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Conférence ministérielle : Un appel lancé au nom des déracinés et des apatrides du monde entier

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Conférence ministérielle : Un appel lancé au nom des déracinés et des apatrides du monde entier

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres s'inquiète de l'évolution rapide des déplacements forcés.
7 Décembre 2011 Egalement disponible ici :
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres, lors de son discours d'ouverture de la conférence ministérielle à Genève, le mercredi 7 décembre 2011.

GENÈVE, 7 décembre 2011 (HCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a ouvert mercredi la plus importante conférence sur les réfugiés et les apatrides depuis la fondation du HCR, il y a plus de 60 ans. Il a appelé à un renforcement urgent des mécanismes internationaux pour l'assistance aux millions d'apatrides et de personnes déracinées.

Dans son allocution d'ouverture, António Guterres a lancé une mise en garde contre la succession de crises politiques et le ralentissement économique mondial qui rendent plus difficile la protection des personnes forcées de fuir leur foyer. Il a vertement critiqué ceux qui jouent sur l'incertitude et l'inquiétude du public pour alimenter la xénophobie.

« Des personnalités politiques populistes et des éléments irresponsables dans les médias exploitent les sentiments de peur et d'insécurité et font des étrangers des boucs émissaires, tout en tentant de forcer l'adoption de politiques restrictives et en encourageant activement des sentiments racistes et xénophobes… », a-t-il affirmé, ajoutant que les gouvernements et les mouvements sociaux et politiques doivent faire preuve de plus de courage dans leur lutte contre l'intolérance. « Les réfugiés ne sont pas une menace à la sécurité, mais plutôt les premières victimes de l'insécurité. »

Le HCR a été créé il y a 61 ans pour aider les personnes déplacées en Europe dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale. La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés a été adoptée quelques mois plus tard et est devenue, depuis, l'un des instruments internationaux des droits de la personne les plus largement acceptés qui a permis de sauver la vie de millions de réfugiés.

L'action du HCR s'est depuis élargie pour inclure l'apatridie et l'aide aux personnes déplacées dans leur propre pays. La population mondiale de réfugiés, de demandeurs d'asile et de personnes déplacées en raison de conflits se chiffrait à la fin 2010 à 43,7 millions de personnes. Le nombre d'apatrides est plus difficile à déterminer, mais il est estimé à 12 millions de personnes ou plus.

António Guterres a évoqué quatre difficultés qui compromettent la protection qu'on attend de la Convention : les États ne respectant pas leurs obligations découlant de la Convention ; la charge disproportionnée imposée aux pays en développement, qui hébergent 80 % des réfugiés dans le monde ; les millions de réfugiés obligés de subir des déplacements sans fin ; et enfin, l'effet combiné de facteurs comme la croissance démographique et l'insécurité alimentaire et hydrique qui complique davantage la situation. Il a également mis en garde contre l'effet aggravant du changement climatique sur les facteurs en cause dans les déplacements forcés.

« Un nombre croissant de personnes sont déracinées en raison de catastrophes naturelles ou perdent leur gagne-pain à cause de la désertification, et le changement climatique est désormais reconnu comme l'élément clé aggravant tous les autres facteurs liés aux déplacements forcés… », a-t-il déclaré. « Ces personnes ne sont pas réellement des migrants, car leur déplacement n'est pas volontaire. Comme ces personnes déplacées de force ne sont pas couvertes par le régime de protection des réfugiés, elles se retrouvent dans un vide juridique. Ainsi, alors que la nature des déplacements forcés évolue rapidement, les réponses apportées par la communauté internationale n'ont pas suivi le rythme. »

António Guterres a appelé les États à examiner les moyens de renforcer leurs propres mécanismes de protection des personnes déplacées et des apatrides. Il a aussi indiqué que le HCR s'engageait à faire plus pour lutter contre la violence sexuelle et sexiste, avec un accent particulier mis sur les femmes et les jeunes filles relevant de sa compétence.

« Ce que je vous demande aujourd'hui, ce n'est ni une nouvelle convention, ni un mandat élargi pour le HCR », a-t-il dit. « Ce que je demande, c'est que nous assumions notre responsabilité commune… Pour ouvrir la voie aux solutions innovantes qui aideront à protéger les gens dans le besoin et à renforcer la cohésion sociale, la paix mondiale et la sécurité. »

La Secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton, dans son allocution à la conférence ministérielle, a réaffirmé le soutien de son gouvernement envers le HCR, tout en appelant les Etats à travailler ensemble plus étroitement afin d'aider les apatrides et les personnes déracinées. « Nous devons travailler encore davantage pour faire tomber les barrières, à la fois au sein de nos gouvernements ainsi qu'entre eux et les organisations multilatérales », a-t-elle indiqué. « Si nous faisons le nécessaire aujourd'hui, nous pourrons atténuer de nombreuses souffrances. »

La Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton durant son allocution, le premier jour de la conférence ministérielle du HCR, au Palais des Nations à Genève en Suisse.

Hillary Clinton a ajouté que les Etats-Unis honoreront 28 engagements concrets annoncés durant la conférence, y compris celui visant à faire connaître « l'une des causes majeures de l'apatridie, qui est la discrimination à l'encontre des femmes. » Elle a indiqué qu'au moins 30 pays empêchent les femmes d'acquérir, conserver et transmettre la nationalité à leurs enfants ou à leurs conjoints étrangers. Et, dans certains cas, les lois sur la nationalité privent des femmes de leur citoyenneté si elles épousent un étranger. »

Elle a exhorté d'autres pays à se joindre à l'initiative des Etats-Unis pour « des actions de sensibilisation sur ces problèmes et pour soutenir les efforts visant à éliminer ou modifier ces lois discriminatoires. »

La Secrétaire d'Etat a également affirmé que davantage doit être fait pour appuyer les pays d'accueil, comme le Kenya, « qui ont fait preuve de tant de compassion et de sollicitude, souvent au prix de leur sécurité et de leurs besoins. » Le Ministre kényan de l'immigration, Otieno Kajwang, a indiqué aux délégués que le Kenya accueille désormais plus de 600 000 réfugiés originaires de la Somalie déchirée par le conflit. « Le Kenya est débordé », a-t-il expliqué, tout en soulignant les coûts financiers et les défis en terme de sécurité. Il a insisté sur le fait que les pays hôtes « sont en droit de partager la charge avec la communauté internationale. »

Parallèlement, Hillary Clinton a cité l'exemple d'une ancienne réfugiée somalienne réinstallée aux Etats-Unis, Fatouma Elmi, quant « au bien-fondé de consacrer des efforts pour améliorer la position des femmes. » Fatouma Elmi, qui avait fui la Somalie quand la guerre a éclaté en 1991, aide aujourd'hui des réfugiés à démarrer une nouvelle vie aux Etats-Unis. Elle fait partie de la délégation des Etats-Unis.

La conférence ministérielle organisée par le HCR se terminera le 8 décembre en fin de journée. Les États devraient prendre des engagements pour renforcer les normes nationales et internationales de protection au bénéfice des personnes déracinées et des apatrides.

Au cours d'une cérémonie des traités qui a eu lieu mercredi soir, la Serbie a adhéré à la Convention de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie et le Turkménistan est devenu partie à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides.

Le Haut Commissaire Antonio Guterres a salué les décisions prises par ces deux pays. Il a également rendu hommage au Panama, à la Croatie, au Nigéria et aux Philippines qui avaient adhéré à l'une ou aux deux conventions sur l'apatridie plus tôt dans l'année. Il a remercié les autres Etats qui se sont engagés mercredi à examiner leur adhésion à l'une de ces conventions dans un avenir proche.

La Convention de 1954 définit qui est considéré comme apatride et établit des normes de traitement minimales pour ces personnes. La Convention de 1961 énonce des principes et un cadre juridique pour prévenir l'apatridie. Avec ces nouvelles adhésions, la Convention de 1954 compte désormais 69 Etats parties et la Convention de 1961 en compte 41.

Des hauts responsables gouvernementaux issus de près de 150 pays ont confirmé leur présence, dont environ 70 ministres ou vice-ministres, y compris la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton. Cette conférence constitue l'apogée des efforts politiques et diplomatiques menés par le HCR depuis plusieurs années, afin de rallier de nouveaux soutiens et engagements en faveur des traités fondamentaux qui permettent à l'agence d'assurer protection et assistance à des populations dans le monde entier.

Au cours de cette année de commémorations, le HCR a célébré des événements marquants pour deux de ces traités - le 60ème anniversaire de la Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés et le 50ème anniversaire de la Convention sur la réduction des cas d'apatridie. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés avait elle-même fêté ses 60 ans en décembre dernier.