Au Burundi, les élèves rapatriés s'adaptent sans problème à leur nouvelle école
Au Burundi, les élèves rapatriés s'adaptent sans problème à leur nouvelle école

RUYIGI, BURUNDI, 18 janvier (UNHCR) - Même si la plupart d'entre eux n'ont souvent connu que les classes des camps de réfugiés de la Tanzanie, les enfants rapatriés ne sont pas dépaysés en découvrant les écoles de leur pays natal, le Burundi.
Innocent Niragira, un jeune garçon âgé de 15 ans, vient de faire sa première rentrée scolaire au Burundi, son pays d'origine. Après 12 ans d'exil en Tanzanie, il est rentré juste à temps pour s'inscrire à l'école primaire de Gasanda. Ce village est situé à moins d'un kilomètre du chef-lieu de Ruyigi, une province de l'ouest du Burundi qui a accueilli, en 2005, plus de 20 % des rapatriés de retour de Tanzanie, soit près de 14 000 personnes.
Innocent est maintenant en sixième année, poursuivant ainsi le cursus entamé à l'école du camp de réfugiés, où il vivait seul avec son grand frère, ses parents ayant été tués lors des affrontements interethniques qui ont déchiré le Burundi en 1993 et entraîné la fuite de centaines de milliers de personnes.
« Pour m'inscrire dans ma nouvelle école, je n'ai eu qu'à présenter le bulletin de ma dernière année, que j'avais réussie en Tanzanie, et une attestation que mon ancienne école m'avait donnée », raconte Innocent. La décision prise en 2000 d'harmoniser les cours des niveaux primaires et secondaires dispensés dans les camps de réfugiés burundais en Tanzanie et dans les classes burundaises a en effet grandement facilité la réintégration des élèves rapatriés dans le système scolaire de leur pays d'origine.
A la fin de l'année scolaire, les élèves des deux côtés de la frontière sont de fait soumis aux mêmes épreuves finales. C'est ainsi qu'en 2004, près d'un millier d'écoliers, sur les 1 920 candidats des camps de réfugiés en Tanzanie, a réussi le concours national.
De retour chez lui, Innocent étudie gratuitement, comme au camp. En septembre dernier, le gouvernement du Burundi a en effet décidé que l'éducation primaire serait désormais gratuite, entraînant une telle affluence que certains enfants n'ont pu s'inscrire à l'école, non par faute de moyens financiers, mais par manque de salles de classes ou de bancs sur lesquels s'asseoir.
Afin que cette éducation gratuite puisse profiter au plus grand nombre possible d'enfants, l'UNHCR a décidé de mettre à la disposition des autorités locales six écoles construites avec l'aide d'organisations partenaires. L'école que fréquente Innocent a été baptisée Sadako, en l'honneur de l'ancien Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Sadako Ogata, qui a posé en 2000 la première pierre d'une école dont l'UNHCR avait entrepris l'édification.
Innocent se plaît vraiment dans sa nouvelle école et suit sans difficulté les cours qui sont dispensés. « L'ambiance est tellement conviviale que je n'ai pas envie de me séparer de mes camarades de classe », déclare le jeune garçon. L'entraide entre les élèves est de mise, comme l'explique Innocent : « Quand j'ai des problèmes pour comprendre quelque chose en français, mes camarades de classe m'aident et, moi, je les aide en mathématiques. ».
L'école primaire que fréquente Innocent accueille ainsi plus de 680 écoliers dont une trentaine de rapatriés. Parmi eux, sept se préparent à passer les épreuves du concours national de fin d'année. Les écoliers ont formé des groupes d'études et reviennent chaque après-midi préparer ensemble l'examen national, dont la réussite est indispensable pour accéder à l'enseignement secondaire.
Cette organisation permet aussi aux écoliers rapatriés de s'intégrer rapidement dans leur nouvel environnement socio-éducatif. « Nous observons que les écoliers rapatriés réussissent aussi bien que leurs camarades qui n'ont pas quitté le pays. Ils ont de bons résultats et n'ont pas de problèmes particuliers par rapport au programme suivi, même en français », précise l'enseignant d'Innocent, Venant Bikinamuci.
Dans les écoles secondaires, les élèves ont également constitué des groupes d'études pour renforcer leurs connaissances. Henriette Nyandwi, 16 ans, est rentrée seule en août 2005 pour ne pas manquer la rentrée scolaire. Les autres membres de sa famille vivent toujours dans un camp, en Tanzanie. Elle est aujourd'hui en huitième année au lycée Notre Dame de la Joie à Ruyigi et voudrait devenir médecin. Elle se rappelle que, durant les dix ans qu'elle a passés hors de son pays, jamais un mois ne s'est écoulé sans qu'elle ne souffre du paludisme.
« J'ai été tellement affaiblie par cette maladie que j'ai décidé de devenir médecin pour aider à lutter contre ce fléau », dit Henriette d'une petite voix. Pour y parvenir, elle ne ménage aucun effort et participe sans relâche aux cours de rattrapage organisés l'après-midi par les élèves eux-mêmes.
Grâce au soutien des bailleurs de fonds, l'UNHCR et ses partenaires appuient les efforts du gouvernement en matière d'éducation, en construisant notamment des écoles dans les principales zones de retour du Burundi. Dans la seule province de Ruyigi, plus de 3 500 élèves sont rentrés en 2005 depuis le début de l'année. La construction de 44 écoles est en cours d'achèvement.
Au total, depuis 2002, plus de 290 000 réfugiés burundais sont rentrés au Burundi, principalement dans les provinces frontalières de la Tanzanie. Actuellement, plus de 400 000 réfugiés burundais vivent encore en Tanzanie. Plus de la moitié d'entre eux ont fui le pays après la crise de 1993.
Par Didier Bukuru, UNHCR Burundi