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Des Soudanais partent dans le Sud avec quelques affaires et un espoir farouche

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Des Soudanais partent dans le Sud avec quelques affaires et un espoir farouche

Quand le Soudan du Sud est devenu indépendant l'année dernière, Sustine a compris qu'il était temps de rentrer chez elle. Elle a rassemblé ses affaires et descendu le Nil vers Juba.
19 Janvier 2012 Egalement disponible ici :
Famille de Soudanais du Sud assis dans leur abri après leur arrivée au Soudan du Sud en provenance du Nord.

JUBA, Soudan du Sud, 18 janvier (HCR) - Reida Sustine avait deux ans quand ses parents ont fui Juba, dans le Sud, pour se rendre à Khartoum, la capitale, au Nord, pendant la guerre civile soudanaise. Comme beaucoup d'autres sudistes, sa famille a essayé d'oublier le conflit. Une fois adulte, elle a gagné sa vie en vendant du poisson pêché dans le Nil, qui traverse Khartoum.

La capitale a certainement été un refuge, mais la vie quotidienne était une lutte. Quand le Soudan du Sud est devenu un Etat indépendant 25 ans plus tard, le 9 juillet 2011, Sustine a compris qu'il était temps de rentrer chez elle. Elle a rassemblé ses affaires et embarqué sur une péniche descendant le Nil vers le Sud. Deux semaines après, elle se retrouvait à Juba.

Assis dans un centre de transit du HCR, sa famille et elle attendent un bus qui les emmènera chez eux dans l'Etat de l'Equatoria occidental, au Soudan du Sud. « Je ne sais pas à quoi va ressembler ma maison », affirme la femme de 27 ans. « Mais je sais que ce sera mieux que ce que j'avais. Je vais monter un commerce et tout ira bien ».

Depuis octobre 2010, plus de 365 000 personnes sont parties vers le Soudan du Sud - un nombre assez important ayant passé leur vie au Nord tout en ayant des liens forts avec le Sud. Ceux qui font le voyage arrivent avec quelques affaires et un espoir farouche. Mais nombreux sont aussi vulnérables. Le HCR et ses partenaires s'assurent que leur retour est volontaire.

En coopération avec l'Organisation internationale pour les migrations, le HCR aide aussi à transporter les plus vulnérables, en les assistant et en les protégeant lors de leur transit vers chez eux. L'agence gère des lieux d'étape et offre des vivres et des soins médicaux.

A leur arrivée, les rapatriés bénéficient de premières rations alimentaires fournies par le Programme alimentaire mondial. Ceux qui ont peu d'affaires se voient offrir des colis de réintégration qui comprennent moustiquaires, couvertures, nattes pour dormir, jerrycans, seaux, savon, casseroles, poêles et bâches en plastique.

Dans certains cas, le HCR aide aussi les nouveaux arrivants à former de nouvelles communautés. Il gère un programme transitoire d'abris ainsi que des projets basés sur les communautés, notamment en matière de subsistance et d'infrastructures de base. Ces derniers visent à offrir des opportunités aux communautés rapatriées vulnérables et aux communautés d'accueil. Depuis 2005, plus de 800 projets de ce type ont été réalisés, dont 330 pour la construction ou la réhabilitation d'écoles, de cliniques et d'installations hydrauliques.

« Beaucoup de personnes doivent repartir de zéro », affirme Rebecca Ondoa, chargée de services communautaires au HCR. « Les personnes se demandent, 'Où puis-je mettre mes enfants ? Où puis-je travailler ? Comment puis-je gérer une famille ?' Ils doivent remettre les choses en place ».

L'année dernière, le HCR a financé la construction, par l'association ACROSS basée au Kenya, de maisons bon marché fabriquées avec des briques de terre pour les nouveaux arrivants dans la communauté West Gudele à Juba. L'agence a aidé à construire une école et à installer des points d'eau pour la communauté. Elle s'est efforcée de fournir aux résidents locaux des outils pour fabriquer leurs propres briques dont certaines destinées à la vente pour obtenir un complément de revenus.

Grâce à ce programme, Poibe Bawaras Kune a désormais un endroit pour vivre. « Je suis tellement heureuse d'avoir un endroit à moi », déclare cette femme de 45 ans. « Nous n'avions pas d'argent pour créer une structure. Le HCR a mobilisé des personnes de la communauté qui ont apporté leur aide pour la construction. Cela nous a beaucoup aidés ».

Comme d'autres personnes partant vers le Sud, Kune a passé une grande partie de sa vie à Khartoum avant de retourner au Soudan du Sud. Dans son souvenir, les meilleurs jours de sa vie sont ceux qu'elle a passés lors de son enfance à Juba avant la guerre.

A Khartoum, elle vivotait en lavant du linge. Quand elle est partie pour la capitale à l'âge de 20 ans, elle pensait ne jamais revenir. « Vous rêvez à quelque chose que vous voulez faire et vous ne pouvez pas. Mieux vaut alors laisser tomber », affirme-t-elle. « Le Soudan du Sud est aujourd'hui un Etat indépendant…. La voie est ouverte pour nous maintenant que nous sommes rentrés chez nous ».

Par Greg Beals à Juba, Soudan du Sud