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Elle offre le gîte et le couvert aux femmes et enfants vénézuéliens dans le besoin

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Elle offre le gîte et le couvert aux femmes et enfants vénézuéliens dans le besoin

Il y a deux ans, une femme au foyer colombienne a décidé de faire de sa maison un abri de fortune pour les réfugiés et les migrants sur le chemin éprouvant en quête de sécurité.
28 Octobre 2019 Egalement disponible ici :

Au milieu des années 1970, le père de Marta Duque l’avait envoyée depuis la maison familiale située dans la ville colombienne de Pamplona, à l'est des Andes, vers Caracas, la capitale du Venezuela, pour y travailler en tant que domestique. Elle était alors âgée de 12 ans.


Revenue de longue date en Colombie, Marta a désormais ouvert ses portes à des milliers de Vénézuéliens en difficulté. En 2017, elle a transformé son garage, puis sa modeste maison familiale, en un abri de fortune pour les réfugiés et les migrants vénézuéliens qui effectuent un long périple par la route, souvent dans des conditions précaires, à travers toute la Colombie et vers des destinations encore plus lointaines.

« Tout a commencé quand j'ai vu des gens se blottir les uns contre les autres sous le pont devant ma maison », explique Marta, 56 ans, dans le patio de son arrière-cour où elle et son équipe d'une dizaine de bénévoles préparent d’immenses marmites de soupe sur un poêle à bois.

« Ils étaient trempés, il faisait froid et je me suis dit que je pourrais les héberger dans le garage pour qu'ils aient un toit au moins pour la nuit. »

Deux ans plus tard, plusieurs dizaines de femmes, d'enfants et de nourrissons s'entassent chaque soir dans la maison de Marta, désormais convertie en centre permanent d’accueil pour invités temporaires. Même le mobilier du salon a été placé en garde-meubles afin de pouvoir disposer des matelas sur lesquels jusqu'à 100 personnes dorment côte à côte.

« Quand ils arrivent, les mamans et leurs bébés en pleurs sont extrêmement stressés. »

« Quand ils arrivent, les mamans et leurs bébés en pleurs sont extrêmement stressés », indique Marta, qui ne s'occupe que des femmes et des enfants, tandis que son voisin, Douglas Cabeza – lui aussi un bon Samaritain – a ouvert sa maison aux hommes et aux jeunes garçons. « Ce qui me motive, c'est de les voir sourire... se détendre et rire. »

Les besoins sont immenses. Plus de quatre millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis 2015, fuyant l'insécurité et la violence, les persécutions et les menaces, les pénuries chroniques de nourriture et de médicaments ainsi que l'interruption des services essentiels.

Selon les estimations, entre 100 et 250 personnes partent chaque jour pour un voyage qui les emmène à des centaines, voire des milliers de kilomètres à pied sur une route sinueuse et montagneuse, avec le passage d’un col de montagne glacial, vers des destinations comme Medellin ou Cali en Colombie, voire même plus loin vers l'Équateur, le Pérou ou le Chili.

Pamplona, où habite Marta, se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière, et les caminantes, ou marcheurs, comme on les appelle en espagnol, la rejoignent après plusieurs jours difficiles sur la route, traînant des valises, berçant dans leurs bras des nourrissons ou de jeunes enfants, mangeant dans des soupes populaires gérées par des agences humanitaires et des ONG, dormant dans des abris, quand il y a de la place, ou en plein air quand il n'y en a pas.

Deux ans plus tard, non seulement Marta n’utilise toujours pas son garage pour y garer sa voiture, mais elle a dédié au flot constant de réfugiés et de migrants vénézuéliens dans le besoin presque toute sa maison de deux chambres à coucher qu'elle partage avec son mari et son fils adulte. Depuis l'aube jusqu'à tard le soir, la maison déborde d’activité dans un bruit constant alors que Marta et ses bénévoles répondent aux besoins de dizaines de femmes, d'enfants, au milieu du brouhaha causé par les pleurs des bébés.

Marta a reconnu que son extrême générosité a également mis à mal son mariage de près de 30 ans. Un jour, son mari lui a demandé de choisir entre lui et son activité caritative.

« Nous n'avons pas eu un seul jour de repos... Mais je ne pense pas que ce soit un fardeau. Je le fais avec amour et conviction. »

Je lui ai dit : « Si tu veux t’en aller, vas-y, mais je ne vais pas laisser tomber ces pauvres gens », raconte-t-elle. (Il est resté.) « Ça n'a pas été facile. Nous n'avons pas eu un seul jour de repos... Mais je ne pense pas que ce soit un fardeau. Je le fais avec amour et conviction et, si un jour ils ne sont plus là, je me sentirai un peu seule car cela a changé ma vie. »

Pour aider les réfugiés et les migrants vulnérables du Venezuela, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a intensifié ses activités et travaille en étroite collaboration avec les gouvernements hôtes et ses partenaires pour assurer une approche globale coordonnée.

Il s'agit notamment d'aider les États à améliorer les conditions d'accueil aux points de passage frontaliers où les Vénézuéliens arrivent dans des conditions très précaires, de coordonner la fourniture d'informations et d'assistance pour répondre aux besoins fondamentaux immédiats des Vénézuéliens, y compris en matière d’hébergement.

L'Union européenne, en collaboration avec le HCR et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), organise les 28 et 29 octobre à Bruxelles une Conférence internationale pour la solidarité appelant à une action urgente et concertée en faveur des réfugiés et migrants vénézuéliens.

Cette réunion de deux jours vise à mieux faire connaître cette crise, à réitérer les engagements mondiaux à l’égard des pays et des communautés hôtes, à évaluer les meilleures pratiques et réalisations, à confirmer le soutien international en vue d’une réponse régionale coordonnée ainsi qu’à appeler la communauté internationale à intensifier la coopération technique et financière avec les pays de cette région.