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Sensibilisation aux mines par le théâtre en Ethiopie

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Sensibilisation aux mines par le théâtre en Ethiopie

A l'aide du théâtre, d'acrobaties et de feux d'artifice, le cirque de Sherkole pour l'éducation sur les risques des mines ne distrait pas seulement les réfugiés au camp éthiopien de Sherkole, il les sensibilise aussi à reconnaître et éviter les mines terrestres lors de leur éventuel retour vers leurs villages détruits par la guerre au Sud-Soudan.
15 Septembre 2005 Egalement disponible ici :
L'un des acteurs du cirque marche sur la pointe des pieds vers une « victime » de mines. Les spectateurs rient, pleurent et crient. Il est à espèrer que le message restera ancré dans leurs esprits.

SHERKOLE, Ethiopie, 15 septembre (UNHCR) - Une foule de plus de 500 réfugiés soudanais attend avec impatience que Dawit, âgé de 19 ans, allume un feu d'artifice explosif derrière la scène. En attendant, James, 22 ans, erre sur la scène, imitant une personne âgée de la communauté, provoquant des éclats de rire et se faisant remarquer. BANG ! Dawit a du succès. Au même moment, James se lance avec force en l'air et le cirque a commencé.

Sous le choc et de forts éclats de rire, le public est immédiatement attiré vers James, couché immobile et face au sol. Blessé et secoué par « l'explosion », il se lève doucement pour s'adresser en arabe au public : « Pendant que vous vous amuserez, sachez que ce spectacle contient des messages très importants sur les mines terrestres et les bombes non explosées (UXO), qui constituent une réelle menace pour nous au Soudan. Alors s'il vous plaît, amusez-vous et écoutez, merci. »

Ce spectacle, réalisé par 28 jeunes réfugiés, est le résultat d'un atelier du cirque de Sherkole pour l'éducation sur les risques des mines (MRE) tenu récemment dans le camp de Sherkole, géré par l'UNHCR, dans l'ouest de l'Ethiopie, près de la frontière du Soudan. L'atelier de six semaines inclut la gymnastique, le théâtre, l'écriture de scénario et une formation sur l'éducation sur les risques des mines.

Fernando Protti-Alvarado, le délégué adjoint du Bureau de liaison régional de l'UNHCR pour l'Afrique, basé à Addis Abeba, explique le besoin d'information sur les mines : « Le projet de rapatriement au Sud-Soudan est au point, avec la formation d'un gouvernement d'unité nationale qui a mis fin à plus de deux décennies de guerre civile meurtrière. Mais en plus du manque d'infrastructure, les champs de mines restent la principale arme de dissuasion, d'où l'importance et la pertinence des activités d'éducation sur les risques des mines. »

L'écrasante majorité des réfugiés dans le camp de Sherloke vient du Haut-Nil et des régions du Nil bleu, deux des régions les plus minées au Sud-Soudan. Selon Fernando Protti-Alvarado, nous disposons d'information limitée à une région spécifique pour les rapatriés et seulement d'estimations sur le nombre de champs de mines et d'UXO.

Préalablement au récent atelier, la connaissance des réfugiés sur les champs de mines et d'UXO était principalement basée sur le folklore et les anecdotes.

« Pendant le conflit, ils ont lâché des bombes remplies d'objets qui ressemblaient à des ustensiles de cuisine et ceux qui ont essayé de les utiliser dans la cuisine ont été blessés ou tués par une explosion », a dit George, un dirigeant de la communauté. Il explique que dans le Sud-Soudan rural où les aménagements sont rares, de petits objets de métal comme les UXO peuvent être utiles dans la cuisine. « De telles histoires sont l'unique reflet de l'éducation sur le lakam (mot arabe pour les champs de mines et UXO) dans les camps », soupira-t-il.

Bien que les réfugiés semblent être conscients de la présence de lakam au Soudan, ils ne connaissent aucun détail ou méthode de prévention. L'atelier du cirque MRE cherche à former les réfugiés sur le lakam avec autant de succès qu'une précédente campagne d'éducation du cirque sur le VIH/SIDA dans les camps de Sherloke, plus tôt dans l'année.

« Il n'y a pas grand-chose à faire ici dans le camp et le cirque est aussi bien une distraction qu'un moyen d'éducation », dit James, un jeune réfugié de 24 ans, à propos du cirque éducatif sur le VIH/SIDA de janvier dernier. « Les gens se sont amusés et ont appris beaucoup sur le VIH/SIDA. »

L'un des acteurs du cirque marche sur la pointe des pieds vers une « victime » de mines. Les spectateurs rient, pleurent et crient. Il est à espèrer que le message restera ancré dans leurs esprits.

Le cirque et les ateliers sont mis en place par le cirque Debub Nigat qui a présenté des spectacles, participant à l'éducation des gens dans les communautés rurales et urbaines à travers l'Ethiopie depuis 2003 et maintenant présentent leur spectacle aux réfugiés et personnes déplacées. Les spectacles abordent la sensibilisation sur le VIH/SIDA et d'autres sujets tels que les mutilations génitales des femmes, les dégâts provoqués par l'abus d'alcool ou de drogue, le rapatriement des réfugiés et plus récemment le danger des mines.

En préparation de leur dernier atelier du cirque, une équipe du projet Awassa pour les enfants et du cirque Debub Nigat a fait passer des auditions à l'école primaire de Sherkole. Ils ont rencontré plus de 400 enfants et jeunes. Mais l'excitation et l'affluence ont été trop importantes et les auditions ont dû être annulées pour des raisons de sécurité.

Finalement, 28 enfants et jeunes originaires de différentes tribus ont été sélectionnés pour leur mérite en gymnastique et en théâtre. Pendant six semaines, ils suivront chaque jour un entraînement sur l'éducation au danger des mines et apprendront des rudiments sur la direction, le travail éthique, le travail en groupe et la créativité dont ils auront besoin pour créer et faire vivre un groupe de soutien au cirque à Sherkole.

Le spectacle final présenté montre un groupe de réfugiés lors du rapatriement et les dangers qu'ils ont rencontrés avec les mines et les UXO sur leur route. Tout au long du spectacle, des informations sur le danger des mines sont présentées, qui pourront plus tard permettre aux rapatriés de rester en vie : Comment reconnaître les signes d'alerte qui peuvent indiquer la présence de champs de mines ou d'UXO, comment réagir si l'on se trouve face à une mine ou un UXO et comment éviter les champs de mines, par exemple en ne voyageant pas de nuit, en restant sur les routes principales et en ne laissant pas les enfants jouer avec des objets inconnus.

Le public à Sherkole, pour la plupart des femmes et des enfants, a apprécié le travail réalisé par la troupe. Les spectacles sont présentés dans la joie pour que les réfugiés puissent avec cette première étape entreprendre un voyage sûr jusque chez eux.

A la fin de l'atelier du cirque, les émotions étaient très diverses parmi la troupe. Il y avait beaucoup d'excitation d'avoir pu se produire devant 3 000 personnes, dont amis et familles, et d'avoir pu éprouver un sentiment créatif et de l'émotion - une opportunité rare pour des jeunes d'un camp de réfugiés.

Avec le soutien de l'UNHCR et des agences sur le terrain, le jeune cirque de Sherkole pourrait devenir un outil communautaire essentiel. Il peut également aider les jeunes réfugiés à développer les aptitudes et la confiance dont ils auront besoin pour reconstruire leur pays dévasté par la guerre. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a prévu d'inclure les activités du cirque dans le programme MRE à venir de façon à promouvoir l'éducation contre les dangers des mines par tous les moyens possibles.

L'un des acteurs du cirque marche sur la pointe des pieds vers une « victime » de mines. Les spectateurs rient, pleurent et crient. Il est à espèrer que le message restera ancré dans leurs esprits.

Le camp de Sherkole a été ouvert en 1997 ; il est l'un des 5 camps dans l'ouest de l'Ethiopie qui accueillent au total près de 80 000 réfugiés.

Par John McKay, Sherkole, Ethiopie