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Des flambées de violence poussent des milliers de Congolais à fuir

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Des flambées de violence poussent des milliers de Congolais à fuir

Des attaques menées par des groupes armés dans la région de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo, poussent les familles à quitter leurs terres dans le « triangle de la mort. »
24 Août 2018 Egalement disponible ici :
Priscilla, 48 ans, et son fils Josua, 7 mois, vivent dans une installation de fortune à Mabasele, en République démocratique du Congo.

Lorsque des assaillants armés de fusils et de machettes sont entrés dans son village et ont commencé à attaquer ses voisins, Priscilla, 48 ans, a fui pour sauver sa peau.


« Ils ont égorgé mes parents et les ont tués car ils étaient trop vieux pour fuir », dit-elle. « Nous nous sommes cachés dans la brousse pendant trois jours, presque nus, sans rien sur le dos. »

Une autre survivante de la violence, Charlotte, a perdu son neveu et deux nièces qui ont été tués la nuit où elle a fui.

« Nous avons entendu des coups de feu, couru dans la brousse où nous avons dormi », explique-t-elle. « Nous sommes retournés voir notre maison, mais ils l'avaient brûlée. »

Agée de 60 ans, Charlotte a ajouté que toute la population de deux villages importants avait fui ce jour-là.

« Ils ont égorgé mes parents et les ont tués car ils étaient trop vieux pour courir. »

Des meurtres brutaux dans le territoire de Beni, province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, ont forcé des dizaines de milliers de personnes comme Priscilla et Charlotte à abandonner leur foyer ces dernières semaines.

L'escalade de la violence dans cette zone instable - située entre les villes frontalières avec l'Ouganda - a durement frappé des centaines de familles autochtones mbuti, les déracinant de leurs terres traditionnelles où la plupart vivaient comme chasseurs-cueilleurs.

La majorité des personnes qui fuient la région - aujourd'hui connue sous le nom de « Triangle de la mort » - se sont installées dans des installations de fortune autour des villes de Mavivi, Oicha et Eringeti, où les conditions de vie sont effroyables.

Les familles dorment à même le sol, à peine protégées des éléments par des abris de fortune. La plupart ont peu de moyens de survie car elles ne peuvent plus aller chasser les cochons, les antilopes et les singes dans la forêt, qui est tombée sous le contrôle des groupes armés.

La violence perpétrée par des groupes armés en maraude - dont plus de 100 seraient actifs au Nord-Kivu - a déraciné plus d'un million de personnes dans la province, soit la plus forte concentration de personnes déplacées à travers toute la RDC.

Depuis octobre 2017, d'intenses conflits poussent les populations à vivre en état de siège, alors que des informations relatent des violations accrues des droits de l'homme et un accès humanitaire restreint. Un demi-million de personnes auraient été chassées de chez elles dans la province depuis janvier 2018.

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a lancé aujourd’hui une mise en garde contre la détérioration de la situation humanitaire dans le territoire de Beni, qui compte 1,3 million d'habitants. La situation a été aggravée par l'apparition du virus Ebola, qui a tué des dizaines de personnes ces dernières semaines.

« La population civile est prise depuis des mois dans un conflit armé qui ne montre aucun signe de relâchement. »

« Le HCR est extrêmement préoccupé par la situation à Beni et dans ses environs, où la population civile est prise au piège depuis des mois dans un conflit armé qui ne montre aucun signe de relâchement », a déclaré Marie-Hélène Verney, chef du bureau du HCR à Goma, Nord-Kivu.

Marie-Hélène Verney a ajouté que le HCR fait son possible pour travailler avec les communautés d'accueil, les personnes déplacées et les autorités locales afin de trouver des solutions à la crise.

Parmi les personnes récemment déplacées, Emeria a fui sa ville natale de Makembi après l'attaque des groupes armés. Elle vit aujourd’hui dans des conditions précaires, et elle se souvient de sa vie dans la forêt qui a soutenu sa communauté pendant des siècles.

« Nous n'avions jamais faim, nous pouvions manger ce que nous voulions et nous avions nos champs », dit-elle. « Aujourd’hui nous n'osons plus rentrer, c'est trop dangereux. L'ennemi y vit. »

Certaines personnes en quête de sécurité à Beni vivent dans des écoles et d'autres bâtiments publics, tandis que d'autres ont été accueillies par des familles d'accueil. Parmi eux, Gabriel, 43 ans, a lui-même été déplacé deux fois avant de s'installer dans la région de Madiabuana à Beni avec sa femme et leurs enfants. Ils accueillent aujourd'hui huit familles déplacées. Malgré l'insécurité, ils risquent leur vie en allant dans les champs à la recherche de nourriture.

« Trouver de la nourriture est un très gros problème, alors je ne me rends dans les champs avoisinants que lorsque c'est sûr », dit-il. « J'y suis allé ce matin, mais j'ai entendu des coups de feu alors je me suis enfui. »

Comme d'autres personnes poussées à fuir la violence, il aspire à la paix.

« Dans cette guerre, je ne peux pas vraiment avoir d'espoir », dit Gabriel. « La seule chose dont nous avons besoin, c’est la paix, rien d'autre. »

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