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Au Niger, les réfugiés acteurs de la lutte contre la pandémie de Covid-19

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Au Niger, les réfugiés acteurs de la lutte contre la pandémie de Covid-19

14 Mai 2020
Une femme réfugiée verse du savon liquide dans des moules, dans une fabrique de savon à Hamdallaye, au Niger. Le savon est distribué gratuitement à d'autres réfugiés et à la communauté locale.

HCR Niger

Les réfugiés évacués depuis la Libye et qui résident dans le centre de transit de Hamdallaye, une petite localité située à moins de 100 km de Niamey, la capitale du Niger, se souviendront longtemps de ce mois de mars 2020. Comme l’ensemble de la population mondiale, ils sont inquiets de la propagation du coronavirus et sont préoccupés par la santé de leurs proches qui se trouvent à des milliers de kilomètres du Niger.

Mais ils se souviendront aussi du fait que leur présence aura compté, peut-être même de manière décisive, dans la lutte contre la pandémie sur le territoire qui les accueille. En effet, depuis le mois de mars, la fabrique de savon du site de Hamdallaye, mise sur pied en 2019 par le HCR et l’ONG locale Forge Arts afin de renforcer la cohésion sociale et de stimuler la vie économique, est devenue le fer de lance de la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Les 286 femmes formées pour produire et commercialiser du savon liquide, de l'eau de javel et des récipients sont devenues parties prenantes de la riposte contre le coronavirus, en répondant à l’augmentation des besoins en produits hygiéniques. Afin d’augmenter les capacités de production de savon, d'eau de javel et de gel hydroalcoolique pour le site mais aussi pour les réfugiés de Niamey ayant des besoins spécifiques, trois nouveaux ateliers mixtes de formation, de 25 personnes chacun, ont été lancés en mars.

A ce jour, l’unité de production de savon du centre de transit a déjà commencé à distribuer gratuitement du savon et de l'eau de javel à plus de 60 personnes vivant dans le centre de santé mentale, et poursuivra ces distributions parmi les personnes sous mandat du HCR vivant dans le centre de transit.

« Nous participons à la lutte contre la maladie, mais nous apprenons aussi un savoir-faire qui nous servira dans nos foyers »

« Proposer que nous fabriquions nous-mêmes, pour nous-mêmes et pour les autres, nos propres outils de lutte contre le virus est une très bonne chose. Nous participons à la lutte contre la maladie, mais nous apprenons aussi un savoir-faire qui nous servira dans nos foyers et pour combattre les autres maladies », explique une jeune femme érythréenne récemment formée et qui participe déjà à la production d’eau de javel.

« Je ne savais pas que nous pouvions fabriquer de l’eau de javel sans machine, alors que c’est un produit très utile. Nous sommes vraiment satisfaits de bénéficier de ce savoir », explique Nicole, une jeune femme réfugiée érythréenne bénéficiaire de la formation.

« Cette crise de Covid-19 est un vrai drame », admet Natou, directrice de l’association Forge Arts qui dispense des formations au sein de l’ETM de Hamdallaye. « Mais, grâce à cette formation initialement lancée en 2019, les réfugiés ont le sentiment d’être utiles pour l’ETM mais aussi pour les populations qui les accueillent. »

« Les réfugiés eux-mêmes sont des acteurs de la réponse sanitaire »

A Niamey aussi, des réfugiés bénéficient depuis plusieurs mois d’une formation à la fabrication de savon. Mais, avec l’arrivée de la pandémie, la structure a eu besoin d’un petit temps d’adaptation avant de se relancer, sans pour autant encore avoir atteint le volume de production d’avant la crise. « On se réunit chaque lundi pour la fabrication de savon, mais depuis l’arrivée de la maladie, nos activités se sont arrêtées, car le travail en groupe n’était plus possible. Mais nous sommes adaptés et désormais nous faisons cela à moins de dix personnes afin de respecter les mesures préventives. Avant la maladie, nous fabriquions 50 morceaux de savon par semaine. Et depuis la maladie, nous sommes passés à 30 unités par semaine », explique Fatouma, réfugiée malienne et employée de l’unité de production.

Dans les zones urbaines de grande densité, les gens ont tendance à se méfier les uns des autres. Le HCR et ses partenaires mettent en œuvre les mesures de prévention préconisées par l’OMS et le Gouvernement, sans oublier de sensibiliser les employés à la prévention de la stigmatisation, afin de conserver la cohésion des groupes de travail.

Au Niger, le HCR met en œuvre des mesures spéciales de prévention pour lutter contre le coronavirus, notamment le renforcement de la communication avec les réfugiés sur l'hygiène et l'assainissement, l'augmentation des distributions de matériel d'hygiène et la formation des agents de santé. « Mais le fait de permettre aux réfugiés eux-mêmes de devenir acteurs de la réponse sanitaire, en plus de stimuler l’activité économique et la création d’emplois, les place dans une position centrale dans le cadre de la réponse à la crise, aussi bien au sein du site qu’aux yeux de la population hôte », explique Alessandra Morelli, Représentante du HCR au Niger. « Et ils deviennent immédiatement autonomes dans la gestion quotidienne de la lutte contre la transmission du virus. »

A Hamdallaye, à Diffa (au camp de Sayam Forage), mais aussi à Niamey, Tillabéry et Ouallam, des réfugiés ont déjà été formés à la confection de savon (morceaux et liquide) et d’eau de javel par le passé dans le cadre des projets du HCR.

Des femmes touareg réfugiées du Mali fabriquent du savon pour le vendre dans leur quartier de Niamey.

« J’ai suivi une formation à Mangaize en 2016 pour apprendre à fabriquer du savon », se souvient Kanouté, un Malien trentenaire qui a fui les violences de son pays en 2013. « La formatrice a apprécié mon travail et j’ai ensuite démarré mon activité. Mais depuis que je suis arrivé à Ouallam en 2018, en raison de l’insécurité, je n’ai pas pu vraiment redémarrer mon activité. J’ai les produits, mais je n’ai pas encore fini de construire mon atelier. Ce sont des produits dangereux, et je dois protéger mes enfants. Mais avec cette crise du coronavirus, j’espère pouvoir redémarrer la production rapidement afin de pouvoir fournir la population et aussi relancer mon activité. »

Ces compétences, devenues stratégiques dans le contexte de la lutte contre la pandémie de Covid-19, sont appelées à être renforcées urgemment. Le HCR travaille actuellement pour renforcer les unités existantes et en ouvrir de nouvelles dans les régions de Tillabéry, Agadez et Maradi. Elles couvriront les besoins en savon des sites et des populations environnantes. Des efforts sont aussi faits pour accélérer le rythme de la production et assurer l’auto-accès au savon de manière continue pour les sites ayant une unité de production de savons et les sites et villages environnants.

Ce travail va se faire en collaboration avec les autres agences des Nations Unies. En plus d'améliorer les conditions d'hygiène et de santé, cette activité génère un revenu pour les ménages de réfugiés et stimule l'économie locale.

Face à l’urgence de se préparer à l’épidémie de Covid-19, et sur la base de ces expériences positives, le HCR élargira la production de savon, d'eau de javel et de récipients au maximum de zones d'accueil de réfugiés sur le territoire du Niger afin d’augmenter la couverture des besoins de la communauté de réfugiés comme des communautés d'accueil. L’objectif est également de démontrer que, dans un contexte de crise, aucune solution n’est pleinement efficiente si elle n’inclut pas l’ensemble de la population vivant sur le territoire.

En coopération avec Forge Arts, le HCR intensifie ses activités à Hamdallaye, Niamey, Ouallam, Abala, Agadez et Maradi pendant une période de trois mois. A la fin de la période de formation, les réfugiés seront devenus des acteurs autonomes de la prévention.

Pour faire face à la crise sanitaire et soutenir les actions inclusives et innovantes, le HCR a lancé son plan d'urgence mondial contre le coronavirus, avec un appel à financement de 255 millions de dollars pour soutenir d'urgence la préparation et la réponse à la pandémie dans le cadre des situations de déplacement forcé au cours des neuf prochains mois.

Le Niger est l'un des pays prioritaires. On estime que près de 6 millions de dollars seront nécessaires pour y poursuivre et y intensifier les mesures prises dans le cadre des opérations du HCR sur le terrain afin de répondre à l'urgence de santé publique et d'empêcher une plus grande propagation du virus.

Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :

  • Au Niger: Jean-Sébastien JOSSET, Chargé de communication, [email protected], +227 90766977