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Une veuve ukrainienne arrachée par la guerre à sa maison de toujours

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Une veuve ukrainienne arrachée par la guerre à sa maison de toujours

Après avoir vu la maison qu'elle avait construite avec son défunt mari devenir un abri anti-bombes, Svetlana, âgée de 83 ans, a dû abandonner son jardin bien-aimé pour tenter de trouver la sécurité en tant que réfugiée.
14 Juillet 2022

Quand Svetlana ferme les yeux, elle revoit l'image des fleurs qui étaient sur le point d'éclore dans le jardin de sa maison à Mykolaiv, en Ukraine, alors qu'elle se préparait à fuir vers un avenir incertain.


« J'aime vraiment les plantes et les fleurs », confie-t-elle, les yeux pointés vers le ciel. « J'ai beaucoup de tulipes. J'ai aussi beaucoup de lys, de la taille d'un humain. »

« Voilà ce qu’était ma vie jusqu'à ce que la guerre commence. »

La vie de Svetlana, 83 ans, a basculé avec le lancement de l'invasion de l'Ukraine. Sa demeure qu’elle considérait comme son havre de paix s’est transformée en abri contre les bombes.

« J'ai toujours vécu à Mykolaiv avec mon mari. Nous avons construit notre maison », raconte-t-elle. « Un long mariage, une longue vie. Soixante-deux ans, c'est le temps que mon mari et moi avons vécu ensemble. Il est décédé le 20 décembre 2020. »

« Ma maison est très agréable - grande, belle », poursuit-elle. « Toutes ces années ont toujours été très paisibles, et puis la guerre a éclaté. Je me suis retrouvée seule dans la maison. C'était horrible. Il était possible de se cacher au sous-sol mais, à cause de mon problème de genou, je ne pouvais que descendre mais pas remonter. »

Svetlana étant largement dépendante de son fauteuil roulant pour se déplacer, son fils André, inquiet, s'est rendu en Ukraine depuis son domicile en Allemagne. Il est resté avec elle à Mykolaiv jusqu'à ce que les conditions soient réunies pour qu'ils puissent fuir la ville assiégée.

Même alors, Svetlana hésitait encore à abandonner sa maison et son jardin bien-aimé.

« Mes pivoines venaient juste de fleurir », explique-t-elle. « Mais au moment de partir, mon fils m'a dit : ‘Maman, pense à l'hiver, tu seras seule, comment feras-tu ? Quand il y aura du gel et de la neige, qui va venir te rendre visite dans ce quartier ?'. »

Pour atteindre Berlin, leur destination finale, ils ont d'abord dû parcourir les 150 kilomètres qui séparent Mykolaiv d'Odesa, et ensuite franchir le poste frontière de Palanca, vers la Moldavie. Là, ils ont été accueillis par le HCR et ses partenaires. Svetlana a été surprise et rassurée par la qualité de l'accueil et de l'hospitalité.

« Vous savez, je ne m'attendais pas à une telle organisation. Tout le monde était très content, nous avons été si bien accueillis par ces bénévoles, ils nous ont aidés avec nos bagages, les ont chargés dans un bus, nous ont invités dans une tente pour prendre un goûter et nous laver les mains », raconte-t-elle. « En ces temps difficiles où tant de gens ont besoin d'aide, la qualité des services proposés est vraiment remarquable. »

Depuis le 24 février, date du début de la guerre, les autorités moldaves ont enregistré plus de 515 000 personnes ayant franchi la frontière depuis l'Ukraine. Actuellement, environ 83 000 réfugiés ukrainiens se trouvent en Moldavie, dont Svetlana.

Après avoir été accueillis à la frontière, Svetlana et son fils ont été conduits à Chisinau, la capitale de la Moldavie, où leur a été proposé un logement et une assistance à MoldExpo, un centre d'hébergement géré par les autorités et où sont présents le HCR, ses partenaires ainsi que d'autres agences des Nations Unies. 

Au cours des premiers jours de la crise, MoldExpo a hébergé plus de 1200 réfugiés. Aujourd'hui, le site fournit un hébergement et des repas chauds à environ 350 réfugiés, ainsi qu'un espace sûr et des services de conseil et de protection dans le centre « Point Bleu » adjacent, établi par le HCR et l'UNICEF en collaboration avec les autorités et les partenaires.

Assise dans son fauteuil roulant à l'extérieur de MoldExpo, Svetlana profite du soleil et du chant des oiseaux et songe à ce qu'elle a laissé derrière elle.

« Bien sûr, j'aimerais beaucoup être dans mon pays, mais la situation ne le permet pas, et ma santé non plus », dit-elle. « Le plus important, c'est que personne ne nous tire dessus. Nous pouvons enfin dormir tranquillement. »

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