En visite à Mossoul, Angelina Jolie appelle le monde à ne pas en oublier la population et met en garde contre les risques d'un retard de reconstruction et de rétablissement
En visite à Mossoul, Angelina Jolie appelle le monde à ne pas en oublier la population et met en garde contre les risques d'un retard de reconstruction et de rétablissement
MOSSOUL, Irak (16 juin) – Angelina Jolie, l’Émissaire du HCR, s'est rendue à Mossoul-Ouest, moins d'un an après la libération de la ville en juin et juillet 2017. Cette visite est la 61e mission d'Angelina Jolie depuis 2001, et son cinquième passage en Irak, avec l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Elle est arrivée dans la ville le second jour de l'Aïd-el-Fitr, la fête musulmane marquant la fin du Ramadan.
Se déplaçant à pied dans les ruelles étroites de la vieille ville bordées de bâtiments détruits par les bombes, elle y a rencontré des familles déplacées et parlé avec elles des efforts nécessaires pour reconstruire la ville et des besoins de la population rapatriée.
Mossoul-Ouest est restée sous le contrôle de Daech pendant trois ans. L'opération militaire qui a permis de reprendre la ville a été la plus longue et la plus importante bataille urbaine depuis la Seconde Guerre mondiale, et les destructions rappellent celles de Dresde. Les civils ont enduré des bombardements aériens, des tirs de barrage d'artillerie, des tirs croisés, des tireurs embusqués et les risques des munitions non explosées. Des centaines de milliers d'habitants ont vécu une situation similaire à un état de siège, servant de boucliers humains ou pris pour cibles lorsqu'ils essayaient de fuir. De grandes parties de Mossoul-Ouest ont été rasées par les combats. De nombreux habitants commencent à rentrer et ils découvrent un paysage de destruction totale. Comme les habitants d'autres régions qui ont aussi vécu sous le joug de Daech, ils ont subi des niveaux rarement connus de traumatismes psychologiques.
Le HCR aide de nombreuses familles rapatriées par le biais de différents programmes, dont des allocations en espèces pour reconstruire les maisons, une aide juridique aux proches arrêtés de manière arbitraire suite à des erreurs d'identification, et une assistance pour obtenir les documents officiels essentiels qui leur ont été confisqués, détruits ou qu’ils n’ont pu obtenir pendant l'occupation.
Devant les ruines de la mosquée d'al-Nouri, l’Émissaire du HCR Angelina Jolie a déclaré :
« De toutes mes années de travail avec le HCR, je n’ai jamais vu un tel niveau de destruction. Ici les gens ont tout perdu : leurs maisons ont été détruites. Ils n’ont plus rien. Ils n'ont pas de médicaments pour leurs enfants, et ils sont nombreux à n’avoir ni l’eau courante ni d'autres services essentiels. Ils vivent encore entourés de cadavres dans les décombres. Après le traumatisme inimaginable de l'occupation, ils essayent désormais de reconstruire leurs maisons, souvent avec très peu ou pas d’assistance.
Je ne trouve pas les mots pour décrire la force nécessaire pour reconstruire après une telle perte. Et pourtant, c'est ce que font les habitants de la ville. Ils sont en deuil et traumatisés, mais ils sont aussi pleins d'espoir. Ils nettoient leurs maisons à mains nues, et ils se portent volontaires pour s'entraider. Mais ils ont besoin de notre aide.
Bien souvent, nous, la communauté internationale, nous imaginons qu'une fois les combats terminés, le travail est fait. Mais les conditions que j'ai vues ici, à Mossoul-Ouest, sont effroyables. Les gens sont encore déplacés. Les camps situés à proximité de la ville sont toujours pleins. Des quartiers entiers de Mossoul-Ouest sont toujours rasés. Il est capital d’aider les gens à rentrer chez eux et de stabiliser la ville pour assurer la stabilité future de l'Irak et de la région.
Je réalise les sacrifices énormes qui ont été nécessaires pour libérer Mossoul. J'espère que cet engagement se poursuivra pour reconstruire et stabiliser l’ensemble de la ville. Et j'engage la communauté internationale à ne pas oublier Mossoul, et à ne pas détourner son attention de cette population. Les leçons du passé, en Irak et ailleurs dans la région, nous ont appris le danger de laisser s'installer un vide. Les familles et les survivants méritent toute notre attention.
J'ai rencontré des parents dont la fille, âgée de 17 ans, avait perdu les jambes dans un tir de mortier. Ils l'ont transportée vers un centre médical, mais ils ont été refoulés et elle est décédée des suites de l'hémorragie. Chacun des hommes que j'ai rencontrés m'a raconté les coups de fouet et les punitions infligées par les extrémistes. Les filles que j'ai rencontrées m'ont parlé des années pendant lesquelles elles n'ont pas pu aller à l'école, des gens qui ont été tués sous leurs yeux et de la peur permanente qui les empêchait de quitter la maison. Il est profondément bouleversant que des gens ayant enduré une telle brutalité disposent de si peu de ressources pour essayer de reconstruire leur vie d’avant. »
Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :
En Irak, Marie-Noelle Little-Boyer, [email protected], +41 79 217 3046 ou +964 0751 736 7401