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Déclaration de M. Jean-Pierre Hocké, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la réunion informelle des Représentants permanents des Etats membres du Comité exécutif, (Genève, le 26 et 27 mars 1987)

Discours et déclarations

Déclaration de M. Jean-Pierre Hocké, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la réunion informelle des Représentants permanents des Etats membres du Comité exécutif, (Genève, le 26 et 27 mars 1987)

27 Mars 1987
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Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs,

C'est un grand plaisir pour moi de vous souhaiter la bienvenue à cette réunion informelle. Comme je l'ai dit auparavant, j'attache une grande valeur à ces occasions qui me sont données d'avoir un échange de vues franc et constructif avec les membres du Comité exécutif en dehors du cadre formel de notre session annuelle. Je regrette qu'un enchaînement de circonstances ait rendu impossible notre réunion traditionnelle de janvier, mais je suis convaincu que la qualité et la portée de nos discussions tout au long de ces deux journées en compenseront le côté tardif.

Cette rencontre prend pour moi un relief tout particulier, car il s'est passé un certain nombre de choses depuis que je me suis adressé à vous en octobre 1986. Il va sans dire que nous avons eu, depuis lors, de nombreuses occasions de nous rencontrer et de poursuivre le dialogue, ne serait-ce qu'à journée « Portes ouvertes » de janvier 1987. Néanmoins, la réunion d'aujourd'hui me semble venir à pont nommé pour dresser un bilan, vous tenir pleinement informés de l'évolution et des perspectives de la mission du HCR, répondre à vos questions et préoccupations, et poser quelques jalons supplémentaires qui vous aideront à mieux comprendre et soutenir les activités du Haut Commissariat. Pour informelle que soit cette réunion, elle n'en sera pas moins substantielle.

Au cours des cinq mois qui Secrétaire sont écoulés depuis notre dernière réunion, j'ai pu me rendre compte par moi-même d'un éventail de situations de réfugiés, notamment en Amérique centrale, et j'ai pu m'entretenir avec les représentants de plusieurs gouvernements s'intéressant à la cause des réfugiés, par exemple, lors du Sommet islamique et plus récemment en République islamique l'Iran, en Scandinavie et au Saint-Siège. Ce processus constant de mise à jour des informations sur les situations de réfugiés est absolument indispensable pour le Haut Commissaire et son personnel. Il nous faut, en effet, rester en prise avec la réalité et empoigner résolument les problèmes de réfugiés si nous voulons nous acquitter de notre mission au mieux et faciliter ainsi la tâche aux gouvernements. Vous vous rappelez sans doute le souci que je partageais avec nombre d'entre vous en 1986 quant à la nécessité d'éviter la stagnation de la situation d'ensemble des réfugiés et de s'engager résolument dans la voie des solutions. Malgré les obstacles que nous trouvons toujours sur notre chemin et la force d'inertie qu'engendre inéluctablement le marasme, la recherche de solutions reste le leitmotiv de notre action.

Bien que je veuille me garder d'abuser du temps du Comité exécutif en réitérant les préceptes que je vous déjà exposés l'année passée, j'estime nécessaire de réaffirmer les grandes lignes d'action qui continueront d'être les miennes.

A mon sens, le HCR doit agir à trois niveaux. Tout d'abord, concernant les situations d'urgence, il convient d'améliorer les dispositifs d'information d'alerte ainsi que la préparation aux situations d'urgence. Nous suivons de très près la situation en Afrique australe à cet égard et élaborons, à l'heure actuelle, un certain nombre de dispositifs d'intervention d'urgence, en coordination étroite avec d'autres institutions du système des concernés. En deuxième lieu, il est vital de réagir de façon efficace face aux situations d'urgence. Lorsque, par exemple, nous avons reçu en septembre de l'année dernière des rapports faisant état de l'arrivée de quelque 70 000 Mozambicains au Malawi, une délégation de haut niveau conduite par le Haut Commissaire adjoint s'est rendue dans ce pays pour procéder à une évaluation initiale de la dimension du problème, dès que le Gouvernement a exprimé le souhait de voir intervenir le HCR. Au cours de sa visite, le Gouvernement du Malawi a accepté que le HCR exécute un programme et établisse une présence, initialement sus la forme d'un renforcement du bureau du PNUD. Il était de toute évidence fondamental de prendre des mesures rapidement afin d'évaluer les besoins et de déterminer les dispositions requises. Nous avons donc envoyé une mission comprenant le chef de notre Service d'appui technique, un ingénieur en hydrologie et un spécialiste de santé publique ainsi que l'administrateur de secteur géographique au siège, afin d'entreprendre une étude approfondie du problème et de recommander des mesures. Dès que le rapport de mission a été présenté au Gouvernement, le HCR a immédiatement établi sa présence, conformément à l'accord préalable, en vue de lancer un programme d'assistance. Le nombre d'arrivées au Malawi s'élève à 150 000 personnes et l'afflux Secrétaire poursuit. Nous travaillons désormais sur un chiffre de planification de 210 000 personnes. Je crois que cette situation, toujours en évolution, constitue une mise à l'épreuve classique de la flexibilité et de l'adaptation dont doit faire preuve le HCR face aux situations d'urgence, ainsi que de sa capacité de réaction dans une situation dynamique - en coopération étroite, bien entendu, avec le Gouvernement et nos partenaires opérationnels, à qui il incombe d'exécuter nos programmes sur le terrain.

Cependant, les secours d'urgence ne sont pas et ne peuvent être l'essence et la quintessence de notre travail. Nous devons passer rapidement de la phase d'urgence aux mesures visant à améliorer les conditions prévalant dans les camps ; fournir des services d'approvisionnement en eau et d'assainissement ; dispenser des soins de santé publique préventifs ; encourager la participation des réfugiés, nous lancer dans des activités d'éducation afin d'éviter le gaspillage dramatique du potentiel de la jeunesse réfugiée. Ce sont là des mesures qui valent tant pour les situations de réfugiés existantes que pour les situations nouvelles ; ce sont des mesures que nous essayons de prendre depuis plusieurs mois en Somalie. Je suis heureux de vous dire que nos efforts dans cette région ont enfin débouché sur le transfert des réfugiés de Tug Wajale vers un site plus adéquat. J'espère que cette opération, ainsi que les mesures que nous avons commencé de prendre, marqueront le début d'un processus par lequel nous pourrons améliorer la sécurité et la santé des réfugiés.

Le défi qu'il nous faut ensuite relever est d'aller plus loin, de parvenir à un degré d'autosuffisance qui permette aux réfugiés de se sentir maîtres de leur destin. C'est un point crucial si nous voulons éviter le syndrome de dépendance qui entrave la capacité du réfugié à trouver un solution durable à son sort, atténuer le ressentiment de la population autochtone à l'égard des réfugiés qui lui donnent l'impression de recevoir une assistance sans apporter en contrepartie leur contribution, et, dans toute la mesure du possible, réparer les dommages causés à l'environnement et essayer de compenser en partie les charges imposées par la présence des réfugiés. Le Pakistan constitue un exemple marquant à cet égard, du fait qu'un certain nombre d'activités réparatrices et génératrices de revenus ont été menées à bien avec succès et que la Banque mondiale s'est récemment lancée dans préparation de la deuxième phase de ce projet largement plébiscité. Nous ferons le nécessaire pour veiller à ce que le Pakistan ne reste pas le seul exemple d'activités d'autosuffisance conduites avec succès et pour que des programmes de ce type soient vivement encouragés ailleurs. Un premier pas a déjà été franchi au Soudan oriental, en Somalie et au Tchad.

Les pays d'asile eux-mêmes devraient avoir tout intérêt à encourager de tels programmes, car ils obéissent au concept de l'aide aux réfugiés orientée vers le pays hôte que la CIARA II a approuvé. Le HCR s'est employé activement à assurer le suivi de la CIARA II qui a connu quelques revers au cours de la situation d'urgence de 1984-86 mais qu'il ne faut pas laisser aller à la dérive. Le meilleur moyen d'éviter une telle issue semblerait être l'intégration complète de la composante des réfugiés dans le suivi de la Session spéciale des Nations Unies sur l'Afrique. Pour notre part, nous mettrons toute notre énergie à concevoir et lancer, dans toute la mesure du possible, de tels programmes d'autosuffisance ou d'activités génératrices de revenus, à assurer leur financement et à essayer d'aider les pays d'asile à offrir l'hospitalité à la plupart des réfugiés du monde. Toutefois, nous ne devons pas nous bercer d'illusions : le plus grand des succès en la matière ne signifiera jamais autre chose qu'un certain niveau d'autosuffisance ou de revenus pour les réfugiés.

S'il est vrai que ce sont là les principales approches du HCR dans les pays de premier asile, il n'en reste pas moins qu'elles doivent s'accompagner d'une évaluation des besoins précise et rigoureuse. Une fois de plus, j'aimerais citer le cas de la Somalie où, de façon exemplaire et avec l'entière coopération des autorités, un recensement détaillé a eu lieu à Tug Wajale, avec les conséquences pratiques que cela suppose au plan de l'efficacité de notre programme d'assistance. Je suis heureux de pouvoir vous annoncer aujourd'hui que le principe d'un nouveau décompte de la population réfugiée globale en Somalie vient juste d'être accepté. Je crois qu'une telle opération, que ce soit en Somalie ou ailleurs, aide le gouvernement hôte, la communauté internationale des donateurs et le HCR à se faire une idée précise de la dimension et de la nature du problème ainsi que des mesures quantitatives et qualitatives qui doivent être prises pour y remédier.

L'action du HCR se situe à un troisième niveau : les solutions durables. Il est absolument essentiel que ces solutions soient envisagées dès le début d'une situation de réfugiés. Le risque de créer un climat psychologique où les problèmes humanitaires ne peuvent plus être dissociés des problèmes politiques est d'autant plus grand que l'on aura omis ou retardé l'étude de la question des solutions durables. C'est pourquoi nous n'avons pas hésité à envisager des solutions même devant les problèmes qui semblent les plus insolubles et les plus inextricables ; nous pouvons citer à cet égard la situation en Indochine et en Amérique centrale, d'une part, et les récents exodes des ressortissants d'Irian Jaya vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée, d'autre part. Il est naturellement de la plus haute importance de s'employer à la recherche de solutions dans le contexte de règlements politiques globaux. Mais il est tout aussi nécessaire d'être prêt à trouver des solutions avant même que ces règlements n'interviennent si les conditions sont propices à la recherche de solutions durables adaptées à certains groupes de la population réfugiée. Lorsque, par exemple, des réfugiés isolés ou des petits groupes s'adressent au HCR pour lui exprimer leur souhait d'être rapatriés, même avant un règlement politique global dans le pays d'origine, nous devons tout faire pour leur faciliter le retour dans des conditions appropriées. Ici, je pense par exemple à ceux qui ont opté pour le rapatriement depuis le Honduras vers le Nicaragua et El Salvador, ainsi que depuis Djibouti ou vers le Mozambique. Le rapatriement est indubitablement la solution durable idéale et l'option que le HCR doit mettre en oeuvre et favoriser dans le respect entier des principes fondamentaux du consentement, de la sécurité et de la dignité.

A ce propos, il me faut souligner l'importance vitale de créer des conditions propices au retour. Cet impératif va bien au-delà d'un simple engagement du HCR; il faut un effort conjoint des gouvernements, des institutions nationales qui ont la confiance des peuples, et du HCR pour assurer le caractère volontaire du rapatriement et satisfaire les aspirations légitimes des réfugiés. Ce précepte vaut pour l'Amérique centrale, pour l'Afrique, et pour n'importe quelle région du monde. Le HCR part du principe que les réfugiés ne doivent rentrer chez eux que lorsqu'ils en ont fait eux-mêmes le choix, en toute liberté, sans aucune coercition et sans le moindre doute quant aux conditions politiques, juridiques, sociales et économiques qui les attendent à leur retour dans leur pays d'origine. Plusieurs pays requièrent une assistance internationale aux fins de réintégration des réfugiés, afin de s'assurer que ceux qui n'ont plus de motifs politiques de rester à l'étranger n'allèguent pas de raisons économiques pour fuir à nouveau. Je crois que nous avons vu une claire illustration de ce problème lors des opérations récentes et actuelles de rapatriement vers l'Uruguay et le Guatemala. Une action appropriée dans ce domaine va souvent au-delà de ce que le HCR peut faire lui-même. Il faut avoir recours à d'autres institutions internationales et donateurs bilatéraux pour la fourniture d'une assistance aux pays d'origine et aux communautés hôtes afin de leur faciliter la tâche de réinsertion des rapatriés. C'est là l'une des principales raisons pour lesquelles nous nous efforçons d'obtenir l'appui du PNUD et d'autres agences internationales de développement afin de garantir l'aspect durable de cette solution.

L'intégration locale fait également figure de solution vitale puisqu'elle implique l'installation des réfugiés dans des pays qui, pour le groupe de réfugiés, présentent des similitudes ethniques, linguistiques et culturelles. Ces facteurs n'impliquent en aucune façon que l'intégration sur place soit une chose facile, ou une solution sans problème du point de vue du pays hôte. Bien au contraire, le pays d'asile doit déployer de grands efforts pour accueillir les réfugiés aux fins d'intégration. L'Afrique a appliqué cette politique d'intégration sur place avec une générosité d'esprit et un sens du partage que l'on peut ériger en exemple. Le Soudan, la République-Unie de Tanzanie, la Zambie et le Zaïre, pour n'en citer que quelques-uns, ont offert cette solution à d'importants groupes de réfugiés. Sur d'autres continents, la Chine et le Mexique peuvent également être cités en exemple. Nul ne saurait nier la nécessité d'une assistance adéquate aux pays hôtes en matière d'intégration, et c'est ainsi que surgit une fois encore le lien entre l'assistance aux réfugiés et l'aide au développement, comme nous le montre la CIARA II.

La réinstallation reste, bien entendu, une réponse pour ceux qui ne peuvent opter pour le rapatriement ou l'intégration sur place. Tout en reconnaissant qu'il s'agit là d'une solution particulièrement difficile à mettre en oeuvre, il faut rappeler son importance dans le contexte de la protection, particulièrement lorsque la sécurité physique des réfugiés, ou d'un groupe de réfugiés est en péril - un élément qui passe trop souvent au second plan. A cet égard, je souhaite rendre hommage à tous les gouvernements qui ont répondu aux appels du HCR visant à réinstaller d'urgence les réfugiés en situation désespérée, parfois dans les vingt-quatre ou quarante-huit heures. Au cours des derniers mois, ce phénomène s'est également produit sur le continent africain, et je suis très reconnaissant aux pays africains d'avoir accepté des réfugiés venant d'une autre régions du continent en raison des dangers que ces réfugiés y encouraient et faisaient encourir à leurs hôtes.

Cela m'amène à un autre aspect de la réinstallation, souvent méconnu : sa valeur de symbole du partage international de la charge. Nous sommes tous conscients de la façon dont, au cours de la dernière décennie et surtout en Asie du Sud-est, la réinstallation est devenue la valeur sûre qui a permis à un grand nombre de réfugiés d'obtenir un asile temporaire dans les pays qui, en l'absence de promesses de réinstallation, n'auraient pas pu leur octroyer l'asile. La réinstallation est donc une expression de solidarité avec les pays de premier asile, et, à mon avis, cette solidarité est à double sens. Quand les pays qui ont traditionnellement offert un havre aux réfugiés prennent des mesures pour fermer leurs portes à de nouveaux groupes de réfugiés, leur attitude n'a pas que des répercussions néfastes sur les personnes en quête d'asile de bonne foi, mais aussi sur la volonté des pays de premier asile de laisser leurs portes ouvertes. Je vois déjà quelques signes précurseurs d'une telle évolution et j'en suis consterné.

La situation en Europe et en Amérique du nord est à cet égard préoccupante, car il est clair que les réfugiés qui arrivent aujourd'hui par avion ne reçoivent pas le même accueil que les réfugiés de la mer dans les années soixante-dix ou les personnes qui franchissaient à pied les frontières de ce continent dans les années cinquante. Il est impossible de surestimer l'importance d'une solidarité globale sur le principe de l'asile. Nous avons vu, ces derniers mois, un certain nombre de pays d'Europe occidentale adopter et appliquer des mesures juridiques et administratives destinées à décourager les demandes abusives. Pour compréhensible que soient ces mesures, elles doivent être considérées sous l'angle de leurs conséquences et des difficultés croissantes qu'elles posent aux réfugiés et aux personnes en quête d'asile. Si je peux m'engager à dire que le Haut Commissariat continuera de tenir compte des réalités actuelles, y compris des préoccupations légitimes en Europe et ailleurs, il me faut néanmoins insister sur le fait que les principes fondamentaux en matière de protection ne peuvent et ne doivent pas faire l'objet de compromis. J'en appelle donc, une fois de plus, aux gouvernements pour qu'ils s'efforcent, dans le cadre du processus de consultations amorcé et poursuivi par quelques gouvernements et le HCR, d'arriver à des solutions qui satisferont les besoins et les droits des réfugiés et demandeurs d'asile.

L'octroi d'une protection internationale aux réfugiés reste la pierre angulaire du travail quotidien de mon Office dans toutes les régions du monde. Je sais que nombre d'entre vous partagent ma préoccupation au sujet du très grave problème des attaques militaires et armées contre des camps et zones d'installations de réfugiés. Ces attaques continuent de se produire, les exemples les plus récents étant le bombardement aérien du camp de réfugiés, assisté par le HCR, de Matasangar dans le district de Kurram (Province frontière du Nord-Ouest) le 27 février, ainsi que le bombardement d'un autre camp situé à Chitral dans la même province, le 3 mars. Parmi les victimes de ces attaques, on a dénombré 45 morts, 92 blessés et deux disparus. Au nombre des morts, figurent sept membres du personnel du Bureau du Commissaire pour les réfugiés afghans, qui est le partenaire d'exécution du HCR au Pakistan. D'un point de vue humanitaire, je ne peux que condamner ces violations flagrantes de la sécurité des réfugiés relevant de mon mandat. Bien qu'il soit clairement établi que les réfugiés doivent être tenus à l'écart du conflit actuel, j'espère vivement que les négociations en cours sous les auspices des Nations Unies connaîtront prochainement un dénouement heureux et que les réfugiés pourront finalement regagner leur foyer dans la paix.

Vous vous rappellerez que la trente-septième session du Comité exécutif a demandé à son Président et au Haut Commissaire « de poursuivre les consultations sur cette question, de suivre l'évolution de la situation et de soumettre à la trente-huitième session du Comité exécutif des rapports détaillés conformément à leurs mandats respectifs eu égard aux différents aspects du problème », session qui se tiendra cette année en octobre. A cet égard, le Haut Commissariat conduit une étude sur les principes généraux et les règles de droit relatifs aux attaques militaires et armées contre les camps et zones d'installation de réfugiés. Cette étude a permis de dégager quatre projets de conclusions : tout d'abord, ces attaques constituent une violation du droit international ; en second lieu, en droit international le concept du réfugié se fonde sur le caractère civil et non combattant des personnes cherchant refuge ; en troisième lieu, le HCR doit impérativement, toujours aux termes du droit international, offrir une protection dans le contexte d'attaques militaires et armées, et en quatrième lieu, les réfugiés ont, en droit international, un droit à la sécurité physique, d'où la nécessité d'accorder davantage d'attention à ce domaine des droits du réfugié. Dans le contexte des travaux du Comité exécutif, le HCR a besoin de votre aide pour réunir ces quatre principes dans un texte de consensus.

Dans le contexte de la Déclaration de Kigali, en novembre 1986, sept pays africains ont fait une contribution des plus précieuses en mettant en relief le caractère essentiel de la conduite du réfugié ainsi que la nature strictement apolitique de leur environnement immédiat. A la lumière de ces développements, le Haut Commissariat prépare actuellement un ensemble de propositions concrètes sur la façon de procéder en la matière. J'espère être en mesure d'y revenir devant vous dans un proche avenir.

Sur un certain nombre de questions présentant un intérêt particulier pour le Comité exécutif, par exemple, les femmes réfugiées et le rapatriement librement consenti, des documents d'information spécifiques et détaillés précisant la doctrine du HCR ont été élaborés et diffusés sur le terrain. Nous avons déjà mis sur pied un groupe de travail chargé examiner les besoins des enfants réfugiés vulnérables et nous sommes en train d'élaborer des directives et des programmes spécifiques pour y répondre. Les femmes et les enfants représentent environ 75 pour cent de la population réfugiée dans le monde et aucun effort ne sera épargné pour satisfaire leurs besoins essentiels. Dans toute la mesure du possible, les femmes réfugiées prennent part aux cours de formation, aux activités génératrices de revenus et à différents aspects des programmes de santé et d'éducation. Mais il est très préoccupant que le succès de programmes ambitieux visant à assister les femmes et les enfants soit si souvent hypothéqué par le simple fait que ces réfugiés particulièrement vulnérables doivent consacrer chaque jour tant d'heures et d'énergie à l'approvisionnement en eau et en bois.

Ici, au HCR, nous nous attachons également à résoudre les problèmes fondamentaux. Il est clair que nous devons avoir à la fois la capacité d'action et les outils que réclament les circonstances actuelles, qui satisfont vos exigences et qui répondent à nos besoins. Cette capacité est évidemment celle du personnel du HCR au siège et sur le terrain, c'est-à-dire, des fonctionnaires de toutes les catégories, ainsi que les outils dont ils disposent. Vendredi, lorsque nous étudierons les problèmes de gestion et le Plan d'action, je ferai quelques remarques introductives, surtout concernant les mesures que nous avons prises au début de l'année - mesures qui permettent aux cadres de différents services d'identifier les obstacles au fonctionnement effectif de la structure mise en place l'année passée et de définir les méthodes et les procédures pour les surmonter. Nous pourrions les examiner demain, en même temps qui le Plan d'action diffusé en janvier et discuté lors de la dernière journée « Portes ouvertes », et que le document d'information que vous avez reçu au début de cette semaine.

A ce stade, permettez-moi simplement de dire que nous avons pris rapidement des mesures en 1986 pour établir au siège une structure d'organisation mieux orientée vers nos opérations sur le terrain, une tâche qui, je dois le reconnaître, n'a pas été aisée. Elle ne fonctionne pas encore entièrement comme nous l'aurions souhaité, loin s'en faut ; d'où l'opération de réglage amorcée au début de cette année - le Programme d'action de gestion (PAG) dont une description est donnée dans le document devant vous, aujourd'hui. Le succès de cette entreprise se mesurera à sa capacité d'insuffler, par le biais de la relation hiérarchique, le principe de direction nécessaire à l'amélioration des communications, à l'instauration de la confiance et à la promotion du travail d'équipe parmi notre personnel travaillant au service des réfugiés.

Quant au Plan d'action en soi, nous sommes concentrés sur les tâches les plus urgentes : l'adoption d'outils nécessaires à l'amélioration des besoins des réfugiés, la planification, l'exécution et le suivi des programmes d'assistance ; une approche graduelle face à la formation du personnel qui doit accomplir des tâches exigeante, ainsi qu'un accent particulier sur le contrôle financier des dépenses. Nos vérificateurs des comptes ont fait remarquer à plusieurs reprises nos déficiences au niveau de la gestion des programmes et des finances et demandé des réformes et des améliorations de fond. Le souhait du Comité exécutif a rejoint leur préoccupation. De plus, je voudrais ajouter que la nécessité de ces réformes était perçue depuis longtemps par certains des plus dévoués parmi les fonctionnaires du HCR. Ma tâche, et celle de la direction du HCR, est principalement d'avoir la hauteur de vue et la volonté requises pour mettre ces bonnes idées en pratique.

Les principaux instruments de gestion sont désormais en place. Nous sommes en train de les mettre au point afin de les adapter à nos besoins et de former en même temps leurs utilisateurs. Les choses prennent forme. Nous avons déjà enregistré des améliorations patentes au niveau des achats, comme vous l'avez entendu en janvier. Cependant, nous sommes encore loin de nos objectifs ultimes.

Cet effort d'ensemble ne peut être achevé ni couronné de succès en quelques mois. C'est un processus qui s'étalera nécessairement sur plusieurs années - le temps que les êtres humains qui doivent faire fonctionner le système, c'est-à-dire, les femmes et les hommes du HCR, s'adaptent et se sentent à l'aise tout en assumant leurs responsabilités quotidiennes. Il nous faut du temps, mais je tiens vous dire clairement que le Haut Commissaire ne demande pas un chèque en blanc. En 1987 comme en 1986, nous fixerons et annoncerons nos objectifs intermédiaires et vous ferons rapport sur l'avancement des travaux ainsi que sur les mesures correctrices qu'il nous faudra prendre. Nous adopterons surtout une approche d'ouverture à votre égard, à l'égard du Comité exécutif, même au risque de vous donner, comme certains d'entre vous l'ont dit en janvier, plus d'informations que vous n'en avez demandé.

Des changements ont été et sont encore introduits dans tous les domaines de nos activités. En conséquence, le personnel du HCR traverse une période d'essai dont vous avez peut-être entendu quelques échos. C'est un sujet auquel j'accorde une grande attention. Le document devant vous confirme, s'il en est besoin, que nous sommes conscients de nos problèmes et que nous cherchons sans cesse à las résoudre. Je voudrais réaffirmer aujourd'hui la profonde conviction selon laquelle l'accomplissement de notre mission repose en dernier ressort sur les hommes et les femmes qui travaillent au HCR. La plupart des membres de mon personnel ont prouvé, jour après jour, leur capacité et leur engagement. J'entends faire de mon mieux pour veiller à ce qu'ils canalisent leur énergie de façon efficace vers la solution des grands problèmes auxquels le Haut Commissariat est confronté.

Quelques mot, maintenant, sur les effectifs. Nous n'avons pas encore procédé, comme vous avez peut-être pu l'espérer, à des réductions considérables du nombre de postes, particulièrement à Genève. Suite à la réorganisation, nous avons délibérément choisi de donner à nos collègues un moment de répit, si je peux me permettre l'expression. Cette pause est d'autant plus nécessaire que nous avions dû décharger de leurs fonctions habituelles les plus imaginatifs d'entre eux pouf forger les outils modernes de gestion que nous voulions nous donner. Nous avons demandé l'aide de consultants à la seule fin de bénéficier d'un appui et de disposer d'un jugement indépendant. L'aboutissement de nos efforts conjoints est donc un produit sur mesure. Alors qu'une partie importante du personnel au siège prépare l'avenir, les autres doivent continuer à faire face aux pressions quotidiennes, anciennes et nouvelles, sur toute la surface du globe. C'est pourquoi nous avons dû créer ou confirmer des postes pour renforcer notre capacité opérationnelle sur le terrain, particulièrement en Afrique, en Amérique latine et en Europe, ainsi que notre capacité globale au siège. Pour les quatre-cinquième, les créations de postes, dont le document qui vous a été distribué donne la ventilation, répondent à cet objectif.

La croissance zéro, oui, mais pas au prix de la stagnation, comme je vous l'ai dit en octobre dernier. Faire avancer le HCR, le rendre plus dynamique, c'est une gageure qui ne va pas sans dépenses additionnelles du moins à court et moyen terme, pour se donner et renforcer les ressources humaines dotées des compétences techniques requises. La modernisation se paie. Dans le document d'information, nous avons essayé de calculer ses coût pour l'année 1987. Mais nous devons voir ces dépenses comme un investissement indispensable et prudent pour l'avenir. Nous avons également essayé d'évaluer les avantages avec précision et en toute honnêteté.

Au cours des six premiers mois de l'année passée, le HCR a vu fondre sur lui un train de mesures le transformant à très grande vitesse. Au cours des neuf mois suivants, ce TGV a pris des allures d'omnibus, s'arrêtant dans toutes les gares pour permettre aux passagers de se dégourdir les jambes et de découvrir un paysage neuf. Aujourd'hui, il faut repasser à la vitesse supérieure.

Toutefois, si nous appuyons sur l'accélérateur, ce n'est pas pour soulever un nuage de poussière tel que vous ne puissiez suivre notre trajectoire. Nous serons transparent ; nous serons clairs. Toutefois, la clarté ne doit pas se substituer à l'économie. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à mon personnel de réfléchir sur les dimensions d'une structure d'encadrement du HCR. C'est la structure de base requise pour gérer les activités actuelles, à la condition qu'aucune situation d'urgence semblable à celle de Thaïlande en 1979 ou à celle du Soudan en 1985 ne surgisse. Un tel modèle de structure d'encadrement nous aidera à définir l'ampleur de nos effectifs conformément au volume de nos opérations, ce que j'ai appelé le principe de l'accordéon. Comme vous le savez, l'accordéon s'ouvre et se referme tout en produisant de la musique. Je sais que la musique sera plus douce à vos oreilles lorsque l'accordéon se refermera mais il faut reconnaître que ce ne fut pas toujours le cas. En général, les créations de postes n'ont pas été compensées par des suppressions, même lorsque les programmes connaissaient un ralentissement ostensible. Le personnel d'encadrement recevra donc une formation plus poussée afin d'être mieux à même d'évaluer le travail et de fixer les priorités au lieu d'avoir le réflexe de créer des postes. Un effort tout particulier sera déployé dans les mois à venir afin de préciser ce principe de l'accordéon et de le mettre en pratique.

A la session d'octobre du Comité exécutif, vous nous avez exhortés à prendre des mesures pour améliorer les conditions de service du personnel du HCR sur le terrain. L'un des acquis précieux de mes fréquents voyages fut de me rendre compte par moi-même du haut niveau de dévouement du personnel sur le terrain. J'ai pu également constater de visu l'aspect très austère et souvent démoralisant de l'environnement dans lequel ils vivent et travaillent. J'ai donc décidé de m'engager personnellement à leur garantir de meilleures conditions de vie et de travail. Le document que nous avons préparé à l'intention de cette réunion fait état d'initiatives qui ont été ou sont actuellement prises à trois niveaux - aux niveaux du HCR, du système des Nations Unies dans son ensemble et du Comité exécutif - pour trouver des solutions à ce problème. Depuis octobre, j'ai déjà approuvé des mesures internes en faveur du personnel sur le terrain, notamment dans les domaines de la santé, du reclassement des lieux d'affectation, des missions préalables à l'affectation et des droits de transport. Je tiens à souligner que toutes ces mesures sont prises dans le cadre de règlements existants des Nations Unies, bien qu'elles fassent l'objet d'une interprétation et d'une application flexibles. En outre, un groupe de travail étudie d'autres possibilités d'action qui vous ont été décrites dans le document d'information et qui devraient constituer les fondements des recommandations que nous soumettrons au Comité exécutif en octobre.

Jusqu'à présent, nous avons discuté des fins. Peut-être est-il temps maintenant d'envisager les moyens. Le financement des programmes du HCR est une question cruciale, et je souhaite exprimer ma reconnaissance à toutes les parties qui n'ont pas failli à la tradition d'un appui financier important au Haut commissariat. Au moment de mon entrée en fonctions, la communauté donatrice était aux prises avec les dures réalités de la conjoncture économique prévalente ainsi qu'avec les nombreuses sollicitations imputables à la situation d'urgence en Afrique. Il m'est apparu à l'époque que les donateurs devaient recevoir toutes les assurances quant à notre responsabilité financière si nous ne voulions pas rompre avec cette tradition. Je pense que la réponse si généreuse de la communauté donatrice face aux besoins du HCR en 1986 est à mettre, pour une part, au crédit des efforts que nous avons faits pour améliorer nos systèmes de comptabilité et de gestion financière.

Vous vous rappelez qu'en 1986, nous avons révisé à 315 millions de dollars E.U. nos besoins au titre des Programmes généraux, par rapport à l'objectif initial de 330 millions de dollars E.U. approuvé par le Comité exécutif, à l'issue d'une évaluation rigoureuse de nos objectifs de programmes à la mi-année. Grâce aux généreuses contributions des donateurs, nous avons bouclé l'année sur le chiffre final de 274 millions de dollars E.U. au titre des dépenses, avec un modeste report de quelque 24 millions de dollars pour 1987, tous nos besoins au titre des Programmes généraux ayant été couverts. Voici comment nous aimerions procéder désormais : réaliser des économies et rationaliser les programmes grâce à des révisions d'objectifs aussi fréquentes que rigoureuses, sans toutefois que cela se fasse au détriment des réfugiés. Je tiens à vous dire ma satisfaction de voir que nos besoins ont été couverts, en dépit des préoccupations exprimées lors du Comité exécutif en octobre de l'année passée, quant au trou important qu'il restait à combler pour financer les programmes du Haut Commissariat.

En même temps, seul un soutien financier permettant de garantir des ressources de trésorerie suffisantes pour la mise en oeuvre de ses programmes actuels peut donner au HCR l'assise financière qu'il convient. Cela implique l'annonce de contributions fermes permettant de couvrir nos besoins pour les six mois à venir, et des liquidités suffisantes à tout moment pour couvrir les dépenses opérationnelles des trois mois à venir. Une fois ce but atteint, le temps et l'énergie que nous consacrons actuellement aux questions de financement pourraient être reportés sur la mise en oeuvre de programmes et l'amélioration des rapports. Le HCR a besoin de ce type de sécurité financière et je suis très heureux de dire que nombre de gouvernements donateurs sont en passe de nous l'accorder. Je prie instamment tous les gouvernements d'en faire de même.

Lors de la Conférence annuelle d'annonces de contributions en novembre, les gouvernements donateurs ont promis le montant impressionnant de 131 millions de dollars sous la forme de contributions. Les annonces de contributions ont éclairci l'horizon du HCR pour le premier trimestre de 1987 et nous ont permis de nous atteler à la tâche avec confiance.

Une stabilité financière adéquate repose largement sur ce type de réaction, c'est-à-dire, sur le maintien des niveaux établis d'appui financier. Le problème revêt encore une autre dimension. Pour certains gouvernements, cela implique une augmentation de leur contribution, afin d'aligner leur soutien financier au HCR sur leur intérêt politique pour les questions de réfugiés. Il est également vital de procéder tôt dans l'année au transfert de fonds et, surtout, de mettre à disposition sous forme de contributions non affectées le pourcentage de fonds le plus élevé possible. Vous comprendrez, j'en suis sûr, que le mouvement des fonds destinés à l'assistance aux réfugiés serait facilité si certains gouvernements envisageaient sérieusement de rationaliser leur réglementation financière et leurs exigences en matière de rapports. A cet égard, je voudrais prier les gouvernements d'accepter les rapports standard améliorés que produit actuellement le HCR concernant l'utilisation des ressources qui sont mises à sa disposition, au lieu d'exiger des rapports distincts pour chaque contribution, car c'est là une tâche qui implique l'affectation d'un pourcentage excessif de ressources humaines rares.

Mesdames et Messieurs, la situation financière actuelle du HCR est la suivante : les contributions pour 1987 reçues à ce jour, alliées aux fond reportés, laissent apparaître un solde de 205 millions de dollars E.U. Cela représente 57 pour cent de nos besoins au titre des Programmes généraux pour 1987, sur un objectif de 360 millions de dollars E.U. approuvé par le Comité exécutif. Il nous faut donc encore recevoir 155 millions de dollars pour couvrir nos besoins au titre des Programmes généraux.

Nos besoins totaux au titre des Programmes spéciaux de 1987 n'ont pas encore été établis de façon formelle. Des appels spéciaux d'un montant total de 4,4 millions de dollars E.U. ont été lancés pour les programmes en Asie du Sud-est - pour les rapatriés lao ainsi que pour le Programme d'organisation méthodique des départs. Un appel a également été lancé pour les opérations spéciales au Malawi et au Mozambique, pour un montant total de 3,5 millions de dollars. D'autres appels spéciaux seront diffusés dans un avenir proche pour le rapatriement librement consenti des Tchadiens et des Ethiopiens. Plus tard dans l'année, des appels pourraient se révéler nécessaires pour l'Amérique centrale, car nous continuons à y mener à bien des opérations spéciales d'assistance au rapatriement librement consenti.

En conséquence, nous pouvons donc escompter une réduction considérable des besoins au titre des Programmes spéciaux par rapport aux années précédentes. Je suis sûr que nous espérons tous qu'aucune nouvelle situation d'urgence ne nous oblige à modifier nos plans.

Par ailleurs, il est de notre devoir d'utiliser vos contributions à bon escient, en veillant à éviter tout chevauchement avec les efforts d'autres organismes. A ce propos, je voudrais souligner que le Haut Commissariat et moi-même, personnellement, nous étions engagés par les initiatives proposées dans le rapport du Groupe des 18 chargé de rationaliser les activités du système des Nations Unies et, en particulier, de ses institutions humanitaires et agences de développement. Comme le décrit le document d'information, nous coopérons activement avec un grand nombre d'agences et nous sommes désireux de renforcer notre collaboration. Nous sommes prêts à développer et préciser nos accords avec d'autre institutions et à travailler étroitement avec elles dans les domaines de la formation, de la réaction face aux situations d'urgence et de la planification de programmes, selon les cas. Nous nous efforçons d'améliorer les modalités existantes de travail avec d'autres institutions des Nations Unies. Nous espérons qu'à l'occasion de nouvelles situations d'urgence en matière de réfugiés, toutes les agences concernées coopéreront avec le HCR dès la phase initiale, soit la phase d'urgence. Nous sommes convaincus que des projets liés aux réfugiés seront intégrés dans les plans de développement national, moyennant l'appui financier supplémentaire requis. Nous invitons régulièrement d'autres agences à participer et à s'adresser à nos réunions du Comité exécutif et nous leur saurions gré de nous inviter à prendre part aux réunions de leurs organes directeurs. J'en appelle à vous pour que vous exerciez des pressions afin que le HCR participe de plus près aux tables rondes et aux réunions de groupes consultatifs où le PNUD et la Banque mondiale, respectivement, définissent leurs programmes. Le HCR a proposé l'établissement d'un groupe de travail interinstitutions au sein du système des Nation Unies afin d'élaborer un modèle de coopération institutionnalisée dans le domaine des réfugiés.

Contrairement aux préoccupations qui, je le sais, ont été exprimées dans certains cercles, je suis également heureux de réaffirmer l'engagement du Haut Commissaire à une coopération étroite avec un large éventail d'organisations non gouvernementales dans les domaines de l'exécution de programmes, la protection et la défense de la cause des réfugiés. Naturellement, pour qu'elle conserve tout son sens, cette coopération doit être principalement axée sur les ONG qui ont les compétences et l'expérience acquises pour servir la cause des réfugiés et qui partagent les principes humanitaires du HCR.

Monsieur le Président, je viens de me livrer à un tour d'horizon des préoccupations et défis auxquels mon Office doit faire face en ces temps difficiles. Si j'en ai omis beaucoup, c'est parce que je voudrais avant tout vous écouter et répondre à vos questions. Mes collègues, en particulier les Chefs de Bureaux régionaux, sont également présents et vous donneront, chacun dans leur domaine de compétence, tous les éclaircissements que vous pourriez juger utiles. Je suis sûr que nous allons avoir un échange de vues stimulant et j'espère que nous quitterons tous cette salle, demain, animés d'une énergie nouvelle et convaincus d'avoir franchi ensemble un nouveau pas au service des réfugiés. Les 12 millions d'être humains que nous nous sommes engagés à servir n'en méritent pas moins.