Des réfugiées iraquiennes réapprennent à rire
Des réfugiées iraquiennes réapprennent à rire

DAMAS, Syrie, 30 juillet (UNHCR) - Abeer sourit pour la première fois depuis longtemps, cachant les cicatrices que la guerre lui a infligées des années durant. Ancienne directrice de la librairie de l'université de Bagdad, elle a été contrainte de fuir vers la Syrie après que sa vie ait été menacée en 2006. Comme de nombreux réfugiés en Syrie, Abeer vit maintenant dans l'insécurité permanente.
Aujourd'hui, Abeer ressent cependant un nouvel espoir.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé un projet pilote dans le but de rendre les femmes plus fortes et avec l'aide de l'organisation internationale « Clowns sans Frontières ». Ce projet vise à améliorer la confiance en soi, les techniques de relaxation et les capacités de communication pour celles qui en ont le plus besoin. En quelques semaines, les résultats sont déjà notables.
« Quand je rentrais du travail, j'étais énervée. Je demandais à ma famille de me laisser simplement en paix », a dit une participante. « Mais ce cours a vraiment eu des conséquences sur moi. Quand je rentre à la maison après l'atelier, mes enfants me disent 'waouh, tu as vraiment changé, tu nous souris, tu joues avec nous'. Même mon plus jeune fils me demande 's'il te plaît, je veux venir à ce cours avec toi' ».
A ce jour, plus de 50 femmes iraquiennes ont participé aux ateliers proposés par trois membres espagnols de « Clowns sans Frontières », et la plupart ont exprimé un optimisme et une confiance renouvelés qui résultent de ces activités comprenant le théâtre, l'humour et la communication.
Quelques participantes disent que les ateliers leur ont permis de rire pour la première fois depuis le début de la guerre. D'autres confessent que leur joie est contagieuse et touche tous les membres de leur famille, dont beaucoup dépendent de la ténacité de leur mère.
« Je dois être forte pour eux tous, y compris mon mari, car il n'a pas de travail ici et il est à la maison toute la journée avec les enfants. Je suis la seule qui peut les faire avancer », a dit Abeer, exprimant un sentiment partagé par toutes les femmes qui doivent faire face à d'immenses pressions domestiques.
L'UNHCR espère que beaucoup de ces femmes pourront servir de lien avec d'autres Iraquiens qui luttent pour survivre au sein de la communauté des réfugiés. Certaines ont déjà été recrutées comme assistantes, pour faire du porte-à-porte dans les quartiers de réfugiés à Damas, à la recherche des plus désespérés. Depuis que le rôle d'assistant a été créé en octobre 2007, plus de 2 500 personnes dans le besoin ont été identifiées, permettant à l'UNHCR d'intervenir directement.
L'UNHCR a enregistré plus de 215 000 réfugiés iraquiens en Syrie. Plus de 19 pour cent d'entre eux souffrent de sévères problèmes de santé et 17 pour cent ont des besoins particuliers de protection juridique et physique. Par ailleurs, un grand nombre d'Iraquiens ne se sont pas enregistrés. Leurs besoins ne peuvent donc pas être évalués. Beaucoup ont recours à la prostitution et au travail des enfants comme moyens de survie.
« Certaines femmes nous ont dit que le cours n'est pas une situation normale pour elles », a expliqué Cristina Aguirre, la responsable de « Clowns sans Frontières ».
« Habituellement elles sont entourées de bruits, de cris et de gens. Mais nous voulons leur donner la possibilité de s'écouter et de se recentrer dans un environnement relaxant. En faisant cela, elles augmentent leur confiance en soi et la transmettent tout autour d'elles. »
En plus de la formation fournie aux femmes vulnérables, « Clowns sans Frontières » a formé trois clowns iraquiens qui présentent des spectacles quotidiens pour des enfants iraquiens dans les centres de l'UNHCR à Damas.
Par Covadonga de La Campa à Damas, Syrie