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« Tout a été détruit par les flammes. »

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« Tout a été détruit par les flammes. »

Les réfugiés rohingyas qui ont tout perdu dans le gigantesque incendie ayant ravagé lundi un camp dans le sud du Bangladesh se préparent à recommencer leur vie à zéro, une fois de plus.
26 Mars 2021 Egalement disponible ici :
Halima a tout perdu dans l'incendie qui a ravagé une grande partie du camp de Kutupalong, et elle ne sait toujours pas où se trouve l'un de ses enfants.

Halima, 37 ans, se trouvait à l'intérieur de son abri dans le camp de Kutupalong avec ses cinq jeunes enfants lorsque des cris l'ont attirée à l'extérieur.


« Quand je suis sortie, j'ai vu du feu se propager vers nous », dit-elle.

Halima, qui ne porte que son prénom, était paralysée par la peur et l'indécision, mais lorsque ses enfants ont commencé à pleurer et à crier, elle les a rassemblés et a commencé à courir.

« Je les ai portés autant que je pouvais, mais comment courir avec quatre enfants à la fois dans les bras ? »

Elle a dit à quatre de ses enfants de l'attendre pendant qu'elle se précipitait vers leur abri avec son benjamin pour tenter d’emporter quelques effets personnels.

« Le temps que je revienne, toute ma maison était en feu. J'ai essayé de prendre quelques affaires que nous gardons dans une malle, mais elle était trop lourde à porter toute seule en même temps que mon enfant. »

Elle a abandonné la malle et a couru vers ses autres enfants, dont elle a découvert l’absence avec terreur.

« J'ai eu l'impression que tout mon univers s'écroulait. »

« En regardant tous ces gens qui criaient et qui couraient dans tous les sens, j'ai eu l'impression que tout mon univers s’écroulait. Je ne savais pas où était mon mari, j'avais perdu mes quatre enfants, et ma maison était en feu. »

L'incendie qui a séparé Halima de son mari et de ses enfants a dévasté, lundi après-midi, une grande partie de Kutupalong, le plus grand camp de réfugiés au monde, où vivent plus de 700 000 réfugiés rohingyas originaires du Myanmar.

Lorsque le feu a été maîtrisé aux premières heures de la matinée, mardi, il avait ravagé plus de 9500 abris, ainsi que des centres de santé, des points de distribution et des centres d'apprentissage, laissant quelque 45 000 réfugiés sans abri.

Quatre jours plus tard, la mort de 11 réfugiés a été confirmée, mais plus de 300 autres demeurent portés disparus et des dizaines d'enfants sont toujours séparés de leurs familles.

Halima a fini par retrouver l’un de ses enfants chez la belle-mère de sa fille aînée, puis elle a retrouvé son mari. Deux jours plus tard, elle a entendu les noms de deux de ses fils annoncés par un haut-parleur et elle les a retrouvés. Mais l'un de ses fils est toujours porté disparu.

« Je n'ai pas d'autre souhait que de retrouver mon fils et de recommencer une nouvelle vie », déclare-t-elle.

Dans les jours qui ont suivi l'incendie, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en collaboration avec les autorités bangladaises, l'OIM et d'autres organisations humanitaires, a aidé des dizaines de milliers de réfugiés à entamer le douloureux processus de reconstruction de leur vie sur les décombres.

Certaines des personnes déplacées par l'incendie se sont entassées dans des abris chez des proches, tandis que d'autres sont hébergées dans des abris temporaires d'urgence jusqu'à ce que leurs maisons puissent être reconstruites. Le HCR a distribué des articles de première nécessité tels que des couvertures, des kits d’ustensiles de cuisine et des lampes, tandis que le Programme alimentaire mondial a fourni des repas chauds. Des latrines d'urgence et des points d’eau ont également été installés et des équipes médicales mobiles assurent des soins médicaux aux réfugiés souffrant de brûlures.

La porte-parole du HCR à Cox Bazar, Louise Donovan, a déclaré que l'un des besoins prioritaires concernait le soutien psychologique aux réfugiés, dont beaucoup avaient déjà subi des traumatismes lorsqu'ils ont été forcés de fuir le Myanmar en 2017.

« Il est tellement important que le HCR, avec d'autres partenaires humanitaires, fasse son possible pour fournir une assistance de base, mais aussi pour assurer un soutien psychologique aux personnes qui subissent une fois encore des traumatismes », explique-t-elle.

« Tout a été détruit par les flammes. Nous devons recommencer notre vie à zéro. »

Rokiya Begum, 27 ans, a fui avec seulement ses documents et ses enfants lorsque le feu s'est propagé dans son quartier du camp. Elle et sa famille n’ont pas été blessées, bien qu'elles aient été séparées pendant des heures dans le chaos, mais Rokiya dit avoir vu d'autres personnes se faire engloutir par les flammes, dont un enfant.

« C'était un spectacle effroyable, mais il était impossible d’aller le sauver. »

Avec toute sa famille, elle est désormais hébergée chez sa belle-mère. Comme Halima, ils ont tout perdu.

« Tout a été détruit par les flammes », indique-t-elle. « Nous devons recommencer notre vie à zéro. »

Reportage : Iffath Yeasmine à Cox Bazar, rédaction : Kristy Siegfried