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Depuis la Côte d'Ivoire, les réfugiés libériens décident de rentrer dans leur patrie pour l'élection présidentielle

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Depuis la Côte d'Ivoire, les réfugiés libériens décident de rentrer dans leur patrie pour l'élection présidentielle

De nombreux réfugiés libériens prennent place dans les convois de rapatriement de l'UNHCR depuis la Côte d'Ivoire, pour rentrer chez eux parfois après quelque 10 ans d'exil et voter aux élections présidentielles le 11 octobre prochain.
25 août 2005
Christina Maye, 28 ans, et ses deux enfants ont pris place avec d'autres réfugiés libériens dans le bus de retour depuis la Côte d'Ivoire vers Toe Town, au Libéria.

TOULEPLEU, 25 août 2005 (UNHCR) - « Je rentre dans mon pays soutenir mon candidat pour l'élection présidentielle et je suis même sûre qu'il gagnera », dit Christina Maye, jeune réfugiée libérienne de 28 ans. Christina ne tarit pas d'éloges à l'endroit du candidat pour lequel elle va voter. « Il nous a beaucoup aidés. Même au plus fort de la crise, il ne nous a pas abandonnés. Nous lui devons beaucoup et je pense qu'il sera capable de réconcilier tous les enfants du Libéria ».

Christina se souvient, malgré elle, de son arrivée en territoire ivoirien : « Je ne pourrais jamais oublier ce jour. C'était en 1994 quand j'ai fui la guerre. Après plusieurs jours de marche, nous avons été accueillis très tard dans la nuit à Guéyédé par le chef du village ». Elle marque une pause comme si elle refusait de se remémorer ces tristes souvenirs, puis ajoute : « C'est du passé maintenant, car les élections vont avoir lieu bientôt et ramèneront définitivement la paix dans mon pays ».

Elle va embarquer dans un bus en direction de Toe Town, ville libérienne située à quelque 10 km de la frontière ivoiro-libérienne. Le bus va la ramener dans son pays après neuf ans d'exil et s'apprête à quitter Toulepleu, une sous-préfecture du département de Guiglo, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. Lorsqu'on lui demande si elle est enregistrée pour le retour, elle affirme que son mari l'a fait pour elle. Il était parti dans les premiers convois de rapatriement organisé par le bureau de l'UNHCR en Côte d'Ivoire en début d'année.

Tout comme Christina, d'autres réfugiés libériens du convoi ont décidé de rentrer au Libéria pour participer aux élections présidentielles prévues le 11 octobre prochain.

C'est le cas de George Lormie, jeune homme de 34 ans. Il est très confiant en l'avenir et espère que ces élections marqueront le retour définitif à la paix au Libéria. « Nous avons connu 14 ans de guerre civile. Les Nations Unies sont venues nous aider à mettre un terme à cette situation. Je crois vraiment que cette fois est la bonne », déclare-t-il et d'un ton assuré, il ajoute : « Je suis un citoyen libérien et je rentre pour exercer mon droit de vote ».

A la différence de Christina, George veut voir et écouter chaque candidat avant de se prononcer, accusant au passage les hommes politiques ayant conduit le Libéria à la guerre civile.

Pour Johnson Kayee, 62 ans et père de trois enfants, les prochaines élections au Libéria constituent un signe de la normalisation de la situation. « Je ne voudrais pour rien au monde rater cette nouvelle page de l'histoire de mon pays ».

Toutefois, Johnson se dit conscient des difficultés de reconstruire son pays et c'est l'une des raisons pour lesquelles il rentre avec toute sa famille. « Le Libéria est notre pays et nous devons le reconstruire pour les futures générations. Je crois que le Président qui sera élu fera l'unanimité ».

Très déterminé, Johnson pense déjà à se construire une maison dès son retour et continuer à cultiver la terre, ce qu'il a toujours fait même en exil. « J'espère pouvoir bénéficier de l'appui de l'UNHCR », ajoute-t-il.

En attendant, l'émotion du départ gagne les 264 passagers du convoi venus pour la plupart des villages de Zogouiné, de Guéyédé et de Zéhibly dans la sous-préfecture de Toulepleu, au fur et à mesure que les moteurs des bus se mettent en marche.

Le bruit des moteurs se fait plus pressant mais les réfugiés reprennent en choeur un air religieux entonné par George, assis derrière Christina. « C'est un grand jour aujourd'hui », dit le refrain. « Que Dieu nous accompagne vers la terre de nos ancêtres et qu'il veille sur nous ». Ce refrain sera chanté pendant un quart d'heure avant le démarrage des bus.

Visiblement émue par ce retour qu'elle attendait depuis des années, Christina dit : « Je pense à plusieurs choses à la fois, à ma mère qui aurait pu être heureuse ce jour si elle vivait encore et à mes frères ivoiriens que je quitte aujourd'hui. Mais je les inviterai chez nous une fois que nous serons bien installés ». Elle prend enfin place dans le bus de 70 places avec ses deux enfants et sa soeur cadette. Elle reste silencieuse, écrasant une larme du bout de son pagne.

Le convoi se met en route sous la pluie. Plus personne ne parle, les chants se sont arrêtés. Les bus mettront une heure et demie avant d'atteindre Toe Town, au lieu des 45 minutes habituelles, à cause de l'enlisement de l'un des bus dans la boue. Mais l'important est d'arriver sain et sauf, après tant d'années d'exil.

Un réfugié libérien âgé de 62 ans, Johnson Kayee, attend de monter dans le bus qui le ramènera vers Toe Town au Libéria depuis la Côte d'Ivoire.

Depuis le début de l'opération de rapatriement en Côte d'Ivoire, 11 000 réfugiés libériens ont regagné leur pays avec le soutien de l'UNHCR. Ils font partie de quelque 180 000 réfugiés libériens rapatriés, à partir de différents pays de l'Afrique de l'Ouest depuis la fin de la guerre en août 2003. Au Libéria, l'UNHCR, avec de nombreuses autres agences humanitaires et de développement, aide les anciens réfugiés et leurs communautés à redémarrer une vie normale à travers un vaste programme de réintégration, notamment dans les domaines de l'agriculture, de la santé et de l'éducation.

Par Simplice Kpandji à Toulepleu, en Côte d'Ivoire