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Afrique : le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés appelle de toute urgence à une mobilisation de l'aide

Communiqués de presse

Afrique : le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés appelle de toute urgence à une mobilisation de l'aide

13 janvier 2000

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Madame Sadako Ogata a lancé jeudi un appel urgent à l'attention de la communauté internationale afin que des mesures concrètes soient mises en place pour faire face à la situation dramatique dans laquelle se trouvent des millions de réfugiés et de personnes déplacées en Afrique.

S'adressant au Conseil de sécurité des Nations Unies, Madame Ogata a souligné que le HCR vient actuellement en aide à quelque 6 millions de réfugiés et de déplacés en Afrique, ce qui représente 40 % des ressources globales de l'organisation. Madame Ogata a notamment fait savoir qu'elle était extrêmement préoccupée par le nombre croissant de déplacés internes qui, contrairement aux réfugiés, n'ont pas franchi de frontières internationales.

« Au cours des dernières années, les situations de crises impliquant des réfugiés ont considérablement changé de nature, en particulier en Afrique, a dit le Haut Commissaire aux quinze membres du Conseil de sécurité. Les réfugiés continuent à fuir la violence et les conflits, presque toujours dans une situation d'extrême pauvreté, en quête de sécurité dans d'autres pays. A cet exode vient s'ajouter le déplacement forcé d'un nombre croissant de personnes à l'intérieur même de leur pays, à la recherche d'une relative sécurité », a poursuivi le Haut Commissaire.

Aujourd'hui, la majorité des personnes déracinées en Afrique sont des déplacés internes. Madame Ogata a expliqué qu'il était souvent difficile et dangereux de leur venir en aide parce qu'elles se trouvaient dans des régions très isolées et à proximité des zones de conflits.

« Au Sud-Soudan, dans la République démocratique du Congo, au Burundi, en Angola, en Sierra Leone, par exemple, des centaines de milliers de personnes, menacées par la violence qui règne dans des régions en guerre, ne peuvent pas recevoir d'aide parce qu'il est impossible de les atteindre », a ajouté le Haut Commissaire, précisant que lorsque l'accès était possible, c'était souvent dans des conditions très dangereuses.

Tout en rappelant que les réfugiés étaient au coeur du mandat du HCR, Madame Ogata a souligné que les déplacés internes sont acculés à prendre la fuite pour des raisons pratiquement identiques et qu'ils devaient aussi recevoir de l'aide et être protégés et qu'il ne fallait en aucun cas les classer dans une catégorie à part.

Les crises de réfugiés ne seront pas résolues tant que l'on n'aura pas mis un terme aux conflits et que l'on ne se sera pas attaqué à leurs causes profondes, a poursuivi Madame Ogata. Dans certaines régions d'Afrique, les combattants sont bien plus intéressés par le contrôle de certaines richesses naturelles telles que les diamants et le pétrole que par le bien être de la population. Cette manne d'or permet aux trafiquants d'armes de vendre leur marchandise et de fournir de manière régulière des armes aux factions en guerre.

« C'est comme si les pages les plus noires de l'histoire coloniale ressurgissaient du passé », a déclaré le Haut Commissaire, en évoquant ces situations dramatiques, dont on ne compte plus le nombre, « où des centaines de milliers de personnes luttent pour leur survie tandis qu'une poignée d'autres profitent des richesses de l'Afrique et que les immenses ressources du continent sont gaspillées au profit de la guerre », a poursuivi Madame Ogata.

Madame Ogata a par ailleurs fait savoir qu'il était regrettable qu'il n'existe pas de mécanismes efficaces permettant de mettre un terme aux conflits en Afrique et que des groupes armés bénéficient souvent du soutien de certains gouvernements des pays voisins. Le Haut Commissaire a rappelé que l'Afrique centrale est déchirée par une série de guerres intimement liées et qu'en outre, lorsqu'on arrive à un semblant de paix, comme au Rwanda et au Libéria par exemple, les efforts pour la renforcer sont timides et se déploient au compte-goutte.

La question du « grave déséquilibre » qui existe entre l'aide fournie à l'Afrique et celle dont bénéficient d'autres régions du monde, a également été soulevée par le Haut Commissaire au cours de son allocution.

L'aide aux réfugiés en Afrique, y compris dans le domaine alimentaire et celui de produits de première nécessité, demeure nettement inférieure à celle octroyée dans d'autres régions du monde », a fait savoir le Haut Commissaire, dénonçant cet état de faits.

Le « Mois de l'Afrique » donne l'opportunité au Conseil de sécurité de se pencher sur sa participation à l'élaboration de solutions à certains de ces problèmes, a déclaré le Haut Commissaire.

« L'action humanitaire ne peut à elle seule résoudre tous ces problèmes qui aboutissent au déplacement forcé des populations » a indiqué Madame Ogata. « Elle ne peut se substituer aux gouvernements et au Conseil de sécurité dans des domaines relevant clairement de leur responsabilité tels que l'élaboration et le maintien de la paix. Le Conseil de sécurité quant à lui a un rôle essentiel à jouer dans la prévention et la résolution des conflits - et donc dans la question des réfugiés en Afrique. »

En guise de conclusion, le Haut Commissaire a évoqué les « plus vulnérables d'entre tous » parmi ceux que le HCR tente d'aider. Il s'agit des femmes et des enfants réfugiés, particulièrement exposés au viol, au SIDA et à d'autres épidémies ainsi qu'à l'enrôlement forcé dans l'armée. Madame Ogata a également demandé à ce que l'on n'oublie pas les personnes âgées qu'elle rencontre souvent lors de ses missions sur le terrain et dont « la peur, le désespoir et l'épuisement sont une source permanente de tristesse et d'anxieté. »

« Ce sont elles, les premières victimes de ces guerres auxquelles nous ne mettons pas un terme », a affirmé le Haut Commissaire.

Le HCR, deux fois lauréat du prix Nobel de la paix, vient actuellement en aide à 21,5 millions de réfugiés et de personnes déplacées de par le monde. Il aura 50 ans cette année. A l'occasion de cet anniversaire, le HCR est en train de mettre en place un Fonds pour l'éducation afin de permettre aux réfugiés, en particulier en Afrique, d'accéder à l'enseignement secondaire au cours de leur exil.