Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Au Burundi, la réhabilitation des marais aidera les rapatriés et les communautés locales

Articles et reportages

Au Burundi, la réhabilitation des marais aidera les rapatriés et les communautés locales

En soutenant la réhabilitation de marais dans les provinces où sont rentrés bon nombre de rapatriés depuis la Tanzanie, l'UNHCR espère aider les populations à se nourrir, en augmentant la surface cultivable et en rendant possible la diversification des cultures. Les bénéficiaires pourront vendre le surplus de production au marché.
20 janvier 2006
Au nord-est du Burundi, une partie de la population de Nyabizi, parmi laquelle de nombreux rapatriés, creuse le canal qui permettra l'irrigation de tout le marais s'étendant sur 60 hectares.

NYABIKERE, Burundi, 20 janvier (UNHCR) - Plusieurs rapatriés burundais ont entamé le travail de réhabilitation du marais de Nyabizi, dans la province de Karuzi, avec le soutien de l'UNHCR et de l'ONG italienne partenaire CISV (Comunità Impegno Servizio Volontariato). Depuis quatre mois déjà, une quarantaine de travailleurs creusent et transportent la terre, pour construire des canaux d'irrigation qui empêcheront le dessèchement du marais au fil des ans.

« Nous pensons que, grâce à cette technique d'irrigation, nous allons récupérer la totalité de l'espace cultivable du marais », explique Joachin Baragwanye, qui dirige les travaux de construction du canal d'irrigation. Cette terre arable de plus de 60 hectares est divisée en plusieurs parcelles, dont les produits nourrissent depuis des années quelque 240 familles.

« Avec le temps, l'eau a disparu dans une partie du marais ; les exploitants n'ont alors plus été en mesure de travailler et ont commencé à manquer de nourriture. Des problèmes de vol sont apparus », ajoute-t-il.

En soutenant la réhabilitation de marais dans les provinces où sont rentrés de Tanzanie bon nombre de rapatriés, l'UNHCR espère ainsi aider les populations à se nourrir. C'est dans ce cadre que s'inscrit le projet de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés initié par CISV. S'il aboutit, il permettra à la population de faire trois récoltes par an, au lieu d'une seule actuellement.

De plus, cette rénovation rendra possible la diversification des cultures, les bénéficiaires pouvant alterner riz, maïs et pommes de terre. « Nous pensons que nous allons non seulement pouvoir manger à notre faim, mais aussi écouler le surplus récolté sur le marché », se réjouit Marcelline Kamikazi, une des exploitantes. Grâce au produit de ces ventes, les habitants pourront utilement compléter leur ration alimentaire quotidienne, faire des économies ou acquérir des biens qui demeurent inaccessibles à la plupart d'entre eux. De plus, la réhabilitation aidera à améliorer les relations de voisinage dégradées par les vols récemment survenus.

Dans la province de Karuzi, quatre marais sont ainsi en cours de travaux, représentant une surface totale de plus de 100 hectares de terres cultivables à réaménager. Quelque 2 000 ménages vont bénéficier de cette initiative.

Pourtant, lorsque le projet a été lancé, des réticences sont apparues au sein de la population, qui hésitait à participer aux travaux de réhabilitation. « Quand nous avons vu des étrangers prendre des mesures tout autour du marais, nous avons pensé que les autorités communales voulaient nous exproprier », raconte Marcelline.

En effet, au Burundi, tous les marais sont la propriété de l'Etat et leur distribution relève de la compétence des autorités communales. Consciente de la nécessité de rassurer les habitants, la commune, sous l'autorité de son administrateur, a rapidement mis en place des comités de sensibilisation pour expliquer que ce serait toute la population habitant les collines aux alentours du marais qui bénéficierait du projet.

Après deux semaines, les habitants ont pris l'initiative de créer leur propre comité de gestion du marais pour veiller à l'arrêt de son exploitation pendant la période de réhabilitation et mettre en place des stratégies qui permettront aux bénéficiaires de tirer le meilleur parti de leur lopin de terre.

Malheureusement, les fonds reçus n'ont pas permis d'accomplir tous les objectifs que s'était fixés l'UNHCR au début 2005. Ils ont du être revus à la baisse de 10 à 20 %, y compris la construction d'écoles, de centres de santé et de maisons. Quant à la réhabilitation du marais de Nyabizi, elle a avancé au ralenti pendant plusieurs semaines. Comme le souligne Fabio Ceccaci, responsable des travaux pour CISV : « tous ces projets ne sont possibles que si les bailleurs continuent à les appuyer ... »

Or, sur les 62 millions de dollars estimés par l'UNHCR pour financer ses opérations de rapatriement volontaire et de réintégration des réfugiés au Burundi en 2005, seuls 40.6 millions ont été reçus, soit un manque d'environ 35 %. Inquiet de ne pouvoir poursuivre ses activités, l'UNHCR a lancé un appel qui a permis de récolter des fonds supplémentaires. Les travaux de réhabilitation du marais de Nyabizi ont ainsi pu reprendre normalement et devraient être terminés à la fin du mois de janvier 2006.

Depuis trois ans, l'UNHCR tente de faciliter la réinsertion des rapatriés en soutenant des projets qui profitent à l'ensemble de la communauté. Pour y parvenir, l'agence coopère avec plusieurs partenaires spécialisés et avec l'appui financier des bailleurs de fonds.

La construction d'un barrage en amont permet la régulation des eaux destinées à l'irrigation du marais.

Depuis janvier 2005, plus de 68 000 réfugiés burundais sont rentrés d'exil. Ils étaient pour la plupart installés dans des camps en Tanzanie qui abritent encore plus de 400 000 réfugiés burundais.

Par Didier Bukuru à Nyabikere