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Dans le centre de Johannesburg, des réfugiés et des demandeurs d'asile sont expulsés de leurs logements sans solution alternative

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Dans le centre de Johannesburg, des réfugiés et des demandeurs d'asile sont expulsés de leurs logements sans solution alternative

Le programme de rénovation du centre de Johannesburg a abouti à l'expulsion de leur logement pour plus de 100 réfugiés et demandeurs d'asile. On craint qu'une nouvelle vague d'évictions, le mois prochain, n'amène à l'expulsion de 70 000 personnes, y compris des réfugiés et des demandeurs d'asile, qui perdraient leurs logements dans 235 bâtiments.
11 avril 2007 Egalement disponible ici :
Cette mère et son enfant font partie des réfugiés et demandeurs d'asile qui ont été expulsés du logement où ils vivaient à Johannesburg, et qui se retrouvent maintenant à la rue. Des efforts ont été entrepris pour leur trouver un nouveau foyer.

JOHANNESBURG, Afrique du Sud, 11 avril (UNHCR) - Le programme de rénovation du centre de Johannesburg, a abouti à l'expulsion de plus de 100 réfugiés et demandeurs d'asile. Leurs affaires sont maintenant entassées sur le trottoir, près de l'immeuble d'habitation Coronia Gardens, où nombre d'entre eux ont vécu pendant des années.

Sur le visage d'Agnès Bahombi, une réfugiée congolaise, on lit surtout du courage alors qu'elle parle d'un air taquin avec son fils de dix ans. Il souffre de paralysie cérébrale et, pour une fois, sa mère est contente qu'il ne comprenne pas pourquoi sa famille vit à l'extérieur de ce qui fut autrefois leur logement.

La matinée froide et grise semble refléter ses pensées, alors qu'elle se creuse la tête pour trouver une solution. Agnès Bahombi a quatre autres enfants qui jouent dans la rue, et elle ne veut pas laisser ses affaires sans surveillance. Elle ne fait confiance à personne pour s'occuper de son fils, et ne peut pas se rendre dans la partie de la ville où elle travaillait comme colporteuse. Sans possibilité de gagner de l'argent et alors que la nourriture disponible diminue, l'avenir semble bien sombre pour elle et sa famille.

Pendant qu'elle raconte son histoire, Agnès Bahombi regarde avec nostalgie l'immeuble qui est maintenant surveillé par des agents de sécurité, empêchant quiconque de le réoccuper. Le programme de rénovation a été lancé en 1997 dans le but de remettre en état des vieux bâtiments, pour qu'ils puissent ensuite être utilisés comme bureaux et comme résidences.

Une décision légale datant de mars 2006 qui demandait l'arrêt des expulsions de certains des habitants les plus pauvres de Johannesburg hors de ces immeubles, à moins de leur trouver au préalable un logement alternatif, a été récemment rejetée par la Cour suprême d'appel d'Afrique du Sud. La Cour a décidé que le conseil municipal n'était pas obligé de fournir des logements au centre ville, où habitent et travaillent la plupart des réfugiés.

Selon la presse, le juge de la Cour suprême d'appel, Louis Harmse, a estimé qu'aucune obligation constitutionnelle n'incombait à l'Etat de trouver des logements dans une zone spécifique, mais il a ajouté que la ville avait l'obligation légale de « fournir au moins un autre hébergement. »

Stuart Wilson du Wits Centre for Legal Studies, une organisation pour les droits et les besoins des personnes démunies dans le centre ville, est d'accord avec cette obligation : « Même s'ils ne peuvent pas recevoir un logement dans le quartier de leur choix, ils ne devraient pas être expulsés sans solution alternative d'hébergement. »

Malheureusement, dans ce cas précis, les besoins d'Agnès Bahombi et des autres réfugiés et demandeurs d'asile semblent avoir été négligés. A trois heures du matin le 28 mars, la police de Johannesburg et l'entreprise de déménagement Red Ants ont procédé à leur expulsion.

Ils ont déjà passé plus d'une semaine sur le trottoir, bravant l'hiver qui approche dans des abris de fortune faits de matelas usagés et de tout ce qu'ils ont pu sauver de leurs appartements ou trouver dans la rue.

Au cours de l'initiative de l'UNHCR en vue d'intégrer les critères d'âge, de genre et de diversité dans les principales villes d'Afrique du Sud en août et septembre dernier, l'importance du problème d'hébergement pour les réfugiés est apparue au grand jour. Coronia Gardens, un immeuble d'habitation de 13 étages qui hébergeait initialement quelque 500 réfugiés, est un exemple du type de logement que les réfugiés ont les moyens de payer.

Les relents d'égouts découragent tout visiteur d'entrer de l'immeuble, à moins de n'avoir aucun autre choix. Les portes et fenêtres cassées, et même les murs, témoignent de l'absence d'entretien depuis des années. Sans ascenseur ni électricité, c'est un terrain de chasse pour les criminels qui peuvent mener leurs trafics en toute liberté, exposant les réfugiés - particulièrement les femmes et les enfants - aux risques d'abus physiques et d'exploitation sexuelle.

« Avant, nous avions au moins un abri fait de quatre murs », explique le Pasteur Ibrahim Ilunga, qui fait figure d'autorité spirituelle parmi les personnes expulsées. « Un jour, il fait froid, le lendemain il pleut, le jour d'après, nous sommes harcelés. Les enfants tombent malade. Que devons-nous faire ? »

Au milieu des plaintes des réfugiés sur le manque d'attention que la municipalité de Johannesburg accorde à leur situation, le partenaire d'exécution de l'UNHCR, Jesuit Refugee Services (JRS), tente de trouver une solution à court terme avec les organisations et les hébergements appropriés. « Pour le moment, nous évaluons la situation pour pouvoir présenter les informations recueillies aux services gouvernementaux concernés et à l'UNHCR et demander une assistance », a indiqué Blaise Nzuzi, employé de santé à JRS.

Alors que l'UNHCR a augmenté de 10 pour cent son budget d'assistance d'urgence, il a aussi conseillé à son partenaire d'exécution d'étudier la possibilité d'une collaboration avec les autorités locales afin de promouvoir l'idée d'inclure les réfugiés dans les solutions conçues pour les ressortissants sud-africains. JRS a aussi été encouragé à rechercher un soutien possible auprès du gouvernement, notamment du Refugee Relief Board du Department of Social Development.

Il est impératif de trouver rapidement une solution à cette situation. La saison hivernale arrivant rapidement, il est d'une importance cruciale que des solutions d'hébergement soient mises à disposition pour les réfugiés et les demandeurs d'asile de la même manière que pour les Sud-Africains. Il est à craindre que la décision du tribunal sera suivie dans les prochains mois d'expulsions en nombre, à la suite desquelles 70 000 personnes, incluant des réfugiés et des demandeurs d'asile, pourraient perdre leurs logements dans 235 bâtiments.

Par Pumla Rulashe à Johannesbourg, Afrique du Sud