Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Discours du Haut Commissaire adjoint à la 35e session du Conseil d'administration du PNUD, le 15 juin 1988

Discours et déclarations

Discours du Haut Commissaire adjoint à la 35e session du Conseil d'administration du PNUD, le 15 juin 1988

15 Juin 1988

Le 15 juin 1988

Monsieur le Président, mesdames et Messieurs,

Je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole, au nom du Haut Commissaire, mors de la 35e session du Conseil d'administration du PNUD.

A cette même tribune l'an dernier à New York, j'avais évoqué les différents domaines de collaboration entre nos deux institutions, notamment le traitement des ces de réfugiés par les Représentants/Résidents du PNUD dans les pays où le HCR n'est pas représenté. Aujourd'hui, je crois qu'il serait promotion des activités de développement bénéficiant aux réfugiés et aux rapatriés. Cela est d'autant plus opportun que nous avons enregistré un progrès significatif dans ce domaine avec la signature, le 23 novembre 1987, d'un accord révisant et officialisant la coopération entre le PNUD et le HCR. Il est déjà évident que cet accord fournit d'importants liens additionnels réfugiés et de l'assistance au développement. J'aimerais souligner la valeur et la portée de ces liens pour le HCR et expliquer pourquoi ils devraient être tout aussi essentiels pour les gouvernements et les organismes concernés par l'oeuvre du PNUD.

Au cours de sa session en 1985, le Comité exécutif du HCR a réaffirmé la nécessité de lier l'aide aux réfugiés aux activités de développement. De l'avis général, l'un des meilleurs moyens de trouver des solutions durables et de compenser les coûts imposés aux économies locales des pays hôtes - particulièrement les pays les moins avancés - qui ont accueilli un grand nombre de réfugiés, est d'appliquer des projets de développement bénéficiant à la fois à la population locale et aux réfugiés. L'approche traditionnels des années soixante-dix à l'égard des solutions durables ne permet plus d'atteindre les objectifs souhaités pendant cette décennie.

Puisque le HCR n'est pas une institution de développement, quand les réfugiés sont en passe de devenir autosuffisants, il doit transmettre ses responsabilités d'assistance aux institutions de développement pour qu'elles incluent ces activités dans les plans globaux de développement du pays hôte. Une étroite collaboration avec les institutions de développement bien avant le transfert des responsabilités permet au HCR de tenir compte des besoins de la population du pays hôte, facilitant ainsi l'acceptation de la présence des réfugiés.

Lors de sa trente-septième session en octobre 1986, le Comité exécutif du HCR, je cite, « a prié instamment le Haut Commissaire d'intensifier ses efforts pour encourager vivement des activités de développement bénéficiant aux réfugiés et aux rapatriés, en coopération avec la Banque mondiale, le PNUD et d'autres organismes internationaux, et régionaux et gouvernementaux socialisés dans l'aide au développement, ainsi qu'avec les organisations non gouvernementales possédant une expérience et des compétences dans ce domaine ». (fin de citation). Travailler avec le PNUD est donc une partie essentielle du mandat confié au HCR par son organe directeur et le 15 janvier 1988, j'ai donné pour instructions à tous les membres du personnel du HCR au siège et sur le terrain de rechercher la coopération du PNUD dans tous les cas appropriés selon les directives révisées. Les Délégués du HCR ont été priés de consulter leurs homologues du PNUD sur l'application de l'accord de novembre 1987.

Quels sont les objectifs étayant la philosophie de base du HCR en matière de coopération avec les institutions de développement, particulièrement avec le PNUD ? Il s'agit essentiellement de sortir les réfugiés des conditions déshumanisantes des camps où vivent bon nombre des 12 million de réfugiés dans le monde. Trop d'entre eux y sont littéralement « parqués » dans un état de dépendance presque totale. Dès le début de leur exil, les réfugiés ont besoin d'activités de développement orientées vers l'autosuffisance. Plus tard, si la situation politique le permet, les efforts suivis des organismes chargés des opérations de secours et du développement sont requis pour créer des solutions durables aux problèmes des réfugiés.

Les économies de ressources obtenues grâce à l'autosuffisance et aux solutions permanentes sont évidentes. La communauté internationale supporte un fardeau financier énorme pour subvenir, par le biais du HCR et du Programme alimentaire mondial, aux besoins des réfugiés du monde. En investissant une part de ces ressources par l'intermédiaire du PNUD et de nos partenaires de développement, nous entamons le processus essentiel de réduction de ces atroces coûts financiers et humains.

Alors que ces mesures ont été envisagées longtemps avant que le Groupe des 18 ne définisse le schéma d'une réforme visant la réduction des coûts, elles semblent s'adapter à ses recommandations. Le Groupe des 18 a conseillé d'éviter le double-emploi et le chevauchement ; de rationaliser les structures et les procédures ; d'utiliser l'approche coordonnée de coalition qui a fait ses preuves au Bureau pou les opérations de secours en Afrique. Il a également souligné les vertus de la coopération interinstitutions, de l'interdépendance, du travail d'équipe dans le système des Nations Unes au siège, et du travail en tant qu'équipe nationale des Nations Unies sur le terrain. En liant l'aide aux réfugiés aux activités de développement, le HCR et le PNUD répondent directement à l'appel du Groupe des 18 demandant davantage d'efficacité et de productivité.

Les économies et la rentabilité peuvent impressionner ceux dont l'adjectif est la réforme des Nations Unies, main qu'en est-il des autres parties dont nous devons également tenir compte ?

Tout d'abord, les réfugiés eux-mêmes : leur proposer des activités susceptibles de déboucher sur l'autosuffisance et des solutions durables peut éviter la perte tragique du respect de soi et même le sacrifice de générations entières de peuples qui, dans le passé, ont donné le jour à certains des individus les plus doués et les plus productifs du monde.

Deuxièmement, les pays qui estiment que leurs maigres ressources ont été mises à rude épreuve en accueillant des milliers et, dans certains cas, des millions de réfugiés : je peux citer des exemples de pays recevant des dizaines de millions de dollars d'assistance - dans au moins un cas des centaines de millions - qui n'auraient pas été fournis pour les activités de développement s'ils n'avaient pas ouvert leurs portes aux réfugiés. L'accueil de réfugiés a apporté la complémentarité envisagée par la CIARA II à plusieurs pays d'Afrique et ailleurs dans le monde.

Troisièmement, et aussi étrange que cela puisse paraître, plusieurs institutions internationales de développement ont découvert qu'elles retirent des avantages de leur travail avec les réfugiés. Certaines institutions connaissant des difficultés de financement ont compris que la générosité dont la communauté des donateurs fait preuve à l'endroit du HCR englobe également les institutions de développement qui collaborent avec le HCR. Le projet d'activités génératrices de revenus de la Banque mondiale pour les réfugiés afghans au Pakistan est l'exemple classique de ce phénomène. Dan ce cas, l'union du HCR, d'une institution de développement et de réfugiés très productifs travaillant à des projets en matière d'environnement, parmi d'autres, a produit une formule réussie qui intéresse d'autres institutions de développement, ainsi que des communautés de réfugiés dans le monde.

Enfin, quels avantages les pays donateurs peuvent-ils retirer de la coopération entre les activités en faveur des réfugiés et les projets de développement ? D'abord, les coûts nets de l'assistance aux réfugiés diminuent notablement à long terme. Si les donateurs peuvent canaliser leur assistance par le truchement d'institutions distinctes de secours et de développement, le coût global est en fin de compte moindre. De plus, ils contribuent à éviter des conditions de vie tragiques à certains des individus traditionnellement les plus productifs du monde.

L'accord fondamental signé en novembre dernier par Bill Draper et Jean-Pierre Hocké constitue un grand progrès uni permettra de consolider nos relations et de définir les domaines de responsabilité individuelle et de complémentarité.

Cet accord révisé a été particulièrement bien accueilli par ceux d'entre nous ayant participé au mouvement de la CIARA II qui a amené en 1984 le premier Mémorandum d'accord jamais signé entre le PNUD et le HCR pour lier les solutions en faveur des réfugiés à la planification du développement national. Ensuite, ce mouvement s'est presque arrêté à la suite de la sécheresse africaine qui a détourné la plupart des ressources de la CIARA II et des solutions durables pour les allouer aux opérations en vue d'éviter une famine massive.

Aujourd'hui, nous avons les moyens de recommencer et nous le ferons. Le nouvel accord avec le PNUD prévoit une coopération entre nos institutions du début à la fin d'un mouvement de réfugiés. Cette coopération devrait commencer quant la situation d'urgence se déclare : le PNUD peut alors aider le HCR à identifier les conséquences à long terme d'un mouvement de réfugiés sur le développement ; Il peut coopérer avec le HCR pour choisir les mesures les plus appropriées ; et il peut lui fournir des informations précieuses pour ses programmes d'auto-assistance. La collaboration devrait se terminer quand les anciens réfugiés se sont intégrés aux objectifs et aux réalisations de leur nouvelle patrie ou sont de retour dans leur propre pays.

Mais comment pouvons-nous garantir que les efforts du PNUD en vue de favoriser le développement s'harmonisent avec l'objectif du HCR qui est d'aider les réfugiés ou les rapatriés à trouver des solutions durables ? C'est ce quoi tend notre collaboration actuelle et j'aimerais souligner son importance cruciale pour le HCR autant - à mon sens - que pour les Etats membres du système des Nations Unies. Pendant des années, vous avez souhaité des opérations rentables et efficaces, dans le cadre d'une étroite collaboration. Si certains Etats membres peuvent exprimer leur scepticisme quant à la portée de ce processus dans d'autres domaines, il n'y a pas de raison qu'ils doutent de l'efficacité de la coordination de l'assistance aux réfugiés.

Certains gouvernements se plaignent que la coordination est coûteuse. Elle peut l'être si coordonner revient à organiser de vastes conférences imposant d'importants frais de voyage et de documentation ; mais ce n'est pas le cas si coordonner signifie agir sur le terrain. Le coût que les Nations Unies ne pourraient pas se permettre est celui d'un échec de la coordinations. Nous croyons que les entreprises communes du HCR et du PNUD pourront faire notablement avancer ces objectifs. Le HCR est très favorable à l'accroissement du nombre des missions interinstitutions, mais à mon sens, la coordination la plus efficace est directe et pratique, entre le personnel des deux institutions à tous les niveaux, au siège et particulièrement sur le terrain. C'est pourquoi j'espère que le PNUD à l'instar du HCR donnera des instructions ses collaborateurs allant dans le sens d'une recherche de nouvelle voies constructives de coopération entre nos institutions.

L'inclusion de l'assistance aux réfugiés rapatriés dans le Mémorandum d'accord révisé devrait contribuer notablement à garantir la meilleure de toutes les solutions pour les réfugiés - le rapatriement librement consenti - car il s'agit vraiment d'une solution durable. Ainsi, collaborer avec le PNUD sur cette clause clé peut contribuer à la revitalisation du processus de la CIARA II. Et elle prouvera sans aucun doute son utilité au cours du travail en commun que nous réalisons pour garantir les meilleures chances d'un retour permanent des réfugiés afghans dans pays.

L'accord révisé avec la PNUD prévoit en outre la participation du HCR au processus de Table ronde. Cet engagement actif est de l'intérêt de tous. Et il a été envisagé dans une large mesure parce qu'il est aujourd'hui devenu plus évident qu'inviter le HCR à la Table ronde ne signifie pas seulement se serrer autour d'une table déjà trop petite ; cela ne revient pas à diviser des ressources déjà maigres. Il est maintenant clair que lorsque le HCR s'assied à la Table ronde, il apporte non seulement ses propres fonds, mais il peut fournir quelques ressources aux autres participants.

Ce processus significatif dans nos relations avec la PNUD est un motif de fierté, mais pas encore de satisfaction. Alors que nous nous tournons vers une stratégie pour la nouvelle décennie des Nations Unies pour le développement, nous avons besoin de l'aide du PNUD pour garantir que le HCR ne demeure pas une voix isolée demandant que les réfugiés soient inclus dans cette stratégie. Une trop grande part de cette stratégie a consisté jusqu'ici en pauvres d'entre les pauvres, sur les femmes, sur les enfants, sur les handicapés, les défavorisés et les démunis.

Le HCR a donné une réalité à chacun de ces points d'accès au développement. Pour nous, ils n'ont rien de théorique. C'est dans ce domaine que nous travaillons chaque jour. C'est ce que sont les réfugiés. Il n'y a aucune garantie, bien sûr, que nos efforts sincères fassent d'une nouvelle décennie du développement davantage un succès que les précédentes. Mais nous pouvons être sûrs au moins d'une chose : ses chances de succès diminuent dans la mesure où nous fermons la porte aux réfugiés.

Au contraire, la réussite incontestée de notre coopération avec d'autres institutions de développement souligne l'avantage qu'il y a à faire participer les réfugiés. Et ces réussites avec d'autres institutions de développement laissent augurer un avenir au moins aussi brillant pour notre coopération renforcée avec le PNUD.

Monsieur le Président, ainsi que je l'ai mentionné au début de mon intervention, je me suis limité aux questions générales qui se posent à nous, aux principes que nous nous efforçons de promouvoir. Il y a en fait de nombreux exemples concrets de collaboration réelle et potentielle entre nos deux institutions et j'espère qu'ils se multiplieront. Dans nombre des pays les plus pauvres du monde aujourd'hui, les réfugiés sont pris dans le drame du sous-développement. Leurs besoins, et ceux des pays qui les accueillent, obligent le HCR et le PNUD à oeuvrer énergiquement ensemble dans une approche commune. Je suis sûr que les progrès encourageants dont nous avons été les témoins dans ce domaine depuis l'an dernier donneront le ton aux années à venir.