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Déclaration de M. Poul Hartling, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la réunion informelle des Représentants permanents à Genève des Etats membres du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire, le 24 janvier 1984

Discours et déclarations

Déclaration de M. Poul Hartling, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la réunion informelle des Représentants permanents à Genève des Etats membres du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire, le 24 janvier 1984

24 Janvier 1984
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Le 24 janvier 1984

Permettez-moi tout d'abord de souhaiter la plus chaleureuse bienvenue aux distingués délégués qui sont ici réunis. Comme vous le savez, nous avons prévu de consacrer deux jours à cette réunion informelle. Aujourd'hui, nous allons passer en revue certains des faits nouveaux d'importance intervenus dans le domaine des réfugiés et dans les activités principales du HCR depuis notre session formelle d'octobre 1983; demain comme il a été demandé en octobre, nous consacrerons la journée à ce que j'appellerai un séminaire informel sur l'aide aux réfugiés et le développement - un sujet auquel J'attache une importance considérable, comme je l'ai déjà mentionné.

Monsieur le Président, j'ai l'intention de vous exposer aujourd'hui, dans ma déclaration liminaire, les principaux faits nouveaux intervenus dans le domaine des réfugiés depuis notre dernière réunion et de présenter demain, notre thème de réflexion. Nos préoccupations d'aujourd'hui et de demain ont pour dénominateur commun la recherche de solutions durables aux problèmes des réfugiés. Ce thème que j'ai essayé de mettre en lumière en octobre dernier a suscité un vif intérêt chez les membres du Comité exécutif. Aussi, permettez-moi de vous faire part aujourd'hui des efforts redoublés que nous déployons dans ce sens, des progrès enregistrés et des difficultés rencontrées.

Dès la clôture de notre session d'octobre, je suis allé, comme chaque année, à New York afin d'assister au Comité administratif de coordination (CAC), aux débats de la Troisième Commission de l'Assemblée générale, et à la Conférence d'annonces de contributions.

Le CAC, présidé par la Secrétaire général des Nations Unies, offre toujours une excellente occasion non seulement de discuter des points spécifiques à l'ordre du jour traitant de préoccupations inhérentes au système des Nations Unies, mais aussi de rencontrer les plus hauts responsables d'autres institutions des Nations Unies et de discuter avec eux de la coopération interinstitution ; cette coopération devient en effet un facteur déterminant du succès et de la longévité de l'installation des réfugiés.

Pendant quelques jours chaque année, la Troisième Commission offre un forum international où les problèmes des réfugiés peuvent être évoqués et où le caractère strictement humanitaire et apolitique des activités du HCR peut être réaffirmé. J'ai donc saisi cette occasion pour souligner à quel point les réfugiés avaient besoin de ces solutions durables qu'ils attendaient partout dans le monde.

La dispositif de la résolution sur le « Rapport du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, adoptée - je suis heureux de dire, comme à l'accoutumée - sans un vote de la Troisième Commission, puis de l'Assemblée générale, contient certains paragraphes qui exhortent tous les Etats à soutenir les efforts déployés par la Haut Commissaire pour trouver des solutions durables aux problèmes des réfugiés et à encourager ensuite l'application de ces solutions.

L'autre sujet principal de préoccupation de la Troisième Commission a été la Deuxième Conférence internationale sur l'assistance aux réfugiés en Afrique, CIARA Il.

Nombre d'entre vous ont assisté aux réunions du Comité directeur de la CIARA qui ont au lieu à Genève la mois dernier. Je pense qu'elles ont offert une occasion très attendue d'échanger des points de vue ; nous espérons pouvoir donner suite à ces débats qui se sont révélée fort utiles.

Une nouvelle étape importante dan la préparation de la CIARA Il sera franchie cette semaine lorsque la Secrétaire général publiera un document préliminaire, mis au point conjointement par l'OUA, le PNUD et la HCR; ce document fera état de l'avancement des travaux et dressera un bilan des besoins à soumettre à la Conférence. La Comité directeur de la CIARA espère que l'information qu'il contient permettra aux gouvernements de mieux planifier leur participation à la CIARA II.

Nous savons bien que l'appui que nous demandons à la communauté internationale intervient à une époque de restrictions financières. Cependant, je suis convaincu qu'il y a consensus sur le fait que les réfugiés et les rapatriés africains, ainsi que les pays qui les accueillent, peuvent prétendre en toute légitimité à une assistance internationale substantielle. Les propositions d'assistance présentées à la CIARA II se fondent sur un équilibre entre les besoins établis et la capacité de financement et de mise en oeuvre.

Les dépenses totales du HCR en Afrique en 1984 sont actuellement projetées à quelque 155 millions, chiffre qui, par rapport à l'année dernière, tient compte d'une augmentation nette des dépenses au titre des Programmes généraux en raison de gros efforts supplémentaires dans le domaine des solutions durables. On pense que, sous réserve d'événements imprévus, l'ordre de grandeur sera le même en 1985 et 1986. Pour donner une réponse précise au paragraphe 5 b) de la résolution de la dernière Assemblée générale sur la CIARA II, le HCR a défini de nouveaux besoins d'assistance qui, évalués à environ 11 millions de dollars des Etats-Unis, seront proposés pour 1984 ou au début de 1985. Selon les premières indications que J'ai reçues, les propositions d'assistance en matière d'infrastructure présentées en réponse au paragraphe 5 c) de la résolution de l'Assemblée générale s'élèveront à quelque 365 millions de dollars des Etats-Unis sur une période de trois à cinq ans. La document de base de cette Conférence, qui sera disponible dans la deuxième quinzaine de ma 9, contiendra une explication détaillée et une justification de ces projets.

Je sais que l'on abordera la CIARA Il dans un esprit aussi positif que celui qui a présidé à sa préparation. Cela nous permettra de faire un grand pas vers la mise au point de solutions durables aux problèmes des réfugiés en Afrique - c'est-à-dire l'objectif-même de la CIARA Il.

Dans la cadre de notre recherche de solutions durables en Afrique, j'aimerais vous dire aujourd'hui quelques mots au sujet de deux situations spécifiques. Voyons tout d'abord l'opération de rapatriement de Djibouti en Ethiopie. Sur un nombre estimatif total de plus de 30 000 réfugiés à Djibouti, plus de 8 500 réfugiés ont, à ce jour, choisi la rapatriement, soit spontané, soit réglementé. Vous vous rappelez peut-être que le caractère strictement volontaire de ce rapatriement avait été mis en doute par certains milieux, et même par des articles de presse. Notre Bureau à Djibouti nous informe que tous les chefs de familles rapatriées ont signé, en toute liberté, une déclaration de rapatriement librement consenti. Aucune plainte pour rapatriement forcé n'a été déposée et les autorités éthiopiennes respectent fidèlement les termes du décret d'amnistie, qui a maintenant été prolongé jusqu'à la fin 1984. La nombre de nouveaux enregistrements aux fins du rapatriement a considérablement diminué et nous procédons actuellement à une évaluation précise du programme afin de déterminer si et où des efforts et des améliorations supplémentaires en notre pouvoir sont nécessaires. Si cette tendance se poursuit, il nous faudra chercher des solutions pour la nombre relativement grand de réfugiés qui n'a pas opté pour la rapatriement. Nous discuterons de cet aspect de la question avec les autorités djiboutiennes dès que les faits seront clairement établis.

Nous suivons aussi de près la situation des réfugiés et des rapatriés en Ouganda. Vous vous souvenez qu'à la suite de troubles intérieurs en octobre 1982, quelque 35 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays - alors qu'environ le même nombre avait franchi la frontière pour se rendre au Rwanda. Pour tenter de trouver une solution globale au problème, une réunion avec des hauts fonctionnaires ougandais et rwandais s'est tenue en mars 1983 à Kabale (Ouganda), présidée par mon Directeur de la protection internationale. Au cours de la réunion il a été convenu que toutes les personnes déplacées dans les deux pays seraient interrogées, pour examen de leur cas, puis enregistrées. Au Rwanda, cet examen a été effectué et les dossiers de ceux qui demandant la citoyenneté ougandaise sont maintenant étudiés à Kampala. En Ouganda, les 35 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays - avec 40 000 têtes de bétail - s'étaient rendues dans des zones d'installation existantes, provoquant ainsi leur surpeuplement - Sur ces 35 000 personnes, 23 000 ont été reconnues comme réfugiés d'origine rwandaise. Cet examen se poursuit dans la mesure où l'on a besoin de renseignements complémentaires pour clarifier certains cas en attente.

Si je soulève cette question aujourd'hui, c'est pour vous informer que sur ces 23 000 personnes reconnues comme réfugiés rwandais, 15 000 ont d'ores et déjà été transférées avec leurs troupeaux dans la nouvelle zone d'installation de Kyaka II mise à disposition par les autorités ougandaises. Nous avons donc commencé la première phase des travaux d'aménagement d'une nouvelle zone d'installation rurale. En raison de nouveaux troubles intérieurs à la fin de 1983, un autre groupe de 10 000 personnes s'est dirigé vers des zones d'installation existantes. Cependant mon Délégué a reçu de la part des plus hauts responsables des assurances selon lesquelles tout sera fait pour permettre à ces personnes déplacées de retourner chez eux le plus tôt possible. Pendant ce temps, dans une autre province de l'Ouganda, la Nil occidental, nous étudions la nécessité d'augmenter l'assistance aux rapatriés ougandais, dans la cadre d'une approche régionale aux problèmes des réfugiés dans la région cette approche engloberait la Haut-Zaïre et la Soudan méridional.

Pour changer do continent, Monsieur la Président, j'aimerais vous dire quelques mots de l'assistance du HCR découlant de la situation au Liban. Suite aux événements récents et tragiques au Liban vers la fin de 1983, j'ai approuvé la prélèvement d'une allocation sur le Fonds extraordinaire du HCR afin d'aider a satisfaire - dans le cadre de l'aide humanitaire des Nations Unies au Liban - les besoins essentiels des personnes déplacées dans le pays, surtout dans les régions de Chouf et de Tripoli. J'ai aussi donné mon accord pour l'octroi d'une assistance ponctuelle destinée à couvrir, à titre exceptionnel, les besoins des Libanais déplacés ou isolés à Chypre, ainsi que dans quelques pays d'Europe. La montant total de l'assistance approuvé s'est élevé à 500 000 dollars des Etats-Unis.

En outre, en décembre 1983, pour répondre à une requête du Gouvernement syrien concernant une aide d'urgence aux Libanais déplacés en Syrie, j'ai approuvé une allocation de 150 000 dollars des Etats-Unis. Le projet correspondant est mis en oeuvre avec l'aide du FISE.

Cette assistance prélevée sur la Fonds extraordinaire comprend l'achat de secours d'urgence pour des personnes qui ont presque toujours quitté leurs maisons sans leurs biens, sans nourriture, sans vêtements de rechange.

Quant à nos activités au Pakistan, je peux faire état de progrès substantiels concernant le projet pilote administré par la Banque mondiale et destiné à promouvoir les activités génératrices de revenus ; en octobre dernier, ce projet avait fait l'objet de commentaires encourageants de la part de plusieurs délégations. Les instruments juridiques relatifs à ce projet ont été signés par le Pakistan, la Banque mondiale et la HCR au début de ce mois. Ils prendront effet dès que le Gouvernement du Pakistan, aura rempli un certain nombre de formalités et pris les mesures administratives requises pour la mise en oeuvre du projet. La financement des toutes premières phases du projet devrait être assuré dans un proche avenir. La mise en oeuvre de certaines composantes a même débuté l'automne dernier, grâce à des gouvernements qui ont vers des contributions en espaces ; il a ainsi été possible de garantir la préfinancement des activités de projets que le Gouvernement du Pakistan, et la Banque mondiale ont estimé urgentes si l'on ne veut pas gâcher la prochaine saison des plantations.

Comme certains des distingués délégués l'ont mentionné en octobre dernier, ce projet est en fait un premier test d'une nouvelle approche face aux grands problèmes des réfugiés dans les régions à faible revenu ; nous en discuterons plus en détail demain. J'aimerais ajouter qu'à l'occasion de la signature de notre accord annuel global avec la Gouvernement du Pakistan, concernant l'assistance du HCR aux réfugiés afghans, nous avons réaffirmé notre désir de poursuivre la programme axé sur l'autonomie aux dépens des soins et entretien.

La situation des réfugiés en Asie du Sud-Est continue de préoccuper gravement mon Bureau. Je ne me lancerai pas dans la description d'une situation bien connue à laquelle de nombreux pays représentés ici ont essayé de trouver une solution. D'après nos statistiques établies au 31 décembre 1983, 28 000 réfugiés sont arrivés par bateau en 1983. Ce chiffre consacre une diminution substantielle par rapport à 80/81 et 82 où il s'élevait respectivement à 75 000 et 44 000. Sur les 28 000 personnes arrivées, nous constatons 31 400 départs aux fins de la réinstallation ; c'est-à-dire que le chiffre des départs dépasse de 35 000 celui des arrivées. Tout en nous félicitant de cet état de choses, nous n'oublions pas qu'il reste plus de 40 000 réfugiés de la mer dans les camps d'Asie du Sud-Est. Puis-je donc une fois encore lancer un appel à tous les gouvernements qui en ont les moyens, pour qu'ils participent à l'effort entrepris et pour qu'ils maintiennent, ou mieux encore, qu'ils intensifient leur contribution.

Je suis heureux de vous dire que les progrès enregistrés au titre du Programme d'organisation méthodique des départs semblent s'affirmer chaque jour davantage. Le nombre total des départs au cours du dernier trimestre de 1983 s'élevait à plus de 6 000, ce qui représente une moyenne mensuelle approximative de 2 000.

En 1983, la population de réfugiés laotiens et kampuchéens en Thaïlande a diminué de 20 000 personnes, grâce aux seuls efforts de réinstallation. Tout en exprimant une profonde gratitude aux auteurs de ce résultat, J'aimerais former des voeux pour que le mouvement se poursuive. Il va sans dire que nous continuerons à faire tout notre possible pour chercher d'autres solutions, surtout le rapatriement librement consenti.

Un autre souci nous préoccupe : la sort des réfugiés et des personnes en quête d'asile, qui doivent être secourus en haute mer. Quelque 3 400 réfugiés ont ainsi été sauvés en 1983. J'aimerais ici exprimer ma reconnaissance et mes remerciements aux propriétaires et aux capitaines des navires qui ont secouru des réfugiés en péril ; en outre, je voudrais ici réaffirmer notre volonté sans faille de nous associer pleinement aux efforts déployés pour faciliter le débarquement ultérieur des réfugiés. En novembre et décembre 1983, nous avons encore lancé un appel à certains membres du Comité pour qu'ils contribuant au Plan d'offres de réinstallation au débarquement (DISERO) ou pour qu'ils augmentent leur contribution actuelle cet effort permettrait de faciliter la sauvetage par des navires battant pavillon de complaisance ou enregistrés dans des pays incapables de donner la garantie de réinstallation requise par certains pays de premier asile.

Monsieur la Président, à l'occasion de ce rapide aperçu des principaux faits nouveaux intervenus à travers la monde en matière de réfugiés depuis octobre 1983, J'aimerais mentionner deux pays d'Amérique latine. Tout d'abord, l'Argentine où une situation nouvelle a incité des milliers de réfugiés à demander la rapatriement librement consenti. La Gouvernement argentin a demandé notre assistance à cet égard ; pour les réfugiés qui ne peuvent faire face aux coûts que représente le rapatriement, nous concluons les arrangements nécessaires avec les gouvernements des pays d'asile, avec la CIM et les agences bénévoles. Depuis la début de 1984, nous avons alloué 1,2 million de dollars des Etats-Unis au titre du rappariement librement consenti, principalement en Argentine mais aussi dans d'autres pays d'Amérique latine. La Gouvernement argentin a également sollicité notre aide pour satisfaire les premières exigences et les besoins en matière de réadaptation dès le retour ; cette requête est actuellement à l'étude.

Au Honduras, les nouvelles qui nous parviennent sont loin d'être aussi bonnes qu'il n'y paraît ci première vue. Les autorités ont décidé de déplacer des réfugiés salvadoriens et guatémaltèques loin de la région frontalière vers de nouvelles zones d'installation. Il est évident que cette mesure peut paraître positive, non seulement en tant que garantie d'une plus grande sécurité mais aussi en tant qu'étape vers l'autosuffisance Cependant, comme nous l'avons dit maintes fois, le manichéisme ne sied pas bien aux affaires humanitaires. Aucune solution n'est en effet totalement bonne ou totalement mauvaise. Dans ce cas, un assez grand nombre de réfugiés et d'agences qui s'emploient activent à leur venir en aide chaque jour, s'oppose au changement nombre de réfugiés ont, au fil des ans, noué des liens - bien précaires dans leur camp et ne souhaitent pas partir loin de leur pays et dans une région où l'avenir leur semble incertain. Nous discutons actuellement de la situation avec les autorités et nous espérons que des solutions humaines, conduisant à une sécurité et une autosuffisance plus grandes pourront être trouvées. Je n'entends pas cependant cacher qu'il s'agit d'une situation extrêmement complexe où des positions divergentes seront difficiles à concilier.

Parlons maintenant un pou de l'Europe. Dans plusieurs pays d'Europe, le nombre de personnes en quête d'asile venant de toutes les régions du monde s'est considérablement accru ces dernières années alors que la crise économique s'ajoutait au poids du grand nombre de travailleurs étrangers. Les demandes d'asile en attente d'examen se sont accumulées et certains pays ont pris des mesures qui tendent à dissuader les nouveaux arrivants potentiels. Face à cette situation, nous menons une action sur la base des conclusions du Séminaire sur l'intégration des réfugiés en Europe, qui a au lieu à Genève en septembre 1983, et nous insistons auprès des gouvernements sur la nécessité de préserver et de protéger les droits des personnes qui recherchent l'asile en toute bonne foi. Cela ne nous empêche pas, bien entendu, de reconnaître pleinement tous les aspects positifs et généreux des politiques d'asile ainsi que la soutien accordé par les pays acquis à la cause des réfugiés, en général, et préoccupés par la sort de certains réfugiés dans le monde, en particulier. C'est dans ce contexte que l'on m'a invité à visiter Bonn et Berne en décembre et début janvier respectivement. Lors de ces visites, certaines questions relatives à la protection ont été soulevées et je suis heureux de vous dire que les discussions auxquelles elles ont donné lieu se sont déroulées dans un esprit très coopératif et constructif.

Dans le domaine de la protection en général le Haut Commissariat n'a cessé d'être en butte à de graves problèmes depuis la 34ème session du Comité exécutif en octobre 1983. Ces problèmes ont trait au refoulement, aux menaces d'atteintes à la sécurité personnelle des réfugiés et au fonctionnement des procédures d'asile. Face à ces différentes questions, la Directeur de la protection internationale et des hauts responsables de sa Division ont effectué des missions au Kenya, en Turquie, en Tanzanie, et en Zambie.

Il est un problème qui continue de susciter de graves préoccupations - celui des réfugiés qui ont déjà trouvé refuge dans un pays déterminé, temporairement en général, et qui, en raison des conditions prévalantes, partent vers un autre pays à la recherche d'un asile plus durable. Au cours des derniers mois, les mouvements de cet ordre ont revêtu beaucoup d'ampleur et exigent de ce fait une action concertée de la part des gouvernements afin de remédier à une situation qui impose les plus dures épreuves aux personnes concernées.

En ce qui concerne la sécurité personnelle des réfugiés, J'aimerais mentionner que des camps de réfugiés continuent d'être attaqués. Vous vous souvenez combien ce problème a été discuté lors du Comité exécutif en octobre. Je sais, Monsieur la Président, que vous essayerez, de concert avec d'autres représentants des Etats membres du Comité exécutif, de mettre au point une déclaration de principes reconnus. J'aimerais aussi dire à quel point je suis préoccupé par la problème toujours grave des attaques de pirates contre des personnes en quête d'asile. Une réunion des gouvernements intéressés devrait avoir lieu la 24 février pour passer spécifiquement en revue l'ensemble de cette question. Puis-je également mentionner que nous avons été particulièrement préoccupés par les rapports qui ne cessent de nous parvenir d'une région où les embarcations des personnes en quête d'asile sont remorquées vers le large au péril de leur vie. En conséquence, un certain nombre de personnes en quête d'asile ont péri ou ont été les victimes d'attaques inqualifiables lancées par des pirates. Une attaque de cette nature s'est produite au début de ce mois et a au les conséquences les plus tragiques en termes de vies humaines.

Monsieur le Président, j'aimerais maintenant rappeler l'importance - maintes fois reconnue par la Comité exécutif - d'une diffusion plus large des principes de protection internationale. Depuis la 34ème session du Comité exécutif, la deuxième cours sur la Droit international des réfugiés a eu lieu à San Remo sous les auspices de l'institut de Droit humanitaire de San Remo et du Haut Commissariat. Des fonctionnaires gouvernementaux de 40 pays ont participé à ce cours et à la séance de clôture, la Président du Comité exécutif, l'Ambassadeur Ewerlöf, a prononcé un discours fort bien accueilli. Tous les participants ont estimé que ce cours était très utile.

Au cours de cette même semaine, je me suis entretenu avec un groupe de professeurs arabes et d'experts en droit réunis à San Remo sous les auspices de l'Institut. A mon sans, c'était la première fois que des problèmes de protection internationale et de droit des réfugiés dans les pays arabes étaient examinés par un groupe si éminent venant du monde arabe ; J'espère que les conclusions de ces entretiens constitueront un jalon important sur la voie à suivre et bénéficieront à tous les réfugiés de la région.

Pour en venir aux activités de financement du HCR je suis très heureux de pouvoir vous annoncer que la financement des programmes de 1983 a été entièrement assuré et que, lors de la Conférence d'annonces de contributions en novembre dernier à New York, des contributions représentant un montant total de 122 millions de dollars des Etats-Unis ont été annoncées pour nos programmes de 1984.

La priorité en matière de financement devra être accordée aux Programmes généraux essentiels, c'est-à-dire à ceux qui ont pour but de continuer à fournir une assistance aux réfugiés. Grâce aux fonds et aux annonces de contributions disponibles au début de l'année, nous avons commencé normalement la mise en oeuvre des programmes généraux de 1984. Quelque 90 millions de dollars des Etats-Unis ont déjà été engagés. Cependant, si nous ne voulons pas que l'exécution des programmes d'assistance prévus soit hypothéquée par la pénurie de ressources financières, nous aurons besoin, très prochainement, du versement des contributions annoncées et additionnelles.

Sur le total des annonces de contributions faites en novembre 1983, seul un petit nombre a été effectivement payé. Aussi, pour ne pas se trouver face à de gros problèmes de liquidités, le Haut commissariat a-t-il besoin de recevoir très bientôt les fonds annoncés.

Nos dépenses au titre des Programmes généraux en 1983 se sont élevées à 96% de l'objectif approuvé. Bien qu'il s'agisse, en soi, d'un résultat très satisfaisant, la possibilité de reporter les fonds disponibles sur l'année en cours en est considérablement réduite, ce qui nous oblige à collecter davantage de fonds en 1984 que lors des Années précédentes. Selon les estimations actuelles, il se pourrait que nous soyons confrontés à une situation difficile en raison d'une pénurie de fonds et d'annonces de contributions dans les mois qui viennent.

Dans le souci d'anticiper un pou et de vous donner aussitôt que possible un aperçu de la situation, j'ai l'intention de lancer, la 27 janvier, un appel de fonds pour les Programmes généraux de 1984. Je comprends bien la situation économique difficile que bien des donateurs connaissent aujourd'hui mais j'espère sincèrement que vous serez en mesure de fournir les ressources dont le HCR a besoin pour continuer à venir en aide aux réfugiés.

Pour ce qui est de l'administration du Haut Commissariat, Monsieur la Président, j'aimerais vous informer que le 20 décembre 1983, j'ai décidé de créer au sain de mon cabinet la poste de Directeur chargé des questions du terrain. Cette mesure a pour but de renforcer et do rationaliser les aspects de politique générale liés à la présence du HCR sur la terrain. Elle constituait un objectif important du rapport du Service de gestion administrative, et a été tout particulièrement soulignée dans le document dit « de consensus » sur les « propositions concernant la renforcement de la politique de gestion du HCR daté du 4 août 1983 et soumis par le Comité exécutif au Sous-Comité chargé des questions administratives et financières. Pour ce qui est des questions du terrain, la Directeur passera en revue les questions de politique générale touchant à l'efficacité de nos activités, accordera une attention spéciale à la question de la délégation des pouvoirs, et recommandera les mesures capables de renforcer les activités sur le terrain et d'y améliorer les conditions de service. En un mot, la Directeur me servira de conseiller principal en matière de politiques lises aux questions du terrain. Ses recommandations emprunteront la voie normale au sain du Haut Commissariat. J'ai nommé à ce poste Monsieur Homann-Herimberg. Je suis convaincu que la très grande expérience qu'il a acquise dans les différentes fonctions qu'il a assumées au HCR le met parfaitement en position de relever ce nouveau défi. Puis-je me permettre, Monsieur la Président, de lui exprimer ma profonde reconnaissance pour le mandat qu'il a accompli au poste de Directeur de l'administration et de la gestion, à une époque où le Haut Commissariat a dû surmonter de nombreuses difficultés duos à une expansion sans précédant.

Comme vous la savez, Monsieur le Président, nous avons décidé de mener à bien, sur la base d'une recommandation du SGA, un classement des emplois de tous les postes d'administrateur du HCR Nous avons déjà entrepris ce travail et si nous respectons la calendrier prévu, nous devrions la terminer d'ici quelques mois. Après avoir consulté la Bureau des services du personnel à New York, la Commission de la fonction publique internationale (CFPI), VOIT, nos représentants du personnel et d'autres personnes, nous avons décidé d'utiliser la norme cadre du système de classement des emplois telle qu'elle a été approuvée par la CFPI et adoptée par le Secrétariat des Nations Unies. Cette norme cadre est une méthode de classement des emplois selon une échelle de points : des points sont attribués à différents facteurs et le total des points obtenus indique la classe qu'il convient d'assigner à ce poste. Des questionnaires à cet effet ont déjà été distribués aux membres du personnel concerné. Afin de guider et d'aider nos membres du personnel sur la terrain concernant la façon de remplir ces questionnaires, des spécialistes du classement venant d'organisations des Nations Unies telles que l'ONUDI, la Commission économique pour l'Afrique, le Comité consultatif pour les questions administratives (CCQA), la CFPI et la Bureau des services du personnel des Nations Unies à New York ont été mis à la disposition du HCR Dès que ces questionnaires auront été retournés au Siège, deux comités spéciaux d'évaluation les examineront afin de déterminer la classe appropriée à chaque poste. On pense que ces comités achèveront leurs travaux vers la fin du mois d'avril. Il va de soi que je tiendrai la Comité informé de l'évolution de ce processus.

Monsieur la Président, trois mois seulement se sont écoulés depuis la clôture de notre session formelle ; néanmoins je suis sûr que nous partageons tous la même impression : il était temps que nous nous rencontrions une nouvelle fois. Bien que désormais la système relatif à la circulation de l'information fonctionne - je pense que vous serez d'accord avec moi pour le juger satisfaisant - l'évolution rapide de la situation des réfugiés dans le monde, les problèmes posés et le besoin constant de renouveler notre ligne de pensée, rendent nos échanges de vues périodiques des plus nécessaires et productifs. Si nous voulons améliorer notre aptitude à faire face aux situations d'urgence et aux problèmes à long terme, et renforcer notre quête de solutions durables, il nous faut non seulement l'appui mais aussi l'avis et l'orientation des gouvernements. La continuité de notre dialogue est une condition sine qua non de l'accomplissement de notre oeuvre humanitaire et je me félicite de l'occasion que nous avons ici de partager nos préoccupations avec vous.

Je vous souhaite une fois de plus la bienvenue et j'attends avec impatience le débat qui va s'ouvrir. Merci, Monsieur le Président.