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Ruud Lubbers demande aux pays de l'Union européenne d'aborder la question des réfugiés dans son ensemble

Communiqués de presse

Ruud Lubbers demande aux pays de l'Union européenne d'aborder la question des réfugiés dans son ensemble

29 janvier 2005

Le 29 janvier 2005

LUXEMBOURG - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers, a demandé aujourd'hui aux pays de l'Union européenne de considérer le problème des réfugiés dans son ensemble, en canalisant leurs efforts afin de renforcer la protection des réfugiés dans leur région d'origine et d'augmenter la capacité d'accueil dans les pays de transit, tout en améliorant la qualité des systèmes d'asile au sein de l'UE.

« Il est évident qu'il convient d'accorder une protection aux réfugiés et de chercher dès que possible des solutions durables à leurs problèmes. En renforçant leur protection dans leur région d'origine, et en s'assurant que les réfugiés peuvent en effet y trouver des solutions, nous pouvons réduire leur besoin d'aller chercher ailleurs », a déclaré M. Lubbers lors d'une réunion informelle des ministres de l'Intérieur de l'Union qui a eu lieu à Luxembourg. Pour ce faire, a-t-il ajouté, il faudrait compter avec plus de ressources et une collaboration plus étroite entre les ministères de l'intérieur, des affaires étrangères et du développement, ainsi qu'avec la Commission européenne.

Tout en soulignant que le nombre des réfugiés dans le monde ne cesse de diminuer - moins de 10 millions aujourd'hui contre presque le double il y a dix ans - M. Lubbers a toutefois déploré les trop nombreuses crises qui persistent dans le monde. « Nous avons calculé qu'il y a dans le monde 38 crises des réfugiés qui perdurent et qui frappent plus de six millions de personnes », a-t-il poursuivi. « Lors de ces situations qui s'enlisent, les réfugiés tombent dans l'oubli ; leur vie n'est pas forcément en danger, mais leurs droits fondamentaux ne sont pas respectés et leurs besoins essentiels demeurent insatisfaits. Ils sont tributaires de l'aide extérieure et n'ont aucune perspective de solution durable pour l'avenir. »

M. Lubbers a cité le cas de l'Afghanistan - le plus important groupe de demandeurs d'asile arrivant en Europe en 2001 - pour illustrer comment un effort concerté dans la région d'origine peut résulter dans une diminution des flux de réfugiés vers l'Europe. « Il existe certainement un lien entre la nette baisse du nombre des demandeurs d'asile afghans en Europe, et les retours massifs en Afghanistan », a-t-il déclaré.

Se tournant vers la question des pays de transit - les pays par lesquels les réfugiés et les migrants économiques transitent en route vers l'Europe - M. Lubbers s'est prononcé sur le fait qu'une amélioration des conditions d'asile dans ces pays contribuerait aussi à diminuer ces flux, « Ceci prendra toutefois longtemps », a-t-il averti. « Dans l'absence des garanties de protection acceptables, je déconseillerais toute initiative hâtive pour déclarer ces pays comme étant 'sûrs'. »

M. Lubbers s'est aussi prononcé sur la question, peu souvent traitée, de l'interdiction en mer, qui a pourtant provoqué un tollé dans certains pays de l'UE au cours de l'été et de l'automne 2004. « Nous devons établir une série de dispositions sur le partage des responsabilités afin d'agir équitablement avec les personnes rescapées en mer », a-t-il affirmé. « Parmi les gens arrêtés, il y aura des demandeurs d'asile et des réfugiés. C'est important d'avoir des dispositions convenables pour déterminer leur statut, et pour trouver des solutions permanentes, y compris la réinstallation. »

Sur la question de la réinstallation - solution qui vise à réinstaller, dans un pays tiers, des réfugiés ne pouvant rester dans leur premier pays d'asile - Ruud Lubbers fait remarquer que « les pays d'immigration » (l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis) ont offert jusqu'à 100 000 places pour des réinstallations de réfugiés chaque année, lorsque l'Europe elle-même a rendue disponibles seulement 4 700 places.

En référence à de précédentes discussions sur le bénéfice à tirer d'un investissement accru pour améliorer la protection dans les régions d'origine, Ruud Lubbers a indiqué que « peu à peu, nous avons besoin de nous acheminer vers une réinstallation accrue et moins de mouvements irréguliers... au fur et à mesure, rendre possible une telle solution pour les réfugiés, lors de leur arrivée en Europe, pourra aider à réduire les situations de crise, lors d'arrivées spontanées. Bien sûr, ce système sera encore plus vraisemblable, quand des solutions économiques seront aussi disponibles pour les migrants ».

Le Haut Commissaire a alors soulevé la question des propres systèmes d'asile de l'Union européenne, reconnaissant que « les dimensions internes et externes sont liées intrinsèquement ».

Lorsque l'Union européenne a commencé son processus d'harmonisation des lois et pratiques d'asile en 1999, le nombre de demandeurs d'asile a diminué brusquement. « Ce développement soulage la pression que les gouvernements ont expérimentée ces dernières années, dont ont résulté des politiques et des pratiques parfois difficiles à concilier avec les standards convenables de protection des réfugiés », a-t-il dit, avant de souligner trois secteurs de développement-clé auxquels le HCR pense que l'Union européenne doit accorder de l'attention.

Au sujet de la qualité et de la cohérence des prises de décision dans le domaine de l'asile, Ruud Lubbers a dit, « il me semble inacceptable que le même demandeur d'asile - Un Tchétchène par exemple - n'ait quasiment aucune chance de trouver protection au sein d'un Etat membre, 50 % de chance dans un autre et presque 100 % dans un troisième ».

Ruud Lubbers a souligné la carence d'un système qui partage la responsabilité dans le cas où un Etat particulier de l'Union européenne est surchargé : « Je crains qu'un standard élevé de protection pourra difficilement maintenir un système qui rejette la responsabilité aux Etats localisés près de la frontière extérieure de l'Union européenne, ceux-là mêmes qui ont une capacité d'asile limitée », a-t-il dit.

Il a aussi appelé à une attention accrue pour l'intégration et a accueilli favorablement les principes d'intégration adoptés durant la récente présidence néerlandaise de l'Union européenne.