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Iraq : Des familles déplacées luttent pour survivre dans la chaleur et la poussière d'un camp dans le désert

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Iraq : Des familles déplacées luttent pour survivre dans la chaleur et la poussière d'un camp dans le désert

Des milliers de déplacés originaires de Falloudja cherchent à rester au calme et à trouver la fraîcheur au milieu de conditions difficiles.
2 Août 2016 Egalement disponible ici :
Thari Ismael et sa famille vivent dans une cuisine commune, au camp de déplacés de Habbaniyah, Anbar, Iraq.

Habbaniyah, Al-Anbar, Iraq - La température est bloquée au-dessus de 50C au camp de Habbaniyah, un lieu de refuge poussiéreux dans le désert iraquien. Il n'y a pas d'ombre pour des milliers de familles qui ont trouvé abri ici.

J'ai rencontré Thari Ismael, 53 ans, et sa famille dans un bâtiment fragile, aux parois en plastique qui avait été conçu à l’origine pour être une cuisine commune. « Il n'y avait aucune tente disponible, donc nous avons emménagé ici », a déclaré Thari, père de huit enfants. « Certains résidents du camp veulent que nous partions afin qu’ils puissent cuisiner ici, mais nous n’avons nulle part où aller. »

Depuis deux jours, la famille, qui vivait en zone rurale à la périphérie de Falloudja, est désormais connectée au réseau d’électricité, ce qui leur permet d'utiliser un appareil à air conditionné et un ventilateur fournis par le HCR. « Cela change tout, notre situation s’est bien améliorée », a déclaré Thari, « mais la vie quotidienne demeure difficile. »

La famille Ismael fait partie de la population massive d’anciens habitants de Falloudja ayant fui leurs maisons depuis fin mai, pour échapper à une offensive du gouvernement qui cherche à reprendre la ville actuellement aux mains de groupes extrémistes.

Les camps comme Habbaniyah étaient une réponse hâtive au déplacement massif qui a suivi. Plus de 87 000 personnes ont fui Falloudja et les régions voisines pour échapper aux frappes aériennes menées par les forces gouvernementales et de la coalition, ainsi qu’aux bombardements et aux contrôles stricts menés par des groupes extrémistes qui dominaient leur vie quotidienne depuis deux ans et demi.

Cependant, leur soulagement est mis à rude épreuve par les conditions difficiles auxquelles ils sont désormais confrontés.

« Nous sommes très reconnaissants d'être en lieu sûr avec nos enfants... mais nous avons toujours peur de rentrer. »

Sawsan, la femme de Thari, 42 ans, m'a raconté comment la fuite éperdue de la famille pendant trois jours, en traversant le fleuve de l'Euphrate. Ils y ont perdu des bijoux et leurs documents d'identité. Ils ont vu d'autres familles se noyer dans le fleuve.

« Nous sommes très reconnaissants d'être en lieu sûr avec nos enfants », dit-elle. « Mais nous avons toujours peur de rentrer. »

Sawsan a également parlé de son inquiétude pour la santé de sa fille, qui souffre d’une maladie rénale. Ses autres enfants ont développé des diarrhées causées, dit-elle, par l'eau contaminée.

En faisant le tour du camp à pied, on voit bien que les conditions sont loin d'être idéales, bien que davantage d'aide soit maintenant distribuée aux résidents. Le HCR, avec son partenaire Muslim Aid, distribuait des articles de secours d'urgence dans un camp où je me suis rendue deux jours plus tôt et des distributions supplémentaires pour les familles sont prévues dans ce camp.

De nombreuses familles partagent encore des tentes; les gens placent des serviettes trempées dans l'eau et les enroulent autour de leur tête pour essayer de se tenir au frais, mais ils disent qu'ils dorment  seulement quelques heures la nuit à cause de la chaleur. Beaucoup ont développé des maladies de peau, sans doute à cause de la chaleur ou des conditions dans le camp. Les résidents se sont plaints de piqûres d'insectes et de scorpions.

La situation est particulièrement difficile pour les ménages dirigés par des femmes dont les maris et les fils aînés sont absents, après avoir été séparés pour le contrôle de sécurité mené par les autorités lorsque les familles ont rejoint la sécurité.

« Nous voulons savoir où se trouvent les hommes », a déclaré Hamdia Hadi, une veuve de 45 ans. Son fils de 19 ans a été emmené pour un interrogatoire deux mois plus tôt.

« C’est un désastre pour moi d'être ici sans mon fils. J'ai trois filles et l'une d’entre elles est malade en ce moment. Je compte sur lui. Je ne peux pas rentrer chez nous à Falloudja avant qu'il ne nous ait rejointes. »

« Falloudja est un lieu de mauvais souvenirs. Je ne pense pas pouvoir y retourner un jour. »

Munira Mohammed, une mère divorcée de quatre enfants, partage une tente avec sa sœur et les six enfants de sa sœur.

« Mes enfants ont tous peur des insectes, les créatures que nous trouvons ici dans le camp », dit-elle. « Même si ce n'est pas facile, nous préférons rester ici. A Falloudja, notre maison a été détruite par une frappe aérienne et, pendant cinq mois avant notre départ, nous avons déménagé plusieurs fois dans la ville, en séjournant dans des maisons vides.

« Maintenant, nous sommes tous seuls. Falloudja est un lieu de mauvais souvenirs. Je ne pense pas pouvoir y retourner un jour. »

Les autorités ont déjà commencé à déblayer Falludja des pièges, des mines antipersonnel et autres dispositifs, en espérant que les familles déplacées pourront bientôt commencer à revenir. Plus de 3,3 millions d'Iraquiens sont déplacés par le conflit et la situation humanitaire est susceptible de se dégrader dans les mois à venir.

Les contributions pour l’appel de fonds supplémentaire qui ont été promises à la conférence des donateurs à Washington en juillet sont une étape bienvenue, permettant à des agences humanitaires comme le HCR de financer des plans pour l’aide d'urgence, d’établir des camps et de pré-positionner des tentes ainsi que des articles de secours avant la prochaine crise d’urgence.