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Un étudiant soudanais surmonte de nombreux défis et obtient une bourse d'études en Italie

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Un étudiant soudanais surmonte de nombreux défis et obtient une bourse d'études en Italie

Une initiative italienne pour l'enseignement supérieur donne aux réfugiés en Éthiopie la possibilité de concrétiser leurs rêves.
11 Septembre 2020 Egalement disponible ici :
Mohtas Anwar Modier, réfugié et étudiant universitaire soudanais, pose pour un portrait au camp de réfugiés de Sherkole en Ethiopie.

Un seul mot décrit parfaitement l'état d’esprit actuel de Mohtas Anwar Modier : la joie.


Ce réfugié soudanais de 28 ans vient d'arriver en Italie pour continuer ses études.

En juin, il a appris qu'il était bénéficiaire d’une bourse pour étudier à la prestigieuse université Luiss à Rome en vue de l’obtention d’un master en innovation numérique et durabilité, par l'intermédiaire du programme University Corridors for refugees Project, UNICORE 2.0.

Cette initiative, mise en œuvre par 10 universités italiennes, avec le soutien du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le ministère italien des affaires étrangères et d'autres partenaires proposent aux étudiants réfugiés la possibilité de réaliser leur objectif en matière d’études universitaires.

Pour Mohtas, c'est un rêve devenu réalité - un rêve qui a été façonné par les paroles encourageantes de son père : « Retourne à l'école ».

Ayant grandi dans les montagnes Nuba au Soudan, il n'a commencé à aller à l'école qu'à l'âge de 10 ans. Les cours étaient fréquemment interrompus par des attaques armées et des coups de feu - signes que la guerre civile se rapprochait de leur village.

« Quand on entend des coups de feu, votre concentration baisse pour étudier  », a expliqué cet étudiant âgé de 28 ans.

« Retourne à l'école. »

Il se souvient qu'en 2004, des hommes armés ont attaqué son village dans la province du Sud-Kordofan pour voler le bétail de la famille. Au cours d’un autre incident, les enfants d'un voisin ont été enlevés et, lors d’un autre encore, une femme a été mutilée après avoir accidentellement fait exploser une bombe non explosée dans son jardin.

« Tout cela n'était pas normal mais, pour nous, c’était la normalité », ajoute-t-il.

Des années plus tard, Mohtas reconnaît que c'était l'encouragement continu de son père

qui l'a aidé à se concentrer et à étudier dans des circonstances aussi exceptionnelles.

Soutenu par son mantra personnel, « l'éducation est la clé du succès », le périple difficile de Mohtas qu’il a effectué au fil des ans, au Soudan puis en tant que réfugié en Éthiopie, a finalement payé.

Selon un nouveau rapport du HCR sur l'éducation intitulé « Tous unis pour l’éducation des réfugiés », seuls trois pour cent des réfugiés sont inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur, quel qu'il soit, contre 37% des étudiants non réfugiés à travers le monde.

Pour chaque étudiant, l'obtention d'un diplôme universitaire est une raison de se réjouir  mais, pour des réfugiés comme Mohtas, c'est un triomphe sur le destin et une inspiration pour les autres.

Les étudiants boursiers soudanais Mohtas Anwar Modier (à gauche) et Sabir Juma Hamid posent pour un portrait dans le camp de réfugiés de Sherkole, en Ethiopie.

Il partage souvent son passé ourlé de pauvreté, de faim, de conflit et de déplacement en tant que rescapé ainsi que la survie et la détermination à réussir avec ses élèves.

« Je conseille à mes élèves de se concentrer sur leurs études car les livres peuvent guérir un

cœur brisé et, un jour, vous faire devenir quelqu'un », dit-il.

Il se souvient qu'après avoir terminé l'école primaire en 2007, il a été contraint d'abandonner l'école secondaire après un an à peine, du fait de sa fermeture par manque de fonds.

« Mon père a vendu du bétail au marché et a payé mes frais de scolarité pour étudier dans une autre école », dit-il, ajoutant qu'il a déménagé à Khartoum pour vivre avec un oncle.

Mais à 19 ans, il a été contraint de partir pour l'Éthiopie après que lui et d'autres élèves des montagnes Nuba ont commencé à faire l'objet de discriminations de la part des autorités scolaires.

Consternés par cette tournure des événements et dans l’incapacité de rentrer chez eux car les routes étaient impraticables, il a traversé la frontière éthiopienne, trouvant refuge dans le camp de Sherkole - l'un des plus anciens camps de réfugiés en Éthiopie, qui accueille quelque 10 000 réfugiés.

« J'allais à l'école le ventre vide. Ce n'était pas facile de marcher pendant environ deux heures, mais je l’ai toujours fait. »

Il s'est inscrit dans une école secondaire à une dizaine de kilomètres du camp et explique

comment il se réveillait tous les jours à 4 ou 5 heures du matin pour arriver à l'école à 7 heures du matin.

« J'allais à l'école le ventre vide », ajoute-t-il. « Ce n'était pas facile de marcher pendant environ deux heures, mais je l’ai toujours fait. »

La détermination et la persévérance de Mohtas à obtenir les meilleures notes étaient telles qu'il a ensuite obtenu une bourse d'études à l'université de Gambella, où il a étudié le développement rural et l'agriculture.

Après avoir obtenu son diplôme en 2017, il a travaillé pendant un an comme enseignant dans une école primaire à Bambasi, avant de retourner au camp de Sherkole.

Alors que toutes les classes du camp ont été suspendues en raison de la pandémie de Covid-19, Mohtas reste pragmatique et engagé envers ses élèves et sa communauté. Il a trouvé

une grande salle où certains de ses élèves peuvent prendre des cours par roulement, tout en pratiquant la distanciation sociale.

« Rien ne peut m'empêcher de travailler pour la communauté », dit-il. « J'essaie de faire mon possible avant mon départ. »

Le rapport du HCR sur l'éducation explique comment chaque action compte pour donner aux réfugiés l'avenir qu'ils méritent. Porter le taux d'inscription des réfugiés dans l'enseignement à tous les niveaux au niveau mondial exige un effort combiné et coordonné de la part d'un large éventail de partenaires. Il s'agit notamment d'offrir des bourses et d'autres moyens aux étudiants réfugiés afin qu’ils puissent accéder à l'enseignement supérieur ainsi que des partenariats avec les universités et les établissements techniques et professionnels dans les pays d'accueil des réfugiés.

« C'est grâce à l'enseignement supérieur dans des pays tiers et à des initiatives comme UNICORE 2.0 que des opportunités pour une nouvelle vie sont devenues accessibles aux jeunes réfugiés comme Mohtas qui vivent et étudient en Éthiopie », explique Jolanda van Dijk, chef du bureau du HCR à Assosa.

« J'aimerais faire du bénévolat dans mon domaine et, d'une manière ou d'une autre, contribuer en retour auprès de l'Italie et du peuple italien. »

Elle ajoute que de type de projet permet aux réfugiés d'être actifs dans leur vie universitaire et de mieux contribuer en retour envers les communautés qui les accueillent.

« Les réfugiés ont des talents, des valeurs et des atouts qui peuvent être développés et

améliorées pour leur bénéfice et celui des communautés d'accueil », ajoute-t-elle.

Mohtas ouvre maintenant un nouveau chapitre de sa vie, plein d'espoir et inexploré.

« J'aimerais faire du bénévolat dans mon domaine et, d'une manière ou d'une autre, contribuer en retour auprès de l'Italie et du peuple italien », dit-il.

 

Avec les informations complémentaires de Catherine Wachiaya à Nairobi, Kenya