Le HCR revient à Calais avec France Terre d'Asile
Le HCR revient à Calais avec France Terre d'Asile

CALAIS, France, 3 juin (UNHCR) - Le HCR a établi, conjointement avec France Terre d'Asile, une présence à Calais le 3 juin, dans le but d'informer les migrants en situation irrégulière et de participer à la recherche de solutions pour les personnes relevant de sa compétences : les réfugiés et les demandeurs d'asile.
Des visites sur le terrain se dérouleront le long des côtes de la Manche, pour aller au plus près de ces personnes vivant dans des conditions désespérées et pour les informer sur les possibilités d'asile et d'autres aides disponibles. France Terre d'Asile se chargera de la constitution des dossiers et du suivi des demandes.
« Nous ne venons pas ici pour faire table rase de ce qui existe déjà, en matière d'actions sur le terrain mises en oeuvre par des associations locales. Nous venons ici pour aider les migrants et les demandeurs d'asile à prendre une décision en toute connaissance de cause pour leur avenir », a expliqué Francisco Galindo-Velez, le délégué du HCR en France.
Le HCR établira prochainement un bureau de terrain au centre de Calais. Au fil des années et malgré la destruction du bâtiment de Sangatte (et la fin de l'intervention du HCR) en 2002, des groupes de migrants en situation irrégulière et de personnes relevant de la compétence du HCR ont continué à arriver massivement dans cette région du nord de la France.
Ils y sont conduits par des réseaux de passeurs qui leur font payer des sommes élevées pour un voyage clandestin, long de plusieurs milliers de kilomètres, tout en leur faisant circuler des idées fausses et des contrevérités sur la Grande-Bretagne. Depuis Calais, les migrants veulent traverser la Manche le plus rapidement possible pour rejoindre la Grande-Bretagne à bord de camions embarqués sur des ferries.
Assistés d'interprètes, des représentants des deux organisations se rendront dans les « jungles », des campements de fortune où les conditions de vie sont en-dessous de tous les standards humanitaires, avec une tendance à l'isolement communautaire et à la marginalisation.
Les personnes en situation irrégulière vivant dans ces campements sont d'origine afghane, somalienne, iranienne, érythréenne, iraquienne et même vietnamienne. Elles sont l'illustration concrète des flux migratoires mixtes depuis des pays ravagés par la violence, la guerre, la misère, la famine. « J'ai quitté mon pays il y a plusieurs mois, je ne sais plus vraiment quelle y est la situation », a expliqué Asad*, un jeune Somalien lors de la distribution du déjeuner. A côté de lui, Sharif*, un jeune Afghan, a indiqué qu'il vient d'être rejoint à Calais par ses frères.
Monique Delannoy, de l'organisation calaisienne La Belle Etoile, explique qu'il est crucial d'informer ces personnes « pour qu'elles puissent décider de leur avenir. » Des brochures en anglais, en français et dans les langues d'origine des migrants (en farsi, en dari et en pashtoun) seront distribuées lors des visites sur le terrain.
Actuellement, toutes les associations oeuvrant à Calais s'accordent pour estimer à 800 le nombre de personnes exilées présentes avec, parmi elles, 20 % de mineurs non accompagnés. Les interpellations pour l'année 2008 annoncent l'arrestation de quelque 15 000 Afghans et 10 000 Iraquiens, toutefois la même personne est souvent arrêtée plusieurs fois.
Aujourd'hui, les riverains vivant à proximité des « jungles » interpellent leurs élus. Les relations sont désormais tendues entre les exilés et les habitants, ayant le sentiment d'être pris au piège dans une situation qui les dépasse et dont la solution n'est pas envisageable seulement au niveau local.
Les défis sont de taille pour les organisations humanitaires recherchant des solutions pour éviter aux migrants et aux demandeurs d'asile la clandestinité, le renvoi vers un autre pays européen ou vers le pays d'origine une fois arrivés sur le sol britannique, « l'eldorado » pour les migrants et les demandeurs d'asile.
Par Marie-Ange Lescure à Calais, France
* Noms fictifs