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Questions/Réponses : Né en mer, un footballeur devient célèbre en Europe

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Questions/Réponses : Né en mer, un footballeur devient célèbre en Europe

Antonio Rio Mavuba est un footballeur professionnel. Ses parents sont arrivés en France en tant que réfugiés en 1984, mais Rio Mavuba a reçu la nationalité française il y a seulement trois ans. Agé de 23 ans, le milieu de terrain, qui a été sélectionné plusieurs fois dans l'équipe de France, parle de son expérience de réfugié et sportif.
2 Novembre 2007 Egalement disponible ici :
Le milieu de terrain Rio Mavuba (à droite) avec un autre joueur de l'équipe Villareal, une équipe de première ligue en Espagne.

MADRID, Espagne, 2 novembre (UNHCR) - Antonio Rio Mavuba est un footballeur professionnel. Son père, Ricky Mavuba, était milieu défensif de la sélection zaïroise (l'actuelle République démocratique du Congo) à la finale de la Coupe du Monde en 1974. Ses parents sont arrivés en France en tant que réfugiés en 1984 et Rio Mavuba, qui était alors apatride, a reçu la nationalité française il y a trois ans seulement. Le milieu de terrain, âgé de 23 ans, a été sélectionné plusieurs fois par son pays d'adoption et joue actuellement pour le Villareal, un club de première ligue en Espagne. Il s'est récemment entretenu par téléphone avec Francesca Fontanini, chargée des relations extérieures pour l'UNHCR.

Vous êtes né en mer. Comment cela s'est-il passé ?

Je suis né en mer, sur un bateau, au large de l'Afrique de l'Ouest [en mai 1984], alors que ma famille fuyait la guerre civile en Angola [la guerre civile a duré vingt-sept ans, de 1975 à 2002]. Le bateau à bord duquel ma famille avait embarqué pour fuir l'Angola au milieu de la nuit, longeait clandestinement les côtes africaines puis celles de la péninsule ibérique, avant d'atteindre le port de Marseille, en mars 1984. C'est au cours de ce long périple que je suis né apatride. Ma mère, qui se prénommait Thérèse, était de nationalité angolaise.

C'est sur ce bateau, voguant sur les eaux froides de l'Atlantique, que mon père Ricky, m'a prénommé Rio (fleuve).

Votre passeport porte la mention « né en mer ». Cela vous a-t-il causé des problèmes ?

En général non. Quand les gens voient cette mention, ils sourient. Le fait que j'aie été sélectionné dans l'équipe de France m'a, bien sûr, beaucoup aidé pour faire accélérer la procédure administrative [pour obtenir la nationalité française].

En septembre 2004, j'avais alors 21 ans, l'entraîneur de l'équipe de France, Raymond Domenech, a souhaité me sélectionner dans l'équipe des Bleus pour un match contre Israël, mais il fallait que je sois naturalisé français pour jouer ce match qualificatif de la Coupe du monde.

J'étais très agacé.... Heureusement, la médiatisation de mon histoire a fait accélérer mon dossier. Maintenant, je suis comme tout le monde. J'ai perdu un peu de ma différence, de mon originalité, mais mon histoire est en moi.

Tous les jours, des Africains arrivent sur la côte espagnole dans de frêles embarcations. Que pensez-vous de ce phénomène ?

Il s'agit d'images vraiment fortes. Ces personnes partent de très loin en abandonnant tout, leur famille, leur maison, leur travail, leurs amis, etc. Elles espèrent trouver une vie meilleure dans un autre pays en risquant tout et en perdant tout ce qu'ils avaient. Le nombre des morts en mer est une tragédie, dont on ne connaît même pas le chiffre réel.

Quelle serait la solution à ce problème ?

La solution serait de trouver un compromis entre les pays d'origine et les pays de destination finale pour aider ces personnes et leur garantir une vie meilleure dans leur pays, pour qu'ils ne doivent pas fuir la guerre ou le danger.

Comment s'est passée votre intégration en France ?

Tout s'est bien passé à Bordeaux, où j'habite. Il y a beaucoup de nationalités, surtout des personnes originaires des pays d'Afrique du Nord, alors la ville était déjà plutôt ouverte pour accueillir les étrangers. Je me suis bien intégré dans mon équipe de football, les Girondins de Bordeaux.

Pour ma mère, c'était un peu plus difficile d'apprendre la langue. Elle a pris des cours de français et son intégration en a été facilitée. Elle est morte quand j'avais deux ans. Mon père s'est remarié et c'est ma belle-mère qui m'a élevé, ainsi que mes 11 frères et soeurs.

Vos onze frères et soeurs habitent dans toute la France. Pour eux, la vie en France se passe bien ?

Oui, pour eux, c'était assez facile du point de vue de la culture et de la langue. La difficulté majeure qu'ils ont rencontrée concernait surtout les procédures administratives. J'ai obtenu la nationalité en septembre 2004, après vingt années passées dans la peau d'un apatride.

Etes-vous déjà rentré dans le pays de votre père ?

Oui, je suis rentré une fois à l'âge de 10 ans avec mon père et ma soeur. Comme j'étais un enfant, j'ai vécu de bons moments avec mes amis et j'ai joué au football avec eux. Mais maintenant, si je repense à cette visite, j'imagine une vie très difficile. J'ai rencontré l'équipe nationale de République démocratique du Congo (RDC) en 2004.

Quels souvenirs avez-vous de la carrière de football de votre père ?

Je ne me rappelle pas très bien car j'étais petit. Ce que je sais, c'est que mon père était un grand joueur. Le monde sportif le considérait comme un grand joueur. On le surnommait le « Sorcier noir » pour ses fabuleux tirs de corner ! J'ai vu à la télévision plusieurs matches où il jouait. Mais comme on n'avait pas le satellite, l'image était cryptée. Il est décédé quand j'avais 12 ans.

Le sport peut-il aider les réfugiés ?

Oui bien sûr, j'ai vécu cette expérience personnellement et c'est une bonne façon d'oublier les problèmes et de partager avec les autres. ninemillion [une campagne de l'UNHCR sur Internet pour apporter l'éducation et le sport aux millions d'enfants réfugiés dans le monde] est une bonne initiative et peut-être un jour, je pourrai promouvoir cette action auprès de mes jeunes compatriotes africains en RDC.