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Malgré la fermeture des écoles due au Covid-19, les réfugiés continuent d'étudier et de se présenter aux examens

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Malgré la fermeture des écoles due au Covid-19, les réfugiés continuent d'étudier et de se présenter aux examens

Que ce soit l'auto-apprentissage, les cours en plein air ou des leçons radiodiffusées, les efforts concertés des enseignants, des communautés, des gouvernements et du HCR aident les étudiants déracinés à étudier et à passer leurs examens.
11 Septembre 2020
Jean Aimé Mozokombo est l'un des nombreux enseignants congolais qui donnent des cours en plein air aux enfants réfugiés dans le camp d'Inke, en République démocratique du Congo.

Jean Aimé Mozokombo a transféré ses cours en plein air. Cet enseignant congolais fait partie des nombreux enseignants dévoués qui ont tenu plus de 600 élèves occupés depuis la fermeture des écoles en raison de la pandémie de Covid-19.


Ces deux derniers mois, il a assuré des cours en plein air devant les logements de ses élèves réfugiés au camp de réfugiés d'Inke, dans la province de l'Oubangui Nord, en République démocratique du Congo. Il limite les leçons à six élèves à la fois afin d'assurer la distanciation sociale. 

« Nous avons distribué du matériel scolaire aux élèves, bien que nous soyons en manque d’équipements comme des chaises et des tableaux que les élèves ne possèdent pas », dit-il. 

Même sans les installations scolaires habituelles, ces cours en plein air sont essentiels pour les réfugiés de la République centrafricaine (RCA), qui préparent leurs examens nationaux de fin d'études primaires.

« Nous faisons de notre mieux puisque l'examen final est important afin que les élèves puissent être scolarisés au secondaire », ajoute-t-il.

Angèle, 15 ans, est l'une des élèves qui suivent les cours en plein air.

« Nous faisons de notre mieux puisque l'examen final est important afin que les élèves puissent être scolarisés au secondaire. »

« Je me sens prête à affronter ce test final. Je suis chanceuse parce que pour moi les cours on pu continuer malgré la fermeture de l’école », dit-elle. « Beaucoup d’autres élèves n’ont pas eu cette chance. C’est important d’étudier, si on veut être quelqu’un dans la société, servir son pays, sa famille et les autres. »

Même avec de tels efforts concertés, les réfugiés centrafricains ont toujours du mal à accéder à l'éducation. Seuls environ 8200 des quelque 18 000 enfants du camp ont accès à l'école primaire et des milliers d'entre eux sont contraints d'arrêter leurs études au niveau secondaire en raison du manque d'écoles disponibles.

Dans un récent rapport intitulé « Tous unis pour l’éducation des réfugiés », le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a constaté que si les enfants de tous les pays ont été touchés par l'impact de la pandémie de Covid-19 sur leur éducation, les enfants réfugiés ont été particulièrement défavorisés.

Alors que 77% des réfugiés dans le monde sont inscrits à l'école primaire, seuls 31% entrent dans le secondaire, et une faible part de 3% dans des établissements d'enseignement supérieur.

Au nord de la RDC, des milliers de réfugiés au Soudan se sont déjà présentés à leurs examens de fin d'études. Fardoos Emmanuel est l'un d'entre eux.

Il y a six mois, Fardoos craignait de ne pas pouvoir passer ses examens car la pandémie de Covid-19 a entraîné la fermeture immédiate de tous les établissements d'enseignement du pays, y compris de son école dans l'État du Nil blanc.

Mais aujourd'hui, le moral de la réfugiée sud-soudanaise est au beau fixe. Malgré la fermeture des écoles, comme près de 2000 élèves de huitième année, elle a passé ses examens de fin d'études en juillet.

« Cet examen était très important car il compte pour notre avenir », a déclaré Fardoos, qui veut devenir médecin.

Elle faisait partie des milliers de réfugiés au Soudan dont les perspectives de terminer l'école primaire ont été presque anéanties par l'épidémie de coronavirus en mars. Mais fin juin, le ministère de l'éducation a annoncé la reprise des cours pour que les élèves puissent se préparer aux prochains examens.

« Ma mère m'a encouragée à étudier pendant la période de confinement, alors je suis restée à la maison et j'ai lu mes livres », a-t-elle déclaré.

Tout comme Fardoos, Esteer Vinansio, du camp Al Redis 1, a également continué à étudier à la maison.

« Nous ne nous attendions pas à passer les examens cette année alors, pendant la période de confinement, ma fille a révisé toute seule », a déclaré la mère d'Esteer. « Maintenant qu'elle a passé l'examen, elle peut poursuivre ses études et obtenir un niveau d'éducation plus élevé. »

L'adaptation aux restrictions imposées par la lutte contre le Covid-19 a été particulièrement difficile pour les 85% de réfugiés à travers le monde qui vivent dans les pays en développement ou les pays les moins avancés. Pour maintenir l'éducation, il a fallu faire preuve d'ingéniosité, d'innovation, d'invention et de collaboration.

Les examens dans l'État du Nil blanc ont eu lieu grâce aux efforts de collaboration des ministères de l'éducation et de la santé, du HCR et de plusieurs partenaires, dont l'UNICEF, Plan International, la Société du Croissant-Rouge soudanais, l'Agence adventiste de développement et de secours (ADRA) et l'Agence catholique pour le développement d'outre-mer (CAFOD).

Ensemble, ils ont contribué à faciliter et à assurer la sécurité des réfugiés qui passent des examens dans tout l'État en fournissant des équipements de protection comme des masques faciaux et des dispositifs pour le lavage des mains, ainsi qu'en formant le personnel à la prévention contre le Covid-19.

Grâce à cela, des milliers de réfugiés et d'enfants déplacés internes dans les États de Kassala, Gedaref, Khartoum, Sud-Kordofan, Ouest-Kordofan et Sud-Darfour ont également pu se préparer aux examens.

En l'absence d'écoles, de nouvelles initiatives telles que l'initiative d'enseignement à distance au Soudan, lancée en avril, ont aidé les étudiants répartis dans divers endroits éloignés à réviser grâce à des conférences hebdomadaires diffusées sur les chaînes de télévision et les stations de radio. Les étudiants ayant accès à des ordinateurs portables et à des smartphones ont pu regarder les leçons et les conférences diffusées sur les médias sociaux.

« Ces étudiants sont chanceux car seul un tiers des réfugiés a accès aux programmes d'enseignement à distance pendant la fermeture des écoles. »

Le succès des programmes d'enseignement à distance a cependant varié d'un État à l'autre. Les étudiants d'États comme Kassala, Gedaref et Khartoum, qui ont un meilleur accès à la télévision et à la radio, en ont davantage profité.

« Les sessions d'apprentissage sur les chaînes de télévision de Kassala et de Khartoum ont été très utiles », a déclaré Anas Yassin Ibrahim, un réfugié érythréen du camp de Girba, à Kassala. « Ensuite, j'espère pouvoir aller à l'université et étudier pour devenir médecin. »

Pour les étudiants réfugiés comme Esteer et Fardoos, qui n’ont pas eu accès aux programmes d'enseignement à distance, la reprise des cours deux semaines avant les examens leur a permis de réviser avec leurs professeurs, dans le cadre des mesures de distanciation sociale pour la lutte contre le Covid-19. Seuls 15 à 20 élèves étaient autorisés dans chaque classe à la fois.

La moitié de la population réfugiée au Soudan est composée d'enfants de moins de 18 ans, dont beaucoup n'ont pas accès à l'école et dépendent de l'auto-apprentissage. Pour les sept réfugiés sur dix qui vivent en dehors des camps et pour un grand nombre de personnes déplacées, l'enseignement à distance s'est révélé être un défi encore plus grand.

Surmonter ces circonstances est ce qui a rendu l'examen de cette année crucial pour les sœurs sud-soudanaises Ekhlas, Sanday et Daniella, qui souhaitent étudier respectivement la médecine, le droit et les sciences naturelles.

« Cet examen nous aidera à devenir des diplômées universitaires, à acquérir davantage de connaissances et à aider les pauvres et les nécessiteux », a déclaré Ekhlas.

Avec tous ces efforts pour soutenir l'enseignement à distance, les apprenants réfugiés continuent toutefois d’éprouver de l’inquiétude.

« Ces étudiants ont de la chance car seul un tiers des étudiants réfugiés peuvent accéder aux programmes d'enseignement à distance pendant la fermeture des écoles », explique Emily Lugano, employée du HCR en charge de l'éducation et basée au bureau régional du HCR à Nairobi. « Nous allons devoir trouver des moyens d'aider ceux qui ont été laissés pour compte à rattraper leur retard. »

Elle a ajouté que si les élèves réfugiés sont généralement confrontés à de nombreux défis pour obtenir une éducation décente, les défis supplémentaires que la pandémie de Covid-19 a apportés les mettent encore davantage en danger.

« Nous avons le devoir envers les élèves de veiller à ce qu'ils bénéficient d'un soutien adéquat pour réussir. »

Le rapport du HCR sur l'éducation met en lumière une préoccupation majeure : plus les enfants restent longtemps hors de l'école, moins ils ont de chances de revenir une fois que les écoles rouvrent, ce qui entraîne un nombre potentiellement important d'abandons scolaires parmi les élèves réfugiés, en particulier les jeunes filles.

Les écoles fermées signifient que les élèves sont exposés à une série de risques en matière de protection, notamment la violence sexuelle et sexiste, le mariage et la grossesse précoces. Les enfants sont plus susceptibles d'être distraits de l'étude à la maison, sans que l'école ne leur offre une structure et un but tout au long de la journée. Les enfants plus âgés, en particulier les jeunes filles, sont susceptibles d'être chargés de tâches ménagères comme aller chercher de l'eau, faire la cuisine, laver ou s'occuper des enfants et peuvent être contraints de travailler pour contribuer à fournir un revenu aux familles qui ont peut-être perdu leurs moyens de subsistance.

Philip Kumahia, responsable de l'éducation du HCR à Takoradi, au Ghana, a souligné l'importance de faire davantage pour que les étudiants puissent se concentrer sur leurs études, malgré la pandémie.

« L'éducation est la clé du succès, donc qu'il y ait la pandémie de Covid-19 ou non, nous avons le devoir envers les étudiants de nous assurer qu'ils ont un soutien adéquat pour réussir », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que les réfugiés en dernière année d'éducation de base sont sur le point de passer les examens du certificat d'éducation de base pour être admis au lycée. Près de 80 réfugiés de quatre camps se sont déjà inscrits à ces examens, organisés par le Conseil des examens d'Afrique de l'Ouest.

« Nous sommes vraiment reconnaissants car nous avons tout ce dont nous avons besoin maintenant et nous sommes confiants concernant la réussite des examens. »

Le gouvernement a rouvert les écoles en juin pour permettre aux enseignants de conclure les préparatifs avec les élèves qui ont étudié chez eux. Les élèves reçoivent également un repas chaud par jour et des kits de protection ont été distribués dans les écoles afin d'atténuer la propagation du virus.

« Nous avons équipé tous les élèves réfugiés et de la communauté d'accueil de matériel pédagogique, notamment des kits de matériel pour les mathématiques, des stylos, des crayons, des gommes et des règles », a-t-il déclaré, ajoutant que les réfugiés recevront également une allocation de transport pour assurer une fréquentation à 100%.

« Je suis très heureux car je n'aurai pas à emprunter un kit de matériel pour les mathématiques à mes amis », a déclaré Madochee, un élève réfugié du camp d'Egyeikrom.

Hannah, une élève de la communauté locale, a ajouté que certains proches n'ont pas d'argent pour acheter des kits d'examen.

« Nous sommes vraiment reconnaissants parce que nous avons tout ce dont nous avons besoin maintenant et nous sommes confiants concernant la réussite des examens », dit-elle.

Écrit par Catherine Wachiaya à Nairobi avec des informations transmises par Sophia Jessen à Khartoum, Emam Mohamed dans le Nil blanc, Aida Mohamed à Kassala, Fabien Faivre à Kinshasa et Philip Kumahia à Takoradi.