Au Bas-Congo, les réfugiés travaillent dur pour gagner leur vie
Au Bas-Congo, les réfugiés travaillent dur pour gagner leur vie

NKONDO, RDC, 27 février (UNHCR) - Depuis le retour de la paix en Angola et l'amélioration des conditions de vie, plusieurs opérations de rapatriement ont permis aux réfugiés installés en République démocratique du Congo (RDC) de rentrer chez eux. Cependant, après des années en exil, certains d'entre eux ont tissé des liens très forts avec leur terre d'accueil, tels ces réfugiés établis à Nkondo, dans la province du Bas Congo.
Depuis la fin de l'assistance après le dernier rapatriement vers l'Angola, les réfugiés qui ont choisi de rester dans ce village du sud-ouest de la RDC se sont bien adaptés au rythme de vie des populations congolaises. Avec le soutien des autorités locales, un bon accueil leur a été réservé. « Nous avons mené des campagnes de sensibilisation auprès de la population afin que l'harmonie règne entre les autochtones et nos frères angolais qui ont choisi notre pays comme seconde nation », indique David Mengono, chef du secteur de Kimpese où se trouve le site de Nkondo.
Les réfugiés doivent désormais se prendre en charge pour vivre. Le territoire qui les accueille est très vaste et offre de bonnes conditions pour l'agriculture. Certains espaces ont donc été attribués aux réfugiés. « Nous avons négocié des terres pour permettre aux réfugiés de faire des champs », raconte David Mengono. « L'Etat congolais s'est engagé à garantir aux réfugiés l'exploitation de ces terres, tant qu'ils resteront détenteurs de ce statut », indique, pour sa part, Maître Moupondo, secrétaire permanent de la commission nationale pour les réfugiés.
La qualité du sol de Nkondo permet de cultiver, selon les saisons, le maïs, le manioc ou l'arachide. L'agriculture est, de fait, la principale activité des habitants du lieu. Plusieurs réfugiés se sont, eux aussi, lancés dans les activités agricoles pour subvenir à leurs besoins. « Très tôt le matin, nous devons sortir pour nous occuper de nos jardins », racontent Lumfuankenda Antoine et Masebo Edouard, deux jeunes réfugiés angolais.
Antoine Lumfuankenda vit seul, depuis le retour de sa famille en Angola. La tristesse le gagne lorsqu'il évoque ses origines. « J'étais encore dans le ventre de ma mère, quand mes parents ont été obligés de fuir leur village. Deux mois après, en 1976, je suis né dans le village congolais de Mbemba », raconte-t-il, visiblement ému.
« Cette terre m'a accepté quand j'étais encore dans le ventre de ma mère, aujourd'hui j'ai choisi d'y rester. » Toutefois, la vie n'est pas toujours pas facile dans ce pays d'asile. Bien que titulaire d'un diplômé d'Etat en biologie chimie, Antoine n'a pu poursuivre ses études faute de moyens et doit jardiner pour assurer sa subsistance. Ce domaine lui réussit, comme se plaît à le souligner l'un des ses voisins. La saison dernière, il a fait de belles récoltes d'oignons et de tomates dans son grand jardin.
Son ami, Edouard Masebo, travaille, lui, comme journalier pour nourrir ses cinq enfants. Il aurait également aimé compléter la formation qu'il avait suivie en agronomie. « Si j'avais encore étudié, je serais devenu ingénieur », affirme-t-il.
Ces difficultés ne découragent pas les deux réfugiés, qui soulignent par ailleurs l'harmonie règnant entre les populations locale et réfugiée. « Nous n'avons enregistré aucun problème particulier entre les autochtones et leurs frères angolais », confirme Maître Moupondo. « Ils sont libres de se consulter et vivent dans les mêmes conditions », raconte à son tour le chef du secteur de Kimpese.
Le programme de réhabilitation et de reboisement mis en place après le rapatriement des réfugiés a également contribué à rapprocher les deux communautés. Elles ont oeuvré ensemble pour réparer les dommages naturels causés par l'arrivée massive de réfugiés. La pépinière établie dans ce but à Nkondo a ainsi permis de préparer dix-sept mille jeunes pousses qui ont ensuite été repiquées par les réfugiés et les habitants du lieu. Un comité mixte composé de villageois congolais et de réfugiés angolais a également été mis en place pour protéger l'environnement, veiller sur la pépinière, sensibiliser la population et garantir le succès du projet.
Malgré cette bonne entente, les réfugiés restent conscients de leur différence. « Nous savons que nous sommes dans un pays étranger. Bien que nos frères congolais nous aient accueillis chaleureusement, nous essayons de prévenir, à notre manière, les conflits qui peuvent naître de certains malentendus et nous essayons de régler nos différends à l'amiable », raconte Ndona Marie.
Cette femme âgée de 55 ans a choisi de rester à Nkondo avec ses six enfants. Elle jardine quelque mètres carrés de terre pour nourrir sa famille. Sa décision de ne pas repartir tient surtout à l'éducation de ses enfants et à la santé fragile de l'un d'eux.
En effet, son fils de 17 ans, Simon Bayetisa, a reçu deux balles dans le ventre alors qu'il fuyait son pays d'origine. Depuis, il fait l'objet d'une surveillance médicale par l'équipe de santé de la zone de Kimpese, ce qui a sans nul doute contribué à lui donner la vocation médicale. Malgré son retard scolaire - il devrait terminer ses études primaires l'an prochain - Simon affiche ses ambitions : « Je veux étudier pour soigner les gens ; je veux être le docteur des enfants et des mamans. »
Les Angolais constituent l'une des plus nombreuses communautés de réfugiés de RDC. Plusieurs opérations de rapatriement ont eu lieu, permettant à près de 10 000 Angolais de rentrer chez eux cette année, ce qui a entraîné la fermeture de plusieurs sites au Bas Congo et au Katanga. Des milliers de réfugiés ont cependant fait le choix d'une intégration locale. Cette décision est généralement bien accueillie par la population autochtone, les autorités congolaises garantissant la protection des deux communautés et le respect par tous des lois en vigueur.
Par Simon Lubuku à Nkondo