Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 64
Le point sur la situation humanitaire en Afghanistan n° 64
Le 9 août 2002
Le rythme des retours contraint le HCR à certaines compressions
Iran : le HCR peut se rendre dans les centres où sont détenus des Afghans
Les retours en provenance du Pakistan diminuent
Une solution est en vue pour les Afghans de Chaman
Le programme de construction d'abris est en cours
Le rythme des retours contraint à une réduction de l'aide
Afin de faire mieux face à un nombre de retours dépassant largement les prévisions initiales, le HCR envisage de réduire une partie de l'assistance fournie aux rapatriés afghans.
Les rapatriés continueront de recevoir une aide au transport variant entre 5 et 30 dollars par personne, des kits familiaux composés de bâches en plastique, de savon et d'articles d'hygiène ainsi que de la farine de blé donnée par le Programme alimentaire mondial (PAM). Mais, à partir du 15 août, le HCR interrompra la distribution de couvertures, de jerricanes et de seaux aux familles retournant en Afghanistan dans le cadre de son programme conjoint d'aide au rapatriement. Le HCR a déjà été forcé de réduire de plus de la moitié les kits de construction d'abris, passant de 97 000 à quelque 41 000 unités.
Sur les 271 millions de dollars requis pour une période de 15 mois, le HCR a encore besoin de plus de 40 millions de dollars d'ici décembre 2002. Le PAM, ainsi que d'autres agences humanitaires, se trouvent également confrontés à un sérieux manque de fonds face aux besoins immenses de l'Afghanistan. Des fonds supplémentaires pour l'Afghanistan, au-delà des montants promis à Tokyo pour accélérer la reconstruction et le développement, permettraient de répondre aux besoins des rapatriés afghans, dont le nombre excède largement ce qui était prévu.
Pour ce qui est du changement des kits d'aide au retour, le HCR veillera à ce que les réfugiés rentrant volontairement sous les auspices du programme conjoint d'aide au rapatriement HCR/gouvernement intérimaire afghan continuent de recevoir certains articles de secours ainsi qu'une aide au transport. Les réductions à venir permettront également au HCR de maintenir des stocks de biens de secours en cas d'urgence.
Au cours des semaines à venir, le HCR réapprovisionnera les stocks restants d'aide d'urgence (y compris couvertures et jerricanes) qui pourront bénéficier à quelque
250 000 personnes en cas d'urgence. La moitié de ces stocks seront positionnés à Kaboul et le reste dans les divers bureaux du HCR à travers le pays. D'autres stocks, moins volumineux, seront également disponibles en permanence dans les pays voisins.
L'Iran autorise le HCR à se rendre dans les centres de détention
Le Bureau iranien chargé des étrangers et des questions d'immigration (BAFIA) a accordé au HCR l'accès, en Iran, aux centres de détention dans lesquels se trouvent des ressortissants afghans menacés d'expulsion, et dont les demandes d'asile pourront ainsi être examinées par le HCR dans le cadre d'un programme de détermination de leur statut.
Cet accord a été conclu lors d'une réunion qui a eu lieu à Téhéran mercredi dernier entre Philippe Lavanchy, chef de mission du HCR, et le directeur général du BAFIA, Ahmad Hosseini. Selon les termes de cet accord, décrit par P.Lavanchy comme « une avancée significative » le HCR pourra se rendre dans les centres de détention situés à travers le pays et interviewer tout ressortissant afghan souhaitant demander l'asile.
« Le HCR a une double mission : protéger les réfugiés et leur fournir une assistance », a rappelé P. Lavanchy. « Grâce à cet accord conclu avec le BAFIA, nous sommes à présents en mesure d'identifier les réfugiés de bonne foi qui risquent d'être expulsés, et assurer cet élément clé de notre mission qu'est la protection ».
Le BAFIA a garanti au HCR que les Afghans munis de papiers d'identité seront libérés sans condition et que ceux qui ne possèdent pas de papiers, mais qui seront considérés comme éligibles au statut de réfugié suite à l'examen de leur dossier par le HCR, pourront rester en Iran. Le HCR prépare actuellement, en coopération avec le BAFIA, la mise en place de ce programme.
L'accord intervient juste avant le 11 août, dernier délai octroyé par les autorités iraniennes le mois dernier, à tous les Afghans non enregistrés et sans papiers d'identité pour se faire enregistrer et obtenir du gouvernement les permis nécessaires pour quitter l'Iran. « La date limite du 11 août ne s'applique aux Afghans en possession de papiers d'identité » a précisé P. Lavanchy, ajoutant : « Cela ne change pas non plus les modalités du Programme d'aide au rapatriement volontaire du HCR visant à fournir, au cours de la première année de l'opération, une assistance au retour à 400 000 Afghans, qu'ils aient une pièce d'identité ou non. »
L'Accord tripartite d'aide au rapatriement volontaire, signé à Genève en avril dernier entre le gouvernement de la République islamique d'Iran, les autorités afghanes et le HCR, stipule que tous les Afghans se trouvant en Iran devraient avoir accès aux services d'aide au retour mis en place par le HCR. Cela inclue les personnes enregistrées auprès du gouvernement iranien et celles qui ne le sont pas.Plus de
124 000 Afghans sont revenus d'Iran depuis que le HCR et le BAFIA ont initié l'opération d'aide au rapatriement en avril dernier.
Diminution des retours en provenance du Pakistan
Le HCR a commencé ce mois-ci à ralentir le rythme d'enregistrement des réfugiés afghans souhaitant quitter le Pakistan dans le cadre du programme de rapatriement volontaire initié en mars. Cette décision de diminuer les heures d'ouverture des centres d'enregistrement pour le rapatriement volontaire depuis le Pakistan a été prise face à la diminution du nombre de retours depuis mai dernier.
Le nombre d'Afghans revenus du Pakistan a dépassé 1,3 million de personnes - chiffre plus de trois fois supérieur aux prédictions du HCR et du gouvernement pakistanais, soit 400 000 personnes au cours de cette année. Le nombre de retours en provenance du Pakistan a atteint un pic en mai, avec plus de 375 000 rapatriés. Environ 277 000 réfugiés afghans sont revenus du Pakistan en juillet.
Deux centres de rapatriement volontaire, celui de Azahiel près de Peshawar et de Burhan près d'Islamabad ont été fermés le 1er août. Les centres de Takhtabaïg, à proximité de Peshawar et de Baleli, dans la province du Baloutchistan, ne sont actuellement ouverts que quatre jours par semaine. Trois autres centres, situés à Islamabad et à Karachi, sont opérationnels cinq jours par semaine. Au moment où le nombre des retours étaient à son maximum, les centres étaient ouverts six jours par semaine.
Une solution en vue pour les Afghans en attente à Chaman
La semaine dernière, le HCR a emmené 80 personnes, qui figurent au nombre des quelque 25 000 réfugiés afghans toujours en attente juste de l'autre côté de la frontière pakistanaise, à Chaman, visiter un nouveau camp temporaire en train d'être mis en place à l'ouest de Kandahar.
Suite à cette visite, les membres d'environ 400 familles de déplacés de la province de Jojzan, dans le nord de l'Afghanistan, ont indiqué qu'ils souhaitaient être installés à Zahre Dasht dès que possible. Ne se sentant pas prêts à rentrer , ils espèrent recevoir une aide plus conséquente dans ce nouveau camp de Zahre Dasht.
En février dernier, des milliers d'Afghans se sont retrouvés bloqués dans un camp de fortune situé de l'autre côté de la frontière, à Chaman, lorsque le gouvernement pakistanais n'a pas permis au HCR de les réinstaller dans d'autres camps situés le long de la ceinture frontalière.
Le HCR envisage de procéder à la réinstallation volontaire des Afghans de Chaman ainsi que des camps de déplacés internes se trouvant autour de Spin Boldak, au cours de la semaine prochaine. D'autres Afghans ont fait savoir qu'ils espéraient un retour à la stabilité dans le nord, où il a été à plusieurs reprises fait état, ces derniers mois, de harcèlement de Pachtoun. Ils n'écartent toutefois pas la possibilité de se rendre au camp de Zhare Dasht si la situation ne s'améliore pas bientôt. Il y a environ 30 000 déplacés internes à Spin Boldak où ils vivent dans une extrême précarité et où plusieurs agences d'aide se sont retirées de la région.
Le HCR continuera de fournir une assistance, sous forme d'aide au transport et de kits de retour, aux Afghans qui souhaitent regagner leur village d'origine. Ceux qui ne se sentent pas assez en sécurité seront réinstallés dans le camp de Zhare Dasht, une opération entreprise à la demande des gouvernements afghan et pakistanais.
Le programme de construction d'abris est en cours
L'arrivée de l'hiver est une source d'inquiétude pour les 1,6 million d'Afghans ayant bénéficié jusqu'à ce jour, de l'aide au retour du HCR et du gouvernement intérimaire afghan, soit plus de 1,4 millions de réfugiés et 200 000 de déplacés internes.
La plupart de ce ceux qui sont récemment rentrés ont trouvé leurs maisons et leurs villages en ruine. Il leur faut donc un toit avant l'arrivée de l'hiver, et ce d'ici deux à trois mois au plus tard. Cette année, le HCR se prépare à fournir des abris à 400 000 rapatriés dans les zones rurales, dans le cadre d'un programme s'élevant à 38 millions de dollars.
Afin de fournir un abri aux plus démunis, le HCR et ses partenaires des ONG distribuent 41 000 kits d'aide à la reconstruction. Le HCR envisageait d'en fournir
97 000 cette année. Mais le nombre d'Afghans prenant le chemin du retour ayant dépassé toutes les prévisions, il a fallu réduire le programme d'aide à la reconstruction afin de pouvoir continuer à fournir une aide au transport. Il a également fallu trouver des partenaires pour mener à bien ce vaste programme.
Des accords ont été conclus entre le HCR et 15 ONG partenaires en vue d'identifier les familles dans le besoin et procéder à la distribution des kits sur le terrain. Chaque kit est constitué de 20 à 30 poteaux en bois, d'encadrements pour une porte et deux fenêtres, ainsi que de clous et divers outils.
Dans la province de Kaboul, où des régions comme la plaine de Shomali ont été dévastées par des années de guerre, le HCR a identifié des partenaires pouvant distribuer 14 300 kits d'abris. D'autres se rendront dans l'est de l'Afghanistan où le HCR envoie un minimum de 10 500 kits. Quelque 8 000 kits seront distribués dans le nord de l'Afghanistan, aux alentours de Mazar-i-Sharif, et quelque 7 000 autres dans les régions de l'ouest autour de Hérat. Environ 1 200 kits seront distribués à Kandahar et au moins 750 autres aux alentours de Ghazni, entre Kandahar et Kaboul.
Le HCR a déjà acheminé 240 tonnes métriques de clous dans des centres de distribution à travers tout l'Afghanistan, ainsi que 240 charnières de portes et des dizaines de milliers de sets d'outils.
Le HCR a acheté, dans le sud de l' Asie, 40 000 mètres cubes de bois de construction pour environ 35 000 kits, dont plus de 13 000 mètres cubes sont déjà arrivés au Pakistan à partir d'où ils seront transportés par camion jusqu'en Afghanistan. Le HCR s'est également procuré, localement, des fournitures pour 6 000 abris, en même temps que du matériel tels que des portes, des fenêtres et des canalisations pour les latrines. Le programme de reconstruction comprend en outre le financement d'ateliers de menuiserie locaux dans lesquels des artisans afghans fabriquent des portes et des fenêtres.
Les familles participant à cette initiative fabriqueront elles-mêmes des briques en terre. Une fois leur maison partiellement reconstruite, le HCR et ses ONG partenaires leur fourniront les kits de reconstruction afin de leur permettre d'ajouter la toiture et les poutres. Dans certaines régions comme Bamyan et la Plaine de Shomali, des tentes ont été mises à la disposition des familles pour les loger en attendant la fin des travaux. Tous les Afghans qui sont rapatriés sous les auspices du programme du HCR et du gouvernement intérimaire afghan ont déjà reçu deux bâches en plastique et des kits d'aide au retour.