Absolument Joseba, mon ami », ai-je répondu.

Il y a des années, Joseba se promenait dans les collines avec son fusil de chasse lorsqu'il a senti ses jambes faiblir. Petit à petit, au fil des jours, des semaines, des mois et des années, l'amplitude de ses mouvements a diminué et on lui a diagnostiqué une SLA.

Cependant, le 26 mars 2021, son esprit et sa voix étaient clairs alors qu'il poursuivait son histoire.

« Le boucher que j'employais m'a dit qu'il partait. Je ne pouvais plus servir dans la boutique et j'allais devoir fermer. Mais Vicente m'a parlé de Majid et je lui ai accordé une période d’essai. Après l'avoir vu aiguiser le couteau, j'ai su qu'il était bon. Il m'a dit qu'il avait peur de la barrière de la langue. Je lui ai dit : ‘Ne t'inquiète pas. Je vais parler aux gens. Toi, tu découpes et tu sers la viande.’ Le lendemain, il était là à neuf heures pile. »

Après l'avoir vu travailler et avoir appris à le connaître, Joseba a transformé le contrat de trois mois de Majid en contrat permanent. Majid ouvrait et fermait la boucherie, préparait les commandes, servait les clients et affinait sa relation fraternelle avec Joseba.

« Joseba, que représente Majid pour toi ? », lui ai-je demandé.

Il m'a répondu : « Il nous aide pour tout. Il fait tourner l'entreprise et il est à mes côtés. La boucherie est une évasion, une relaxation, une thérapie pour moi. S'il n'était pas là, je n'aurais rien de tout cela. C'est le meilleur ouvrier que j'ai eu en 40 ans. J'ai tout de suite perçu ses compétences. J'ai vu que c'était un type formidable. Un jour, il a vu un portefeuille rempli de billets de banque qui traînait dans la rue et il est allé le rendre au poste de police. Deux jours plus tard, la police l'a appelé car le propriétaire du portefeuille voulait lui donner de l'argent en retour, ce que Majid a refusé. »

« Et au niveau personnel ? » J'ai demandé.

« Et bien... C'est mon ami. Je dépends de lui à 100 pour cent et il est attentif à tout. Il me nourrit si on mange tous les deux au magasin, il me met mon masque, il m'aide avec mon téléphone portable. Tous les jours, il sort pour m’accueillir et me dire au revoir, il prend soin de ma santé. Il m'aide pour tout. C'est mon aide-soignant... »

« C'est mon frère. »

Et puis sa voix s'arrête et s'affaiblit.

Et le vieux Joseba a prouvé qu'il avait le coeur tendre.

« C'était quoi cette histoire d’accolade ? », je demande.

« Ah, oui... Un jour, Majid m'a demandé ce qui m'était arrivé. Je lui ai dit, il s'est penché pour me serrer dans ses bras et il m'a embrassé deux fois. Et on était là tous les deux, à pleurer... »

« Majid nous entend et continue à découper la viande, la flambant un instant avec une pincée de sel et apportant à Joseba une fourchette, ainsi qu'une gorgée de vin txakoli. »

Majid aide Joseba à prendre son repas dans l'arrière-boutique à la boucherie.

Majid Arar courait 10 kilomètres par jour et gérait une boucherie en Syrie quand il a rencontré Khatoun. Ils se sont mariés et ont eu des enfants, mais l'extrémisme et la guerre ont fait d'eux des réfugiés.

Ils sont arrivés en Jordanie, s'y sont inventés une autre vie et ont eu trois autres enfants. Mais l'extrémisme religieux les a de nouveau mis en danger.

« Majid, que représente Joseba pour toi ? », lui ai-je demandé.

« C'est mon frère. Ici, je ne suis jamais seul. Joseba m'aide en tout. Il m'apprend à lire et à écrire. Il m'explique les choses et j'apprends. Et c’est un supporter de l'Athletic Bilbao, comme moi. »

« Qu'est-ce que tu apprécies ici ? », je demande.

« Nous sommes chrétiens. Nous allons à l'église le samedi et le dimanche. Nous aimons les gens de Bilbao. Nous voulons rester pour toujours. Les enfants font des appels vidéo à leur famille en Syrie et parlent en basque, ha ha ... Pour eux, tout tourne autour de Bilbao. S'ils veulent savoir où se trouve la Syrie, ils demandent si c'est près ou loin de Bilbao. »

« Ils ne doivent pas avoir peur. »

Avec Majid, tout semble facile.

Bien qu'il ne parle pas du passé, l'horreur transparaît.

« Je dis à mes enfants qu'en Espagne, la police traite mieux les gens. Et que s'ils voient des hommes avec de grandes barbes noires, ils ne doivent pas avoir peur. Là-bas, certaines personnes portaient la barbe et des mitrailleuses et c'était effrayant », raconte Majid.

Nous sortons pour prendre des photos près du musée Guggenheim. Nous parlons de football, de politique et, innocemment, de la pandémie.

Majid, un réfugié syrien réinstallé à Bilbao, se promène près de la station de funiculaire avec son ami et patron Joseba.

Elisa, la femme de Joseba, est déjà arrivée à la boucherie avec le véhicule spécialement équipé. Nous retournons dans le quartier avec Majid qui pousse le fauteuil roulant. Adroitement, Joseba le positionne sur la rampe de la camionnette. Elisa est chargée de l'opération. Avant de fermer la porte arrière, Majid s'approche de Joseba qui lui chuchote quelque chose. Ils rient tous les deux.

Joseba et Majid sont un refuge l'un pour l'autre.

Douze jours plus tard, Joseba sera mort, et Majid ne cessa de répéter : « mon frère, mon frère ».


Bilbao, 8 avril 2021

La morgue concrétise le deuil. Quelques jours plus tard, lors des funérailles du 12 avril, Vicente fera pleurer tout le monde : « Joseba n'aurait pas pu imaginer ce que ce travail signifiait pour Majid. Il ne leur a pas seulement ouvert la voie à eux mais aussi, pour de nombreuses autres personnes qui accueillent les migrants. Même Joseba ne pouvait pas saisir l’entière signification de son geste. Je remercie Dieu de nous avoir présenté Joseba. Joseba, merci pour l'opportunité que tu nous as donnée. »

Maintenant, à la morgue, Vicente et les volontaires sont réunis avec la famille de Joseba.

Elisa n'est pas venue car elle a été testée positive au Covid-19, mais Aratz est là, un fils sympathique et courageux. Pour Khatoun et Majid, les dernières 24 heures ont été marquées par le chagrin.

« Le corps de Joseba n'est plus là, mais il nous regarde depuis là-haut, dans le ciel », a déclaré Majid, ajoutant : « Mon frère, mon frère. »


Bilbao, 21 avril 2021

Majid continue d'ouvrir la boucherie, découpant la viande et discutant dans son espagnol et son basque sommaires avec les voisins endeuillés.

Vicente va le voir le matin et, l'autre jour, il lui a apporté une tasse de café. Quand ils ont réalisé au bar que c'était pour Majid, ils ne l'ont pas fait payer.

« Et maintenant, que va-t-il se passer pour Majid ? », me suis-je demandé.

Vicente répond : « Cela dépendra de la famille de Joseba, mais je me souviens d'une chose que Joseba m'a dite. ‘Vicente : mon seul souhait pour l'entreprise est qu'elle soit suffisamment florissante afin que la famille d'Arar ait une vie décente’. »

Joseba repose en paix.