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Des préservatifs distribués à domicile au Bangladesh

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Des préservatifs distribués à domicile au Bangladesh

Des réfugiés sont chargés de distribuer des préservatifs à d'autres réfugiés. C'est l'une des actions innovantes - dont les résultats sont déjà positifs - mises en oeuvre dans le cadre d'un programme de trois ans visant à freiner la progression des infections sexuellement transmissibles (IST) dans deux camps au Bangladesh.
14 Janvier 2009 Egalement disponible ici :
Dans le camp de Nayapara, un réfugié rend visite à Zafor Ullah (à droite), un travailleur sanitaire des collectivités et réfugié lui aussi, pour obtenir un nouveau stock de préservatifs.

CAMP DE REFUGIES DE NAYAPARA, Bangladesh, 14 janvier (UNHCR) - Zafor Ullah est, depuis huit ans, travailleur sanitaire des collectivités auprès de ses semblables, des réfugiés rohingyas. Il y a près de deux ans, et dans le cadre de son travail, il a été chargé de distribuer des préservatifs. Il est alors devenu très célèbre.

« Les gens de ma communauté aiment venir chez moi, ils viennent chercher des préservatifs, ils savent qu'ils peuvent me trouver [chez moi] à toute heure », a expliqué ce réfugié originaire du Myanmar et âgé de 22 ans. « A la clinique, ils doivent attendre et, surtout, expliquer l'objet de leur visite. Alors, pour éviter ces désagréments, ils préfèrent me rendre visite chez moi. »

Le recours à des travailleurs sanitaires des collectivités pour distribuer, à leur domicile, des préservatifs à des hommes et des femmes réfugiés dans deux camps au Bangladesh est l'une des actions phare mises en place dans le cadre d'une série de mesures établies par le HCR. Le taux d'infections sexuellement transmissibles (IST) a beaucoup réduit parmi les réfugiés, a indiqué Zahid Jamal Khattak, le coordonateur médical du HCR à Cox's Bazar.

Depuis la fin 2005, le taux moyen des IST a diminué de 67 pour cent dans les camps de Nayapara et de Kutupalong, près de Cox's Bazar, qui accueillent 28 000 réfugiés rohingya musulmans, des réfugiés originaires de l'Etat de Rakhine situé au nord du Myanmar. Cette baisse enregistrée parmi les réfugiés a été encore plus importante, a indiqué le docteur Jamal, mais les nombres restent élevés du fait des Rohingyas non enregistrés vivant à proximité de Kutupalong, qui sont soignés dans le camp pour des raisons humanitaires.

Ce succès est le résultat d'un programme de trois ans mis en oeuvre par le HCR qui a commencé avec la formation des employés des cliniques de consultation externe dans les camps pour qu'ils puissent reconnaître et diagnostiquer convenablement les IST, grâce en parallèle à une disponibilité accrue des médicaments appropriés. Cependant, des problèmes sont apparus pour retrouver les partenaires et traiter tous les patients affectés.

De nombreux réfugiés, qui travaillent en dehors du camp, ont des relations sexuelles hors mariage et ils ramènent des infections à leurs femmes, mais « culturellement, donner des préservatifs aux femmes [à la clinique pour empêcher de nouvelles infections] n'était pas très bien apprécié », a expliqué le docteur Jamal.

Une avancée importante a été observée avec la distribution de préservatifs via les 39 travailleurs sanitaires des collectivités (dont 14 sont des femmes) dans deux camps, dans leurs propres maisons plutôt que dans des cliniques. Des chefs religieux ont aussi participé aux formations de travailleurs de santé pour éviter tout problème.

La distribution de préservatifs a augmenté en flèche depuis un malheureux chiffre de 780 en 2005 à 62 580 l'année dernière. Mahamuda Khatun, une travailleuse sanitaire des collectivités âgée de 32 ans, a expliqué recevoir autant de demandes de la part de femmes réfugiées que d'hommes réfugiés. « Des réfugiés célibataires, des hommes et des femmes, viennent chez moi pour venir chercher des préservatifs », a-t-elle dit. « Ils disent que cela les aide à prévenir les maladies. »

Une femme réfugiée lui a dit qu'elle demande désormais à son mari d'utiliser un préservatif car « il sort souvent du camp pour travailler et je ne veux pas attraper des maladies à cause de lui. »

L'usage du préservatif a aussi été encouragé lors de formations sur la prévention du VIH/SIDA et lors d'éducation sur le planning familial destinée à une population qui a traditionnellement de nombreux enfants. C'est le type de formation dont Mahamuda Khatun aurait espéré pouvoir bénéficier précédemment. « J'ai quatre enfants. Si j'avais eu la chance de savoir à l'avance les conséquences d'une famille nombreuse, j'aurais certainement limité la taille de ma famille », a-t-elle dit.

A la fois Zafor Ullah et Mahamuda Khatun ressentent qu'ils aident leur communauté. « La rémunération que je reçois est très faible », a expliqué Zafor Ullah, « mais l'aide que je procure à mes semblables est très importante. »

Il a même eu parfois de bonnes surprises. Un homme réfugié dont Zafor pensait qu'il n'avait pas réussi à le persuader, est revenu plus tard pour lui demander des préservatifs pour le contrôle des naissances. « Il a dit que si sa famille s'agrandissait encore, il ne pourrait pas donner à ses enfants une éducation convenable et de la nourriture », a-t-il expliqué. « Cela me donne beaucoup de confiance en moi et une grande satisfaction. »

Et si le HCR peut fournir davantage de préservatifs, Zafor Ullah veut même être plus actif encore. « Actuellement je ne me rends pas chez les réfugiés pour les motiver à utiliser les préservatifs », a-t-il expliqué. « Quand j'aurai un stock plus important, alors je leur rendrai visite chez eux ; j'essaierai de les motiver et de les informer encore davantage. »

Par Ikterrudin Mohammed Bayzid au camp de réfugiés de Nayapara et Kitty McKinsey à Cox's Bazar, Bangladesh