Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Des réfugiés célèbres et ordinaires unissent leur voix au siège de l'Union Africaine pour redonner espoir à tous les réfugiés africains

Articles et reportages

Des réfugiés célèbres et ordinaires unissent leur voix au siège de l'Union Africaine pour redonner espoir à tous les réfugiés africains

C'est avec un message d'espoir et de paix que Sa Sainteté Abune Paulos, Patriarche de l'Eglise orthodoxe éthiopienne, a voulu marquer la cérémonie de commémoration de la Journée mondiale du réfugié 2005, qui s'est tenue au siège de l'Union Africaine à Addis Abeba. La cérémonie réunissait un grand nombre d'ambassadeurs africains et d'officiels du gouvernement éthiopien, ainsi que des représentants des diverses agences humanitaires officiant en Ethiopie et dans toute l'Afrique.
23 juin 2005
Le choeur des enfants réfugiés urbains a ému l'assistance avec des chants naïfs et sincères célébrant le courage et le désir de rentrer chez soi.

ADDIS ABEBA, Ethiopie, 23 juin 2005 (UNHCR) - C'est avec un message d'espoir et de paix que Sa Sainteté Abune Paulos, Patriarche de l'Eglise orthodoxe éthiopienne, a voulu marquer la cérémonie de commémoration de la Journée mondiale du réfugié 2005, qui s'est tenue au siège de l'Union Africaine à Addis Abeba. La cérémonie réunissait un grand nombre d'ambassadeurs africains et d'officiels du gouvernement éthiopien, ainsi que des représentants des diverses agences humanitaires officiant en Ethiopie et dans toute l'Afrique.

Citant la Bible, Aristote et Winston Churchill, le Patriarche, lui-même ancien réfugié et lauréat de la Distinction Nansen 2000, a axé son discours sur la signification spirituelle du courage, le thème choisi pour cette cinquième édition de la Journée mondiale, et l'éradication ultime du problème des réfugiés.

« Le Courage ? Pour certains c'est l'absence de peur, pour d'autres cela exige de ressentir la peur et d'être capable de la surmonter. Avec lui, Gandhi a mené 400 millions d'êtres vers la liberté. Martin Luther King le voyait comme un moyen d'émancipation de l'esclavage. »

Son discours faisait écho à ceux du Directeur des affaires politiques de l'Union Africaine, l'Ambassadeur Emile Ognimba, et de la Directrice générale pour l'Afrique au Ministère éthiopien des Affaires Etrangères, Mme Konijit Sinegiorgis, qui a rappelé la tradition d'hospitalité de l'Ethiopie, pays ayant accueilli plus d'un million de réfugiés au cours des années 1990. Dans son allocution, le Représentant régional du Bureau Régional de Liaison de l'UNHCR pour l'Afrique, M. Ilunga Ngandu, a rendu hommage aux efforts de l'Union Africaine pour s'attaquer aux causes profondes des déplacements, résoudre et prévenir les conflits et instaurer une paix durable en Afrique.

Après un concert du choeur des enfants réfugiés urbains, organisé par le partenaire de l'UNHCR, Jesuit Refugee Services, et une présentation vidéo sur la crise et le rôle de l'UNHCR au Darfour, l'assistance a pu entendre les témoignages de trois personnalités africaines, qui ont connu la douloureuse expérience de la guerre et de l'exil.

Sa Sainteté le Patriarche Abune Paulos a présidé cette session avec quelques remarques personnelles. Lui-même ancien réfugié, emprisonné pendant sept ans sous le régime dictatorial de Mengistu, puis exilé aux Etats-Unis, le Patriarche a enduré les brimades et la souffrance de l'exil. Elu Patriarche par le Saint Synode de l'Eglise orthodoxe éthiopienne à son retour en Ethiopie en 1992, il a depuis oeuvré comme messager de paix entre l'Ethiopie et l'Erythrée pour tenter de réconcilier les deux frères ennemis, et son Eglise est l'une des plus actives dans la corne de l'Afrique à porter secours aux populations déplacées et aux Ethiopiens victimes de la famine.

Ses paroles d'encouragement et de persévérance ont trouvé leur écho dans le témoignage apporté ensuite par Madame Esther Mujawayo, rescapée du génocide rwandais en 1994.

« La destruction personnelle, qui caractérise les conflits, s'accompagne d'une destruction sociale et familiale qui vous laisse sans soutien et sans espoir », a déclaré Mme Mujawayo devant un auditoire captivé.

« J'ai eu, relativement, de la chance », a estimé cette femme qui a maintenant refait sa vie en Allemagne, « j'ai pu me reconstruire en tant qu'individu, grâce à des circonstances favorables. Mais je pense à tous ceux, à toutes celles, toutes les veuves du Rwanda qui constituent aujourd'hui ma famille, qui luttent encore pour retrouver la paix intérieure. »

Esther Mujawayo est aujourd'hui psychothérapeute auprès de réfugiés et demandeurs d'asile africains à Düsseldorf, en Allemagne, victimes des horreurs de la guerre auxquelles elle tente de redonner un peu d'espoir et de désir de vivre.

« J'aime ce thème du courage car il reflète ce que nous avons traversé. Mais je voudrais aussi mettre en garde les organisations humanitaires contre la tentation de se cacher derrière ce courage pour excuser leurs insuffisances. Ne baissez pas les bras, simplement parce que les réfugiés courageux sont censés pouvoir se prendre en main.... Ils ont toujours besoin que l'on réponde à leurs appels. »

C'est avec émotion que Mme Elisabeth Jeremaya, une réfugiée soudanaise de la tribu Uduk au camp de Bonga en Ethiopie, a ensuite raconté sa fuite du Soudan, en 1987, la perte de deux de ses neuf enfants, l'attaque de leur camp de réfugiés à Tsore et la recherche d'un autre abri, dans un autre camp. Une histoire tristement banale, que partagent des millions de réfugiés en Afrique.

« Je pleurais car mes enfants n'avaient rien à manger (...) J'ai besoin de courage pour survivre, de courage pour être une bonne mère, de courage pour persévérer dans une vie difficile ». Elisabeth Jeremaya, qui visitait pour la première fois la capitale éthiopienne, a ensuite remercié ses hôtes éthiopiens et émis le voeu de retourner le plus tôt possible dans sa terre natale, où elle pourra mettre à profit les talents de tissage qu'elle a appris en exil.

La cérémonie officielle a été suivie d'une réception et d'activités culturelles dans le Congo Hall de l'Union Africaine qui a vu défiler tant de Chefs d'Etat, avec un marché d'artisanat des réfugiés des camps de Bonga et Sherkole, en Ethiopie, et un groupe de musiciens réfugiés, dont la star de l'Afrique des Grands Lacs, Jean-Christophe Matata.

Par Delphine Marie à Addis Abeba, Ethiopie