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Des réfugiés afghans disent leurs espoirs et leurs craintes aux chefs des Nations Unies pour les réfugiés et l'aide humanitaire

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Des réfugiés afghans disent leurs espoirs et leurs craintes aux chefs des Nations Unies pour les réfugiés et l'aide humanitaire

En visite au Pakistan, Filippo Grandi (HCR) et Mark Lowcock (OCHA) réclament plus d'investissements dans les régions qui accueillent des réfugiés et soulignent la nécessité d'une plus grande stabilité en Afghanistan.
9 Septembre 2018 Egalement disponible ici :
Shazia Razi (deuxième à partir de la gauche), Abdul Razi (à droite) et leurs quatre enfants attendent dans un centre de rapatriement volontaire du HCR à Peshawar, au Pakistan. Après des décennies d'exil, ils préparent leur rapatriement en Afghanistan.

Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a conclu la visite qu’il a effectuée au Pakistan en compagnie de Mark Lowcock, le Coordonnateur des secours d'urgence. Cette visite a permis d'attirer l'attention sur la situation des réfugiés afghans, de saluer la générosité du Pakistan, et d’étudier les solutions qui pourraient à terme aider des millions de réfugiés afghans à rentrer chez eux. Le Pakistan accueille 1,4 million de réfugiés afghans, dont 74 pour cent sont réfugiés de deuxième ou de troisième génération, c'est-à-dire nés au Pakistan ou enfants de réfugiés nés au Pakistan.

Au cours d'une rencontre avec le Premier ministre Imran Khan, Filippo Grandi et Mark Lowcock ont fait part de leur gratitude envers le peuple et le gouvernement du Pakistan qui accueillent généreusement depuis plus de 40 ans l'une des plus importantes populations de réfugiés au monde. Le Premier ministre a pour sa part affirmé l'engagement de son gouvernement à faire en sorte que le rapatriement des réfugiés soit et reste un choix.

« Le Pakistan accueille des millions de réfugiés afghans depuis bientôt 4 décennies — c'est l’une des plus longues situations de réfugiés au monde », a déclaré Filippo Grandi, rappelant que la sécurité au pays reste le principal souci de la majorité des réfugiés et empêche leur retour volontaire. Pour leur mission commune, Filippo Grandi et Mark Lowcock se sont d'abord rendus en Afghanistan où ils ont pu faire part aux réfugiés de leur sentiment vis-à-vis des nouvelles politiques du gouvernement du pays qui, si elles sont mises en œuvre, vont améliorer les infrastructures, attirer des investissements et de l'aide au développement, et allouer des terrains aux réfugiés rapatriés.

Dans l’intervalle, Filippo Grandi et Mark Lowcock ont tous deux souligné la nécessité pour la communauté internationale d'intensifier son soutien aux zones moins stables et aux communautés qui accueillent un grand nombre de réfugiés au Pakistan. « Il existe aujourd’hui une opportunité majeure d'aider à améliorer la vie des habitants des districts tribaux », a déclaré Mark Lowcock. « La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir le gouvernement dans ce sens. »

UNHCR, the UN Refugee Agency
@RefugeesChief
An honour for @UNReliefChief and me to meet Prime Minister @ImranKhanPTI today. We thanked him for Pakistan’s long standing hospitality to Afghan refugees. We pledged UN’s help to support refugees+host communities and find solutions to Afghan displacement. https://t.co/nAVofyfX6r

Le chef des Nations Unies pour les réfugiés a pris le temps d'écouter les préoccupations de réfugiés à Islamabad et dans un centre de rapatriement volontaire à Peshawar où il a rencontré des réfugiés qui ont pris la décision difficile de rentrer chez eux. Le centre les aide à résilier leur enregistrement en tant que réfugiés et à obtenir les documents adéquats pour leur permettre de rentrer chez eux et obtenir une allocation en liquide de 200 USD pour payer le voyage, se loger et se nourrir à leur arrivée en Afghanistan.

Depuis le début de l'année, le HCR a facilité le rapatriement volontaire de près de 10 000 réfugiés afghans, et parmi eux quelques familles qui avaient vécu au Pakistan pendant près de 40 ans. La détérioration de la sécurité en Afghanistan a induit cette année une diminution du nombre de réfugiés qui décident de rentrer chez eux, et leur nombre reste relativement faible comparé aux 1,4 million de réfugiés qui vivent encore au Pakistan.

Mulan Birdi, dans un centre de rapatriement volontaire du HCR à Peshawar au Pakistan. Il a fui l'Afghanistan au moment de l'invasion soviétique en 1979. Il explique que ses yeux et son corps sont malades et qu'il veut rentrer chez lui.

Mulan Birdi, dans un centre de rapatriement volontaire du HCR à Peshawar au Pakistan. Il a fui l'Afghanistan au moment de l'invasion soviétique en 1979. Il explique que ses yeux et son corps sont malades et qu'il veut rentrer chez lui.  © HCR/Andrew McConnell

Mulan Birdi a expliqué au Haut Commissaire qu'il a fui l'Afghanistan quand les Soviétiques ont envahi le pays en 1979. « Je suis malade, mes yeux, mon corps, et je veux rentrer en Afghanistan », a-t-il expliqué. D'autres membres de sa famille sont déjà partis et il prépare son rapatriement dans la province afghane de Faryab avec son fils qui espère y trouver du travail comme manœuvre. Mulan espère que l'Afghanistan sera reconstruit et qu'il y trouvera la paix, la sécurité et un avenir meilleur.

Abdul et Shazia Razi ont décidé de rentrer en Afghanistan avec leurs quatre filles qui sont toutes nées au Pakistan. « Je suis très heureux de rentrer en Afghanistan, car nous retournons chez nous, dans notre propre pays », a expliqué Abdul. « Mes filles ont déjà la confirmation de leur admission à l'école. Je n'ai aucune éducation, mais j’en connais la valeur et je veux donner ça à mes enfants. »

Un autre Afghan, Khan Muhammad, patriarche de 85 ans, prépare lui-aussi son retour chez lui après de nombreuses années passées au Pakistan. Il a expliqué qu'il veut vivre avec ses proches en Afghanistan et il pense qu'ils auront l'essentiel de ce dont ils auront besoin pour survivre. Son fils, Sorkhord Muhammad, a expliqué que la décision avait été difficile : « Ce n'est pas facile de rentrer. Le Pakistan nous manquera. Nous sommes nés ici. »

Abdul Maroof a raconté à Filippo Grandi qu'il vit au Pakistan avec son épouse depuis 34 ans, et que leurs enfants sont tous nés ici. « J'ai fui la guerre à l’âge de 10 ans pour échapper aux combats. L'Afghanistan est plus calme maintenant. Nous sommes tristes de quitter le Pakistan, mais nous sommes aussi heureux de rentrer. Là-bas, ça ne sera pas facile, mais c'est un sacrifice que nous voulons faire pour rentrer chez nous. »

Au cours d'une conférence de presse organisée dans le centre de rapatriement volontaire, Filippo Grandi a souligné que les rapatriements en Afghanistan doivent être volontaires et il a ajouté que « le Pakistan n'a jamais forcé des gens à rentrer chez eux et je lui en suis reconnaissant. Mais nous devons créer les conditions favorables au retour. » Il a engagé la communauté internationale à fournir davantage de ressources, mais surtout à mobiliser l'attention politique nécessaire pour aider les Afghans à rétablir la paix dans leur pays.

« Nous devons aux jeunes Afghans de les aider à rentrer chez eux et à reconstruire un Afghanistan de paix et de prospérité. Nous devons trouver une solution à la violence. Nous devons avoir l'espoir d'une période plus stable et ensuite investir en Afghanistan », a déclaré Filippo Grandi, rappelant que la solution réside dans l'amélioration de la sécurité dans Afghanistan. « J'ai rencontré ici des jeunes réfugiés – nombre d'entre eux veulent rentrer, mais ils ont peur. Ils savent que la guerre est source de pauvreté, d'absence d'emplois et de faibles qualifications. »

« Nous devons porter ces histoires à la connaissance du monde et rappeler aux gens qu'il existe des opportunités pour progresser et trouver des solutions », a expliqué Mark Lowcock. « Nous devons faire plus que remédier seulement aux symptômes. Avec un peu de patience, il est possible de faire des progrès. »

L'actrice pakistanaise Mahira Khan, qui s'engage pour le HCR et les réfugiés afghans au Pakistan accompagnait Filippo Grandi et Mark Lowcock pendant leur visite du centre. « J'ai appris beaucoup de choses, j'ai entendu certains récits bouleversants et d'autres pleins d'espoir et de courage », a expliqué Mahira Khan qui veut se faire le relais des besoins des jeunes. « C'est pour moi un honneur d'être associée au HCR et d’attirer l'attention sur la situation des réfugiés afghans au Pakistan, dont plus de la moitié sont des enfants. »

UNHCR, the UN Refugee Agency
@RefugeesChief
Muhammad is 18. He is an Afghan refugee in Pakistan. With UNHCR support, he graduated at a vocational training centre, and will start working soon. He says that he will go back to Afghanistan if peace returns to his country. https://t.co/Y0ijozIPH3

Les jeunes représentent près des deux tiers de la population de réfugiés afghans au Pakistan et Filippo Grandi a souligné l'importance d'offrir une éducation et une formation professionnelle aux jeunes réfugiés pour les autonomiser, afin qu'ils puissent apporter leur contribution aux communautés qui les accueillent tant qu'ils sont au Pakistan — et aider à la reconstruction de leur pays s’ils retournent un jour chez eux, en Afghanistan.

Filippo Grandi s'est rendu à l'institut de formation aux technologies de la construction (Construction Technology Training Institute) d'Islamabad, où le HCR a inscrit 40 élèves, dont 15 réfugiés. Cette initiative phare prévoit une formation professionnelle et d'acquisition de compétences techniques de six mois dans le secteur de l'automobile et des gros engins. S'adressant aux élèves à l'occasion d'une cérémonie de remise de diplômes, Filippo Grandi a déclaré que « Des projets comme celui-ci auront un impact réel et permettront aux jeunes pakistanais et afghans de jouer un rôle positif dans l’avenir de leurs pays. »

La visite du Shaukat Khanum Memorial Cancer Hospital de Peshawar a offert un exemple concret de l’importance de la solidarité internationale. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a fourni à l'hôpital des équipements avancés de radiothérapie d'une valeur de 710 millions de PKR (6.2 millions d'USD) pour qu'il puisse offrir des traitements gratuits tant aux réfugiés qu'à la communauté d'accueil. « Des hôpitaux comme celui-ci sont des symboles d'espoir pour des milliers de malades du cancer qui n'ont que peu de ressources », a conclu Filippo Grandi.