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Les athlètes paralympiques réfugiés laissent un message d'espoir à la clôture des Jeux de Tokyo

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Les athlètes paralympiques réfugiés laissent un message d'espoir à la clôture des Jeux de Tokyo

Après avoir fièrement participé à la compétition et reçu un immense soutien au Japon et au-delà, l'équipe paralympique des réfugiés a illustré le pouvoir de l'inclusion pour les personnes déplacées vivant avec handicap.
5 Septembre 2021 Egalement disponible ici :
Les six membres de l'équipe paralympique des réfugiés du Comité international paralympique (CIP) se rassemblent devant le symbole des « Trois Agitos » à Tokyo, au Japon.

A la clôture des Jeux paralympiques de Tokyo, les athlètes réfugiés ont célébré leur réussite aux yeux du monde, convaincus d'avoir envoyé un message d'espoir et d'unité aux 82,4 millions de personnes déracinées dans le monde et aux 12 millions d'entre elles souffrant d'un handicap.

« La compétition dans son ensemble a été une expérience incroyable pour moi », confie Alia Issa, la première femme de l'équipe qui a concouru au lancer de massue « L'équipe des réfugiés n'est pas n'importe quelle équipe, c'est une famille qui essaie d'unir les réfugiés du monde entier », renchérit-elle.

Composée de six membres et souvent qualifiée « d’équipe sportive la plus courageuse », l'équipe paralympique de réfugiés a surmonté plus d'obstacles que la plupart de ses concurrents pour arriver à Tokyo. Les membres qui la composent ont souvent fait face à l'expérience traumatisante de fuir la guerre ou la persécution et de devoir s'adapter à une nouvelle vie ou à d’autres cultures.

Même si elle n’a pas remporté de médailles, la persévérance de l'équipe a été une source d'inspiration, suscitant un élan de soutien de la part des fans au Japon et dans le monde entier. Des écoliers de Tokyo ont par exemple offert plus de 10 000 avions en papier à l’équipe - symbole associé à la réalisation d'un rêve - et la star japonaise de rock Miyavi, Ambassadeur de bonne volonté du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a réalisé le clip d’une nouvelle chanson, « I Swear », sur des images d'entraînement des paralympiens.

Leur présence aux Jeux est une victoire pour l'inclusion, a déclaré Ricardo Pla Cordero, agent du HCR chargé de l'inclusion des personnes handicapées, qui travaille avec des partenaires pour tirer parti du pouvoir du sport afin de transformer la vie des personnes déracinées. « Le simple fait d'être là et de participer, était tellement plus important que de remporter ou non une médaille », souligne-t-il. « Avoir le droit d'être à Tokyo et de prendre part aux épreuves avec les autres est une réalisation importante dans le sens d’une pleine reconnaissance des réfugiés handicapés comme athlètes et membres à part entière de leurs communautés. »

Deux équipes de réfugiés ont fait leurs débuts aux Jeux olympiques et paralympiques de Rio en 2016, pour atteindre un total de 35 membres à Tokyo. Ils sont originaires de 12 pays, dont la Syrie, l'Iran, le Soudan du Sud et l'Afghanistan.

Cette année, une équipe de réfugiés composée de six personnes a pris part aux Jeux paralympiques, suite à l'inclusion de deux athlètes ayant participé aux Jeux de Rio 2016 sous la bannière de l'équipe indépendante d'athlètes paralympiques. La première équipe olympique de réfugiés composée de 10 membres à Rio a presque triplé pour atteindre 29 membres à Tokyo.

Ces équipes, créées et soutenues par le Comité international olympique (CIO) et le Comité international paralympique (CIP), en partenariat avec le HCR, donnent aux athlètes qualifiés qui ont été déracinés, et qui ne peuvent donc pas représenter une équipe nationale, l'occasion de concourir aux plus hauts niveaux.

« Une source d’inspiration pour tous. »

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a félicité les deux équipes pour leurs excellentes performances. « Leur persévérance et leur talent sont une véritable source d'inspiration pour nous tous », déclare-t-il. « Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude au CIO et au CIP pour avoir cru en ces réfugiés et donné l'exemple aux autres. Grâce à leurs efforts, nous avons pu constater concrètement le formidable pouvoir du sport dans la promotion d'un monde plus inclusif et plus égalitaire. »

« Nous attendons avec impatience les futurs événements sportifs où les réfugiés, y compris les personnes handicapées, auront l'occasion de concourir et de représenter les millions de personnes forcées de fuir dans le monde », ajoute-t-il.

Comme dans tout événement sportif, il y a eu des performances à célébrer ainsi que des moments de déception. Né sans bras, Abbas Karimi s'est qualifié pour la finale du 50 mètres papillon (catégorie S5) avec un record personnel de 36 secondes 36.

Alia Issa, dont le cerveau a été endommagé suite à une forte fièvre dans son enfance, a atteint 16,33 mètres au lancer de massue, juste en dessous de son record personnel. Au disque, Shahrad Nasajpour a battu sa meilleure performance d'il y a cinq ans à Rio.

Anas Al Khalifa, qui a fui les combats en Syrie et qui vit désormais en Allemagne, s'est classé septième dans la catégorie KL1 de Kayak monoplace, une performance remarquable après seulement un an d'entraînement. Il a été le porte-drapeau de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques.

Anas n’a qu’un usage limité de ses jambes après une chute du deuxième étage d'un immeuble alors qu'il installait des panneaux solaires. Désespéré à la suite de son accident, il estime que le kayak a changé sa vie.

« Mon physiothérapeute m'a vraiment poussé à bout et m'a montré que le sport était important pour mon processus de rééducation, car il donne de l'espoir. Le sport vous soulève vraiment lorsque vous êtes au point le plus bas de votre vie », déclare-t-il. « C'était un moyen de me sortir de l'obscurité. »

Réfugié burundais, Parfait Hakizimana a créé un club de taekwondo dans le camp de réfugiés de Mahama où il vit au Rwanda. Il se dit ravi d’avoir participé au début de cette discipline aux Jeux paralympiques. Il a malheureusement été blessé lors de sa défaite au premier tour, mais a vu sa présence au sein de l’équipe comme un moyen « d’aider les réfugiés du monde entier à voir que leurs rêves peuvent aussi se réaliser. »

Le nageur et double paralympien Ibrahim Al Hussein, qui a perdu la partie inférieure de sa jambe droite dans l'explosion d'une bombe en Syrie, a toujours fait preuve d'enthousiasme. Officieusement mais affectueusement désigné comme capitaine par ses coéquipiers, Ibrahim a souvent été vu saluant et souriant aux gens dans la rue alors qu'il prenait le bus pour se rendre à la piscine. Il remercie les organisateurs japonais d'avoir organisé les Jeux à un moment très difficile, marqué par la pandémie.

« Dès que nous sommes partis du village paralympique et que nous avons vu tous les habitants nous saluer, nous nous sommes sentis réchauffés et je me suis senti très heureux », déclare-t-il.

Les membres des deux équipes affirment que l'expérience avait renforcé leur confiance et qu'ils étaient impatients de poursuivre sur leur lancée dans trois ans à Paris.

En coopération avec ses partenaires, dont le CIO et le CIP, le HCR s’engage à poursuivre la promotion de l'accès au sport dans les camps et les communautés de réfugiés - des zones qui manquent souvent d'équipements sportifs ou d'activités sportives organisées, en particulier pour les personnes handicapées. Le HCR considère le sport comme un outil puissant pour renforcer la confiance et les compétences, promouvoir le bien-être mental et physique et rapprocher les communautés.

L'engagement du HCR à soutenir les réfugiés handicapés va de pair avec la mission du Mouvement paralympique, lancé par Sir Ludwig Guttmann pour rendre la bienveillance dont il a bénéficié en tant que réfugié ayant fui l'Allemagne nazie avant la Seconde Guerre mondiale.

« Nous poursuivrons notre travail pour aboutir à la création d’un monde dans lequel toutes les personnes déracinées, y compris les personnes handicapées, peuvent accéder et participer aux activités sportives de manière égale », a déclaré Deanna Bitetti, chargée de communication du HCR travaillant depuis Tokyo.

Les Jeux olympiques et paralympiques ont été l'occasion pour le pays hôte, le Japon, de promouvoir une plus grande sensibilisation sur la question des personnes déplacées.

L’arrondissement de Bunkyo à Tokyo, qui a accueilli l'équipe paralympique des réfugiés, a organisé des ateliers pour les résidents sur la crise mondiale des réfugiés et a tenu des sessions en ligne avec la représentante de l'équipe, Ileana Rodriguez, ancienne réfugiée de Cuba devenue citoyenne américaine.

Parfait Hakizimana apparaît également comme personnage dans un jeu vidéo publié par JPGames, le développeur de Pegasus Dream Tour, le jeu vidéo officiel des Jeux paralympiques. La femme et l'enfant de Parfait sont également présents dans le jeu comme spectateurs.

Parfait Hakizimana, membre de l'équipe paralympique des réfugiés représenté par un personnage virtuel dans le jeu Pegasus Dream Tour, développé par JP Games.

Des athlètes olympiques réfugiés sont les personnages principaux d'un livre illustré de type manga publié par la société japonaise Kadokawa Corp. Destiné aux jeunes, le livre raconte les épreuves surmontées par sept athlètes qui ont concouru à Rio. Parmi les récits contés figure notamment celui de la nageuse Yusra Mardini. Le livre propose également des cartes qui retracent les trajectoires de réfugiés qui ont fui leurs foyers pour échapper aux persécutions et aux conflits. « En lisant leurs histoires, vous trouverez du courage et de l'espoir », indique la couverture du livre.

Le soutien est également venu des îles Caïmans. Un groupe de femmes a envoyé des pin’s faits main aux membres des deux équipes. Les pin’s offerts représentent le logo du HCR combiné aux symboles olympiques ou paralympiques. Dans une carte, ce groupe de femmes, dirigé par l'artiste Deborah Kern et soutenu par Rachel Klein, a indiqué avoir appris que les équipes de réfugiés n'avaient pas de pin's spéciaux à porter, comme c'est le cas pour de nombreuses équipes nationales. « Nous voulions nous assurer que vous aviez tous un pin's spécial à porter », écrivent-elles. « Merci de nous inspirer ! » peut-on également lire.

Sanda Aldas, réfugiée olympique originaire de Syrie qui concourait en judo, a déclaré que des larmes lui sont montées aux yeux lorsqu'elle est entrée dans le stade lors de la cérémonie d'ouverture, parce qu'elle était submergée à l'idée de représenter les réfugiés du monde entier et parce que ses parents avaient tant souhaité qu'elle puisse participer aux Jeux olympiques.

« Il y a toujours de l'espoir, n'arrêtez pas de rêver », lance-t-elle aux autres réfugiés. « N'écoutez pas ceux qui vous disent que vous ne pouvez pas atteindre vos objectifs. Travaillez dur tout simplement. Ce ne sera pas facile, mais en croyant en vous, vous pourrez réaliser tous vos rêves, non seulement dans le sport, mais dans la vie en général », conclut-elle.