Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Une minorité afghane souhaite s'établir durablement en Inde

Articles et reportages

Une minorité afghane souhaite s'établir durablement en Inde

Plus de 120 réfugiés afghans hindous et sikhs ont reçu la citoyenneté dans le pays de leurs ancêtres, grâce au soutien de leur communauté et du Gouvernement indien.
13 Décembre 2007 Egalement disponible ici :
Une classe de couture au sein de l'organisation Khalsa Diwan Welfare Society à New Delhi.

NEW DELHI, Inde, 13 décembre (UNHCR) - Quand on entend parler des réfugiés afghans, on pense plutôt aux Pachtouns qui sont accueillis au Pakistan, ou aux Tadjiks et aux Hazaras qui se trouvent en Iran. Au-delà des pays voisins de l'Afghanistan, une minorité afghane prospère en Inde grâce à son sens de l'entraide et au soutien du gouvernement.

L'Inde accueille environ 9 200 réfugiés afghans, parmi lesquels 8 500 Hindous et Sikhs qui considèrent leur pays d'accueil comme la terre de leurs ancêtres.

« Nos ancêtres sont d'abord venus en Afghanistan durant le règne du Roi Ranjit Singh à Lahore [au 19ème siècle], quand cette région faisait encore partie de l'Inde. De nombreuses personnes ont fui de Lahore vers l'Afghanistan lors de la partition de 1947, car il était dangereux de rentrer en Inde », a expliqué Manohar Singh, un membre fondateur de la Khalsa Diwan Welfare Society for Afghan Hindus and Sikhs, basée à New Delhi, la capitale de l'Inde.

Dans l'est de l'Afghanistan, la communauté était propriétaire de fermes, de vignobles et de grandes maisons. Elle était à la tête d'affaires florissantes. « Nous représentions seulement deux pour cent de la population à Djalalabad, mais nous contrôlions une grande partie de l'économie », s'est rappelé Manohar Singh.

Cependant, ils ont été forcés à fuir l'Afghanistan dès 1978. « Quelques-uns de nos aînés avaient déjà fui le régime communiste. D'autres, originaires de villes comme Laghman et Ghazni, sont partis au début des années 90 lors du régime des Moudjahidin », a-t-il ajouté, notant qu'ils ont perdu 95 pour cent de leurs biens. « Je suis retourné à Djalalabad en 1993 pour récupérer mes terres mais des seigneurs de guerre s'y étaient établis. J'ai dû abandonner. »

Aujourd'hui, Manohar Singh est un membre actif de sa communauté en Inde. Quand il n'est pas occupé par son entreprise de produits électroniques, il travaille pour la Khalsa Diwan Welfare Society pour dynamiser la communauté des Afghans hindous et sikhs. L'organisation Khalsa Diwan Welfare Society offre des formations professionnelles et une aide financière. Elle est financée par 550 Afghans, qui sont propriétaires de magasins ou d'entreprises, par le biais de contributions mensuelles. Les employés sont des volontaires et les services sont gratuits.

Au centre Khalsa Diwan de l'ouest de Delhi, la communauté a repris la gestion d'un centre de formation informatique, auparavant financé par l'UNHCR. Quatre cours sont dispensés chaque jour à des élèves d'âges et de niveaux différents. Les diplômés de cette formation forment d'autres élèves au traitement de texte, au logiciel Excel et à la mise en page.

Les cours de couture fournissent des apprentis aux magasins de vêtements du voisinage. Parmi les apprentis, Simran, âgée de 20 ans, est arrivée à Delhi quand elle avait quatre ans. « Je fabrique des vêtements pour ma famille, pas pour la vente », a-t-elle dit. « Récemment, je me suis mariée. Mon mari est en Allemagne et j'espère le rejoindre prochainement. »

Khalsa Diwan couvre également les frais de scolarité de 680 étudiants nécessiteux dans 28 écoles de l'ouest de Delhi. Ceux qui ont besoin d'une aide supplémentaire peuvent suivre des cours du soir après l'école, ainsi que des cours d'anglais, dont certains sont dispensés par des boursiers du DAFI soutenus par le Gouvernement allemand. « Y a-t-il des écoles en Afghanistan ? » lui a demandé une jeune fille. La moitié de la classe est née en Inde et n'a jamais vu l'Afghanistan.

Et elle ne connaîtra sans doute jamais ce pays. « Souvent, je rêve que je suis toujours à Djalalabad », a raconté Manohar Singh, qui est aujourd'hui père de quatre filles et d'un garçon. « Mais la situation est très mauvaise, les femmes ne peuvent même pas sortir. Comment pouvons-nous y retourner ? »

Heureusement, une solution est en vue. Le Gouvernement indien a donné son accord pour que, après 12 années de résidence - la durée standard d'après la loi sur la citoyenneté - les réfugiés afghans hindous et sikhs puissent demander la citoyenneté indienne.

En 2005, les autorités ont aussi donné leur feu vert à divers mécanismes afin de faciliter ce processus. A ce jour, plus de 120 Afghans hindous et sikhs ont été naturalisés, et 4 000 autres ont fait part de leur intérêt.

L'organisation Khalsa Diwan oriente les personnes intéressées vers le partenaire d'exécution de l'UNHCR, le Socio-Legal Information Centre (SLIC), qui gère trois centres à Delhi chargés de conseiller les réfugiés, de remplir les formulaires et d'assurer le suivi des procédures de naturalisation. C'est un long processus, mais le SLIC espère que tous les Afghans hindous et sikhs éligibles auront déposé leurs demandes d'ici la fin 2008 et qu'ils pourront ensuite recevoir rapidement la citoyenneté indienne.

Grâce au soutien des autorités et à une communauté animée d'un sens profond de l'entraide, la minorité afghane va enfin pouvoir trouver une solution durable et un foyer à long terme en Inde.

Par Vivian Tan à New Delhi, Inde