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Le Malawi a besoin d'une aide urgente pour reconstruire les vies brisées par la tempête tropicale Ana

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Le Malawi a besoin d'une aide urgente pour reconstruire les vies brisées par la tempête tropicale Ana

Plus de 190 000 personnes qui ont perdu ou fui leur maison suite à la tempête de janvier restent déplacées à l'intérieur du pays, vivant sur des sites souvent dépourvus de produits de première nécessité.
13 Avril 2022
Edesi Waiti, 70 ans, fait cuire du manioc devant l'école primaire de Marka, dans le district de Nsanje au Malawi, où elle a trouvé refuge avec ses petits-enfants après la destruction de sa maison par la tempête tropicale Ana.

Le 25 janvier 2022 était une journée normale pour Edesi Waiti, 70 ans, et ses quatre petits-enfants. Rafayelo, 16 ans, l'aîné, venait d’acheter un paquet de haricots avec de l'argent gagné en vendant des mangues. Waiti se lançait dans la préparation du dîner pour toute la famille. Ils étaient loin de soupçonner qu’une puissante tempête se dirigeait vers eux.

En plus d'avoir une mauvaise vue et des difficultés à marcher, Waiti est malentendante et ne prête guère attention au son du poste radio qui résonne au fond de leur maison dans le village de Madani, dans le district de Nsanje, au sud du Malawi.

Trois jours plus tôt, le département du changement climatique et des services météorologiques du Malawi avait commencé à diffuser des alertes météorologiques quotidiennes sur les ondes de la radio nationale à propos de l'approche rapide de la tempête tropicale Ana. Waiti et sa famille ignoraient que la tempête avait touché terre et que leur village, situé sur les rives boueuses de la rivière Shire, se trouvait exactement sur sa trajectoire.

« Après le dîner, nous nous sommes couchés comme d'habitude », se souvient Waiti.

Lorsque la tempête a éclaté, les pluies diluviennes et les vents violents ont envoyé des torrents d'eau entre les huttes au toit de chaume du village avant que, soudainement, la rivière ne sorte de son lit. Les voisins de Waiti ont couru pour l'avertir.

« Nous n'avons même pas pu prendre une seule de nos affaires avant que la maison ne soit emportée par les eaux. »

« Je ne sais pas qui a enfoncé la porte, poursuit-elle, mais on nous a réveillés et on nous a dit de sortir. Nous n'avons même pas pu prendre une seule de nos affaires avant que la maison ne soit emportée par les eaux. »

En l'espace de quelques minutes, Edesi Waiti et ses petits-enfants ont tout perdu. La septuagénaire a été transportée sur un terrain plus élevé tandis que ses petits-enfants se sont mis à l'abri. La famille et les autres villageois ont ensuite entamé une marche de 5 kilomètres jusqu'à l'école primaire de Marka, où ils ont trouvé refuge.

« J'ai perdu les quelques biens que j'avais rassemblés au fil des ans, y compris mes poulets et mes chèvres », explique Waiti.

La tempête tropicale Ana a dévasté des pans entiers de Madagascar, du Mozambique et du Malawi entre le 20 et le 25 janvier, provoquant des déplacements à grande échelle, des inondations et des dommages sur des infrastructures publiques et privées. Au Malawi, au moins 46 personnes ont été tuées, 18 sont toujours portées disparues et plus de 200 ont été blessées.

Alors que les pluies saisonnières sont un phénomène annuel, le changement climatique augmente la fréquence et l'intensité des cyclones et des tempêtes tropicales dans la région, ce qui bouleverse la vie des personnes les plus vulnérables aux effets des conditions météorologiques extrêmes.

Au Malawi, plus de 190 000 personnes ont perdu ou fui leur foyer, tandis que près d'un million de personnes ont été affectées par la destruction des biens et des cultures causée par la tempête. Plus de trois mois après la tempête, les personnes déplacées vivent toujours dans 141 camps d’urgence au Malawi, dont 21 dans le district de Nsanje, l'une des zones les plus touchées.

Nsanje accueille également des familles qui ont fui le Mozambique voisin et qui ont traversé la frontière sud du Malawi suite à la tempête.

Chakuamba Muliri, 65 ans, sa femme Christina, 58 ans, ainsi que leurs neuf enfants ont fui leur village de la province centrale de Zambezia au Mozambique après la destruction de leur maison et la perte de leurs moyens de subsistance suite au passage de la tempête tropicale Ana.

« Nos récoltes ont été détruites et tout notre bétail emporté par les eaux », explique Chakuamba. Muliri.  Le Malawi étant l'endroit le plus proche pour se mettre en sécurité, la famille a traversé la frontière à la recherche d'un abri et d'aide.

Depuis fin janvier, ils ont trouvé un abri temporaire dans le district de Nsanje, avec plus de 9 000 Mozambicains et 14 000 Malawites déplacés.

« Nous sommes arrivés ici sans rien et nous comptons sur les articles de secours donnés par des bienfaiteurs », explique Muliri, dont la famille est hébergée au camp Bangula Admarc, le principal centre d'évacuation du district.

Les familles de Waiti et de Chakuamba ont désespérément besoin d'aide. Les centres d'évacuation où elles vivent manquent de produits de première nécessité tels qu'un abri décent, de l'eau potable et des installations sanitaires adéquates.

« C'est insupportable », admet Waiti. « Nous vivons sous ces arbres en bravant d'interminables pluies diluviennes tout en attendant que les élèves de l'école primaire de Marka partent afin que nous puissions occuper les salles de classe pendant la nuit. »

Si les gouvernements du Malawi et du Mozambique, ainsi que d'autres acteurs publics et privés, ont apporté un soutien, il reste encore beaucoup à faire.

Sur un appel de fonds total de 29,4 millions de dollars lancé par les agences des Nations Unies, les ONG internationales et nationales, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a besoin d'environ 1 million de dollars pour fournir les services indispensables aux personnes déplacées au Malawi.

Une proposition de financement distincte a également été soumise à la Banque africaine de développement (BAD) par le biais du département des affaires de gestion des catastrophes du Malawi, afin de fournir des services d'urgence et de reconstruction aux personnes déplacées à l'intérieur du pays et aux ressortissants mozambicains déplacés.

« Nous avons pour objectif d'aider 10 000 personnes en leur fournissant des articles de première nécessité, notamment des seaux, des couvertures, des matelas, des kits de dignité, ainsi que des abris », explique Henok Ochalla, responsable des solutions durables du HCR au Malawi.

« Tout ce que je veux, c'est finir mes jours à la maison. »

Parmi les personnes auxquelles le HCR apporte une aide prioritaire figurent les femmes et les filles en danger. Les personnes ayant d'autres besoins spécifiques - notamment les enfants vulnérables, les personnes handicapées, les femmes enceintes et les personnes âgées - seront identifiées et bénéficieront d'un soutien.

« L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés identifie, effectue un suivi et fournit l'accès à une assistance juridique aux survivants de la violence sexiste, tout en assurant la protection des enfants et la prévention contre l'exploitation et les abus sexuels des personnes qu'elle aide », précise Henok Ochalla.

Le Malawi et le Mozambique étant en pleine saison des pluies, il est peu probable que les personnes déplacées par la tempête tropicale Ana puissent rentrer chez elles rapidement.

Muliri et sa famille n'ont aucune idée de la date à laquelle ils pourront retourner dans leur village ni de la manière dont ils trouveront les moyens de reconstruire leur vie.

Pour Waiti, la première pensée qui l'habite chaque matin au réveil est celle de sa maison qui a été détruite et de l'avenir incertain qui l'attend.

« Tout ce que je veux, c'est finir mes jours à la maison », déclare-t-elle en attendant patiemment de recevoir de l'aide. « Je prie pour avoir la force et survivre à cette situation assez longtemps. »