Darfour : Le HCR va intensifier son travail de protection et d'aide au retour
Darfour : Le HCR va intensifier son travail de protection et d'aide au retour
Le 21 octobre 2004
GENEVE - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a annoncé aujourd'hui qu'elle allait intensifier ses activités opérationnelles à l'ouest du Darfour, dans le cadre des efforts conjoints déployés par les Nations Unies pour fournir protection et assistance aux centaines de milliers de déplacés et réfugiés dans cette région du Soudan déchirée par les conflits.
Agissant sur autorisation du Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Ruud Lubbers a fait savoir que le HCR travaillerait en étroite collaboration avec le Haut Commissaire pour les Droits de l'Homme et le bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), en vue d'optimiser la protection internationale dans l'ouest du Darfour et préparer l'éventuel rapatriement volontaire des déplacés et réfugiés.
Il y a environ 500 000 déplacés internes dans l'ouest du Darfour, l'une des trois régions qui constituent le Darfour, ravagé par la guerre, à l'ouest du Soudan. Il y aurait au total 1,5 million de déplacés internes dans les trois régions en question. Nombre de ces déplacés de l'ouest du Darfour rapportent qu'ils fuiront vers le Tchad voisin s'ils ne bénéficient pas de l'aide ni de la protection dont ils ont besoin au Soudan. Près de 200 000 Soudanais - la plupart venant de l'ouest du Darfour - ont déjà dû traverser le l'autre côté de la frontière pour se réfugier au Tchad voisin, où ils sont abrités dans 11 camps supervisés par le HCR et ses partenaires. Leur présence a mis à rude épreuve le Tchad et l'animosité des populations locales envers les réfugiés ne fait que s'amplifier. En outre, il y a actuellement 3 000 réfugiés tchadiens à l'ouest du Darfour. Le HCR cherche actuellement une solution à ce problème qui ne fait qu'envenimer une situation déjà fort difficile.
Ruud Lubbers a souligné que le déplacement de la crise le long de la frontière soudano-tchadienne est extrêmement complexe et requiert une approche coordonnée des deux côtés de la frontière pour tenter de stabiliser la situation.
« Le Tchad est déjà confronté à l'afflux massif de réfugiés du Darfour et s'attend à d'autres arrivées si les actes de violence et la crise humanitaire qui en découle ne sont pas contenus et endigués de l'autre côté de la frontière », a déclaré le Haut Commissaire. « Parmi les centaines de milliers de déplacés internes dans l'ouest du Darfour, plusieurs avaient déjà gagné le Tchad puis en étaient repartis dans l'espoir de rentrer chez eux au Darfour. Comme ils n'ont pas pu retourner dans leurs villages, ils sont actuellement prêts à s'exiler de nouveau de l'autre côté de la frontière pour trouver de l'aide. Nous devons donc oeuvrer à la fois en faveur des réfugiés, des déplacés et de ceux qui rentrent chez eux, souvent originaires des mêmes villages de l'ouest du Darfour et qui nécessitent la même forme d'assistance. C'est pourquoi nous pensons que le HCR, de par la nature même de son mandat, est l'organisme le mieux à même d'assurer la protection et l'aide au retour volontaire de toutes ces personnes déracinées de l'ouest du Darfour. »
Le HCR, qui travaille au Soudan depuis des dizaines d'années, est également présent au Darfour y compris dans la ville d'El Geneina, à l'ouest du Darfour où il a un bureau sur le terrain. Des équipes de protection mobiles du HCR, déjà opérationnelles le long de la frontière, se rendent sur les lieux où se trouvent les déplacés internes, cartographiant et recensant les villages abandonnés ou détruits. M. Lubbers a souligné qu'une présence accrue du HCR permettrait à l'agence humanitaire de renforcer et d'améliorer la protection et la sécurité des personnes déracinées et éventuellement de diminuer les tensions qui poussent les déplacés internes à chercher refuge au Tchad.
Ruud Lubbers a aussi discuté du rôle accru du HCR à l'ouest du Darfour avec M. Jakob Kellenberger, Président du Comité international de la Croix-Rouge. Le Haut Commissaire a indiqué que le HCR coordonnerait les opérations de secours en proche collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge, également présent au Darfour.
A ce jour, le budget du HCR pour l'est du Tchad et le Darfour s'élève à 115 millions de dollars jusqu'à la fin de cette année. L'agence va maintenant réévaluer ses besoins en vue de l'intensification de son rôle au Darfour dans le cadre d'une révision d'un plan opérationnel actuellement en cours d'élaboration.
Bien que le mandat du HCR soit spécifiquement d'aider les réfugiés qui ont traversé des frontières internationales, l'agence fournit aussi son soutien et son expertise dans certaines situations similaires à celles des réfugiés, notamment les déplacés internes, contraints d'abandonner leur foyer ou région d'origine sans pour autant quitter leur pays. Souvent, comme au Darfour, les déplacés sont pris dans les mêmes conflits et doivent faire face aux mêmes problèmes que les réfugiés. Si les conditions de sécurité et les ressources disponibles le permettent, le HCR va fournir une assistance à ces personnes déplacées, sur demande du Secrétaire Général ou de l'autorité appropriée des Nations Unies, en accord avec le gouvernement concerné. Au début de cette année, les déplacés internes représentaient plus d'un quart des 17,1 millions de personnes considérées comme relevant du mandat du HCR, dans le monde.
Le Haut Commissaire Lubbers, qui s'est rendu en mission au Tchad et au Darfour en septembre, a reçu des demandes des représentants du gouvernement soudanais pour une présence active du HCR dans les régions de retour des déplacés. Une telle présence pourrait redonner confiance à ces populations et garantir leur retour volontaire. M.Lubbers a aussi discuté d'une approche en collaboration avec le Haut Commissaire pour les droits de l'homme, Louise Arbour, le Coordinateur des Opérations Humanitaires, Jan Egeland, et le Représentant spécial du Secrétaire Général au Soudan, Jan Pronk. Tous ont souhaité que le HCR élargisse ses responsabilités dans la région de l'ouest du Darfour, pour la protection et le rapatriement volontaire, en collaboration étroite avec le Représentant spécial du Secrétaire Général M. Pronk et le bureau des droits de l'homme.