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Rencontre d'un photographe avec l'innocence dans un camp de réfugiés du Sud-Soudan

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Rencontre d'un photographe avec l'innocence dans un camp de réfugiés du Sud-Soudan

Le photographe britannique Sebastian Rich travaille avec le HCR en Afrique et aux États-Unis. Les réfugiés qu'il y a rencontrés lui ont donné matière à réfléchir.
22 Juillet 2013 Egalement disponible ici :
Mastoura Hasan, sept ans, est une réfugiée soudanaise réinstallée à Louisville au Kentucky. Elle nous montre fièrement son dessin du drapeau de l'Union lors d'une classe de sensibilisation culturelle. Mastoura a fui le Soudan avec son père, sa mère et ses trois frères au milieu d'affrontements violents. Ils sont arrivés aux États-Unis en décembre dernier.

WASHINGTON, D.C., États-Unis, le 22 juillet (HCR) - Le fameux photographe et caméraman britannique Sebastian Rich a couvert les sujets d'actualité pendant plus de 30 ans. Après avoir rejoint Independent Television News (ITN) en 1980, il a couvert certains des plus grands événements internationaux. Plus tard, il a décidé de poursuivre une carrière de photographe indépendant. Au fil des années, il s'est également concentré sur les questions humanitaires, et cette année, il a entamé une collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Afrique et aux États-Unis. Il évoque ici son métier, après une visite émouvante sur le terrain :

« J'ai des tatouages, beaucoup trop. Mais les doutes concernant ma décision de me faire tatouer s'évanouissent dans les camps de réfugiés du monde entier. Les enfants de nombreuses cultures n'ont jamais vu de tatouages et la vue d'un photographe plutôt grand, les manches remontées, avec une abondance de papillons, de fleurs et de dauphins sur les bras suscite beaucoup de curiosité et d'hilarité parmi les enfants. »

« Pendant quelques minutes quand je fais des photos et que je joue avec les enfants, ils oublient les horreurs qui les ont amenés ici, intrigués par les tatouages. Les plus courageux me touchent les bras et s'enfuient en courant, ensuite ils reviennent prudemment avec de larges sourires. Puis, tous les enfants se mettent à glousser en même temps, mon interprète est bombardé de centaines de questions concernant mes tatouages, tandis que leurs sourires se font de plus en plus larges. »

« Récemment au camp de réfugiés des Nations Unies dans le comté de Maban, au Sud-Soudan, une petite fille d'environ sept ans m'avait suivi pendant que je prenais des photos de la vie quotidienne. De temps en temps, sa toute petite main chaude me prenait gentiment par le poignet. J'ai baissé le regard et constaté qu'elle étudiait attentivement plusieurs papillons. J'ai demandé à mon interprète Mohammad ce qu'elle disait, et il m'a répondu : « Ce n'est rien Sebastian, rien que des trucs idiots d'enfant ».

« J'ai insisté et finalement, un peu embarrassé, Mohammad m'a dit : « Elle dit que le camp est tellement sale avec toute cette poussière, qu'elle aimerait prendre les papillons de votre bras pour les mettre dans ses poches afin qu'ils gardent leurs ailes propres et douces! ».

« Je me suis arrêté. J'ai vu tellement d'horreur dans mon métier de photographe dont une grande partie a heureusement été filtrée par un mécanisme d'autoprotection, mais l'innocence de cette petite fille a fait s'effondrer mon monde pendant quelques minutes. »

« Ce soir-là au camp, tandis que j'éditais mes photos, je me suis rendu compte que je n'avais jamais fait de suivi des récits des réfugiés. Dans l'ensemble, les agences de presse ne veulent pas de l'envers de la médaille - les histoires de réussite, les nouvelles vies - ce ne sont pas des photos dramatiques de gens qui meurent, qui ont faim ou peur. »

La famille Sabri, une famille irakienne réinstallée. Le père, Ali, et trois de ses filles sur la statue d'Abraham Lincoln à Louisville au Kentucky.

« Mais, est-ce tout ce que nous voulons voir? Pourquoi les bonnes nouvelles sont-elles si loin dans l'ordre des priorités? Malheureusement, je fais partie du problème. Au fil des années, j'ai photographié l'horreur et l'enfer, car je sais que c'est ce que les gens attendent. C'est triste, vous ne trouvez pas? »

« Au cours des derniers jours, le HCR m'a donné l'occasion de photographier des réfugiés réinstallés aux États-Unis, à Louisville au Kentucky, et à Charlotte en Caroline du Nord. Quel plaisir énorme ce fut - de capturer ces nouvelles vies palpitantes, des gens au bord de la découverte. Des Birmans, des Bhoutanais, des Vietnamiens, des Afghans, des Somalis, des Congolais, des Irakiens et des Pakistanais ... la liste est presque sans fin, car les États-Unis accueillent plus de la moitié des réfugiés réinstallés du monde. »

« Du pilote sud-vietnamien qui aide à présent d'autres réfugiés et vit au Kentucky depuis 30 ans, au réfugié arrivé récemment de République Démocratique du Congo et qui vit à Charlotte en Caroline du Nord depuis seulement quelques semaines, je n'ai photographié aucun de ces sujets dans un cadre spectaculaire. Au contraire, j'ai capturé les rituels de la vie quotidienne, banals, mais nouveaux. Bien sûr, la toile de fond de ces photos est une histoire de bonheur trouvé et un immense sentiment de véritable liberté dans leur nouveau foyer. «

« Pour moi, cette semaine a été un voyage qui m'a permis de boucler la boucle. J'ai vu l'envers de la médaille - la concrétisation de l'espoir et la découverte d'un nouveau sens de la vie - des vies sans peur. Ces pensées étaient souvent incompréhensibles dans les camps. »

« Ces récits ont un peu modéré mon cynisme concernant l'homme et la guerre, et m'ont montré qu'il y a de bonnes personnes qui parviennent à amener du bonheur aux autres et à leur offrir un refuge sûr. Je remercie vivement le HCR et ses partenaires de m'avoir donné l'occasion de vivre cette expérience. »

« À présent, j'ai l'impression que parfois je pourrais, oui je pourrais bien, faire partie de la solution et non du problème. Hélas, mes tatouages n'ont pas tout à fait le même cachet aux États-Unis. »