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Une informaticienne primée motive des jeunes filles à apprendre le codage

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Une informaticienne primée motive des jeunes filles à apprendre le codage

Mariéme Jamme, qui n'a reçu aucune formation avant l'âge de 16 ans, est aujourd'hui entrepreneure dans le domaine des technologies et son objectif est de former des jeunes femmes.
12 Août 2018
Mariéme Jamme, Young Global Leader du Forum économique mondial, conseille des étudiants en informatique dans le camp de Kakuma.

Experte en informatique, Mariéme Jamme se penche sur un écran d'ordinateur et aide un étudiant dans un centre de formation du camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya. Elle sait à quel point il est crucial d’aider ces jeunes.


Mariéme est l’une des 16 Young Global Leader (YGL) élus par le Forum économique mondial en visite à Kakuma et dans le camp de Kalobeyei, au nord-ouest du Kenya, venus à la rencontre des réfugiés et des communautés qui les accueillent.

Les YGL ont été répartis en sept groupes en fonction de leurs domaines de connaissances et de leurs centres d’intérêt. Mariéme faisait partie de l'équipe spécialisée dans l'éducation.

« J'ai choisi ce groupe pour pouvoir encourager des jeunes gens à se concentrer sur l'éducation », explique-t-elle. « L'éducation ouvre des portes et de vastes opportunités aux gens. »

Kakuma et la ville voisine comptent une population totale d'environ 250 000 réfugiés et habitants locaux.

UNHCR, the UN Refugee Agency
@wef
He's going from a refugee camp to Princeton. Learn more about refugees overcoming the odds: https://t.co/89qFeKmyoS https://t.co/S2eA79dYth

Mariéme est née au Sénégal ; cette femme entrepreneure dans le domaine des technologies vit aujourd'hui au Royaume-Uni. Abandonnée par sa mère, elle a grandi dans un orphelinat au Sénégal avant d'être emmenée en France par des passeurs.

Elle s’y est liée d'amitié à une Marocaine devenue son mentor, qui l'a encouragée à présenter sa candidature pour un programme de migration vers le RU ; elle y vit l’âge de 19 ans.

Mariéme, qui a aujourd'hui 44 ans, n'a jamais été scolarisée. Elle a appris à lire et à écrire toute seule à 16 ans.

« J'allais à la bibliothèque tous les jours. »

« J'allais à la bibliothèque tous les jours », raconte Mariéme. « Et je me suis mise à lire tout ce qui me tombait sous la main. Maintenant, je me suis inscrite pour passer le GCSE et le baccalauréat anglais l'année prochaine. »

Le Campus de Kakuma de l'Université Masinde Miliro est l'un des centres auquel l'équipe a rendu visite. Mariéme y a rencontré Rose Chelia, une réfugiée du Soudan du Sud. Rose lui a raconté comment elle a fui à Kakuma avec sa tante, et elle n’a pu aller à l'école immédiatement.

« J'ai commencé ma scolarité dans l'une des écoles de jour de Kakuma et, en 2005, j'ai reçu une bourse pour rejoindre l'un des meilleurs internats du camp », témoigne-t-elle. « Ma tante n'était pas contente parce qu'elle voulait que je m'occupe de mes jeunes cousins et nous avons perdu contact pendant une longue période. »

« Je n'ai pas eu de bons résultats à l'école primaire à cause du stress, et j'ai dû aller d'école en école pendant trois mois avant de trouver une école secondaire disposée à m’accepter. »

« La vie de Mariéme me fait espérer qu'en dépit des difficultés, notre destinée repose dans nos mains et que nous devons saisir toutes les occasions qui se présentent. »

Mariéme Jamme, Young Global Leader du Forum économique mondial, avec des élèves de l'école secondaire Morneau Shepell de Kakuma.

L'année dernière, Mariéme a reçu le prix de l'innovation aux Global Goals Awards 2017, organisés par l'UNICEF et la Fondation Bill et Melinda Gates, pour ses travaux dédiés à l’avancement des Objectifs de développement durable des Nations Unies.

Elle a par ailleurs été reprise dans la Powerlist 2017 des 100 personnalités anglaises originaires de l’Afrique et des Caraïbes les plus influentes, et elle a été élue YGL par le Forum économique mondial en 2013.

« Je comprends les difficultés et la douleur qu'ils ont endurées. »

Elle a raconté au HCR quelques-uns des épisodes atroces de son histoire personnelle.

« Enfant, j'ai été violée ; enfant, j'ai été battue ; des passeurs m'ont emmenée en France à l’âge de 13 ans et j'ai été forcée à me prostituer », dit-elle.

« J'ai vécu dans une station de métro parisienne pendant trois ans avant d'être récupérée par la police et d'être placée dans un centre de secours. C'est ce qui me permet de créer un lien avec les réfugiés et de comprendre les difficultés et la douleur que la plupart d'entre eux ont endurées. »

Elle a fondé l’initiative iamtheCODE dont l'objectif est de former des jeunes filles issues des communautés marginalisées au codage informatique, de leur offrir un cadre éducatif sûr et de les aider à trouver du travail.  Son objectif est de former un million de femmes et de jeunes filles au codage jusqu'en 2030.

Au terme de leur visite de cinq jours, les YGL ont discuté de ce qu'ils avaient appris et proposé des solutions. Parmi celles-ci figure la création d’une plateforme qui mettra en contact d’une part les réfugiés et leurs communautés d’accueil et, d’autre part, des partenaires publics et privés, par le biais du réseau des YGL.

Comme les autres visiteurs, Mariéme a quitté le Kenya pleine d'espoir pour l'avenir.

Elle pense que Kakuma rejoindra son initiative iamtheCODE.

 « Je m'engage à travailler aux côtés du HCR pour mettre en place des pôles technologiques à Kakuma et enseigner le codage aux jeunes femmes et aux jeunes filles issues tant de la communauté réfugiée que des communautés d’accueil. »