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Voici sept réfugiés qui font avancer les droits des personnes handicapées

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Voici sept réfugiés qui font avancer les droits des personnes handicapées

S'il est vrai que les personnes handicapées déracinées peuvent se heurter à de nombreux obstacles, leur vie ne se limite cependant pas à leur seul handicap.
2 Décembre 2019
Aya est atteinte de spina-bifida, une maladie congénitale. Elle joue avec sa famille au premier jour de son arrivée en France, après avoir été réinstallée depuis le Liban

Quinze pour cent de la population mondiale vit avec un handicap, y compris notamment des millions de personnes déracinées du fait des guerres et de la persécution. Certaines vivaient déjà avec un handicap avant d’avoir à fuir, tandis que d'autres se sont retrouvées handicapées au cours d'un conflit ou lors de leur fuite en quête de sécurité.


Nombre d’handicapés déracinés sont de fervents activistes et chefs de file qui montrent la voie à suivre et proposent des solutions, malgré les obstacles supplémentaires auxquels ils peuvent être confrontés. La prise en compte des besoins et aspirations de toutes les personnes handicapées dans la planification des programmes et des politiques est essentielle pour s'assurer qu'elles peuvent mettre leurs compétences et leurs talents à profit pour elles-mêmes, leurs familles et leurs communautés. Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est déterminé à faire en sorte que tous les réfugiés, demandeurs d'asile, apatrides et personnes déplacées puissent prospérer et réaliser leur potentiel. Garantir un avenir pour tous est possible en encourageant le leadership des personnes handicapées et leur participation pleine et entière à la vie en société et aux décisions qui affectent leur parcours.

Voici sept réfugiés handicapés qui sont avant tout des étudiants, activistes, musiciens, nageurs paralympiques, bénévoles ou employés dévoués. Ils bousculent les idées reçues et montrent au monde entier comment créer des sociétés vraiment inclusives.

Nujeen Mustafa est assise sur scène et s'adresse au public à la cérémonie de remise de la distinction Nansen du HCR pour les réfugiés.

« [Avoir un handicap] ne définit ni ce que je suis, ni qui je suis, ni ce que je peux faire », affirme Nujeen Mustafa.

Née avec une infirmité motrice, Nujeen Mustafa est devenue célèbre après avoir fui le conflit en Syrie et effectué le dangereux voyage vers l’Europe dans son fauteuil roulant. Son périple et sa résilience, consignés dans ses mémoires The girl from Aleppo a inspiré des millions de personnes. Aujourd'hui réfugiée en Allemagne, Nujeen a les yeux rivés sur un avenir plus prometteur encore. Outre le fait d'aller à l'école et d'avoir appris rapidement l'allemand, elle utilise sa renommée pour appeler à un changement positif, notamment par l’intermédiaire de conférences à TEDxExeter au Royaume-Uni et en tant qu'invitée du célèbre programme télévisé de John Oliver aux Etats-Unis. Son message au monde est un message d'espoir, mais aussi un appel à l'action pour que chacun devienne un agent du changement dans sa propre communauté. « Les gens ne réalisent pas à quel point nous essayons tous de reconstruire nos vies à partir de zéro. Je leur dirais : cherchez à nous connaître. Il y a plus en nous et en vous qu'on ne le pense. »

Ibrahim Al-Hussein nage dans une piscine olympique à Rio de Janeiro, au Brésil, où il a fait partie de la toute première équipe indépendante d'athlètes paralympiques.

« Avant la guerre en Syrie, je rêvais de participer aux Jeux olympiques... Après ce qui s'est passé et après ma blessure, j’ai poursuivi mes efforts et maintenant je suis aux Jeux paralympiques. J'ai réalisé mon rêve ».

Après avoir perdu la partie inférieure de sa jambe droite lors d'un attentat à la bombe en 2013 en Syrie, Ibrahim s'est enfui en Turquie où il a passé une bonne partie de l'année suivante à réapprendre à marcher, avant de prendre un bateau pneumatique pour la Grèce, où il a repris la natation de compétition. En 2016, Ibrahim est entré dans l'histoire en tant que membre de la toute première équipe indépendante d'athlètes paralympiques composée d'athlètes réfugiés. Il a porté la flamme des Jeux olympiques de 2016 à travers un camp de réfugiés d'Athènes, dans un geste symbolique de solidarité avec les réfugiés du monde entier. « Je suis vraiment heureux et fier d'être ce porte-drapeau. C'est l'un des meilleurs sentiments que j'aie jamais eus dans ma vie », a déclaré Ibrahim avant la cérémonie, qui a été regardée par des millions de téléspectateurs dans le monde entier.

Jean-Claude (à gauche) et Necelatte (à droite) sont des étudiants universitaires et des amis originaires du Burundi.

Necelatte et Jean-Claude sont des amis originaires du Burundi qu’ils ont été forcés de fuir en raison de la violence. Ils se connaissent depuis qu'ils ont fréquenté ensemble une école secondaire spécialisée pour enfants malvoyants à Rwamagana, dans la province orientale du Rwanda. Grâce au programme de bourses d'études de l'enseignement supérieur du HCR, mieux connu sous l'acronyme DAFI, ils sont inscrits à l'université pour étudier respectivement le journalisme et l'éducation.

« Les personnes handicapées, lorsqu'elles sont aimées et soutenues, peuvent accomplir de grandes choses. Elles peuvent être à l’origine d’un changement positif dans leur communauté et leur société. »

Par son travail, Jean-Claude encourage l'autonomisation des personnes handicapées et la remise en question des idées reçues. « Il y a encore beaucoup d'idées fausses, et même parfois de la peur à l'égard des personnes handicapées. Il y a encore beaucoup de travail de sensibilisation à faire... Je veux dire à toutes les personnes handicapées de garder espoir. Premièrement, nous devons nous accepter nous-mêmes, c'est la première étape. Nous pourrons alors planifier notre avenir et travailler à l'atteinte de nos objectifs », explique-t-il.

« J'encourage toutes les personnes handicapées... à s'accepter et à être fières d'elles-mêmes. »

Necelatte dédie sa vie à la défense des droits des personnes handicapées, y compris celles qui sont contraintes de fuir leur foyer. « J’ai un bel avenir. J'ai déjà surmonté les plus grands obstacles de ma vie », dit-elle. « Après mes études, je serai une activiste et montrerai l’exemple. Je sensibiliserai la société à la réalité des personnes handicapées et je ferai en sorte qu'elle comprenne mieux leur situation et qu'elle nous comprenne mieux comme personnes. Je lutterai contre la discrimination. »

Vlada (à droite) raconte ses rêves d'avenir au Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, lors de sa visite dans un foyer pour personnes déplacées handicapées à Svyatogors, en Ukraine.

« J'ai appris l'anglais parce que je veux découvrir le monde. C'était très difficile, mais c'était mon rêve. »

Vlada, qui est également atteinte de spina-bifida, a été déplacée quand elle et sa famille ont fui les combats dans l'est de l'Ukraine. Très engagée dans ses études et préoccupée par son éducation, elle a appris l'anglais, en plus d'apprendre à jouer du piano toute seule. Son rêve est de faire un jour le tour du monde. Après s'être liée d'amitié avec Sasha, une autre adolescente qui vit dans la même résidence pour personnes handicapées, Vlada a développé un sentiment d’appartenance à cette communauté. Inséparables, Vlada joue du piano pour Sasha et essaie de lui apprendre à faire des origamis en papier. « Quand nous sommes ensemble, tout ce qui est impossible devient possible », dit Vlada.

Il y a quelque temps, Vlada était frustrée de ne pas pouvoir assister aux cours à l'école du quartier parce qu'elle n'était pas accessible aux élèves handicapés. Avec l'appui du HCR, les bâtiments sont désormais équipés de rampes d'accès. Vlada a pu terminer ses études et est inscrite à l'Institut pédagogique de Slovyansk, avec une spécialisation en psychologie. Elle veut devenir psychologue pour enfants.

Ahmad (à droite) et son épouse, Nazmiya, prennent la route sur leur cyclomoteur pour offrir soutien et assistance aux réfugiés syriens et à leurs hôtes libanais, dont beaucoup sont handicapés.

« Quand d'autres réfugiés me voient et voient ce que je fais... je pense que ça leur donne force et espoir, et cela change concrètement leu vie. Même si vous n’influencez positivement que la vie d’une personne, c'est plus que suffisant », dit Ahmad.

Alors qu'il se rendait à pied chez ses parents dans sa ville natale de Zabadani en Syrie, Ahmad, un ancien ouvrier du bâtiment, a été frappé par un tir de mortier et a perdu ses deux jambes. Après avoir trouvé refuge au Liban, Ahmad s’est porté volontaire auprès du HCR pour s'occuper des communautés de réfugiés. Tous les matins, avec sa femme et collègue volontaire Nazmiya, Ahmad part de chez lui sur son cyclomoteur, qu'il a lui-même personnalisé pour pouvoir le conduire avec ses prothèses, afin d'offrir soutien et assistance aux réfugiés syriens et leurs hôtes libanais, dont beaucoup sont handicapés.

Ahmad attribue à son travail de bénévole le mérite de lui avoir donné une nouvelle perspective sur la vie - et il espère inspirer d'autres réfugiés et personnes handicapées à suivre cette voie. « Il y a des personnes qui m'ont soutenu, de jeunes Syriens handicapés qui m'ont tenu la main quand j'ai perdu mes jambes, alors je veux faire la même chose, je veux rendre ce que j’ai reçu », explique-t-il.

César Jiménez Martínez au travail dans la chaîne de restauration rapide Sierra Nevada à Bogota, en Colombie.

« Quand je suis allé à mon entretien à Sierra Nevada et qu'ils m'ont demandé de commencer le lendemain, j’ai ressenti un immense bonheur », raconte César Jiménez Martínez.

César est sourd de naissance. Réfugié vénézuélien qui a fui l'instabilité et la violence dans son pays, il a trouvé un emploi en Colombie dans une chaîne de restauration rapide appelée Sierra Nevada. La discrimination et les obstacles continuent d'être une réalité pour les personnes handicapées dans le monde entier, et il peut parfois être difficile pour eux d’obtenir un emploi digne de ce nom.

Le nouvel emploi de César lui permet de couvrir les frais de loyer de l'appartement qu'il habite avec sa femme et son fils, ainsi que les dépenses de la famille. Il peut même parfois envoyer de l'argent à sa mère et à d'autres membres de sa famille qui sont restés au Venezuela. « Quand je suis arrivé à Bogota, j'ai imprimé tout un tas de CV et j'ai commencé à faire du porte-à-porte, à la recherche de tout emploi possible. Mais personne ne voulait m'embaucher », explique César en langue des signes, aidé d'un interprète. « Alors quand je suis allé à mon entretien à Sierra Nevada et qu'ils m'ont demandé de commencer le lendemain, j’ai ressenti un bonheur immense. »