De nombreux Somaliens fuient la sécheresse et le conflit pour trouver refuge dans les camps de Dadaab au Kenya
De nombreux Somaliens fuient la sécheresse et le conflit pour trouver refuge dans les camps de Dadaab au Kenya
Chez lui en Somalie, Dekow Ali, un père de quatre enfants, comptait sur ses cultures et son bétail pour faire vivre sa famille. Mais trois années sans précipitations ont réduit à néant ses moyens de subsistance.
« On sème sans cesse mais il n'y a rien à récolter », explique-t-il. « Mes vaches sont mortes au début de la sécheresse. J'ai aussi perdu quelques chèvres. »
Dekow Ali a vendu les chèvres qui lui restaient pour payer son trajet et celui de sa famille vers le Kenya voisin et ainsi rejoindre les camps de réfugiés de Dadaab où ils pourraient bénéficier d'une assistance.
« Je suis venu sans rien, seulement avec mes enfants », raconte-t-il.
La famine menace en Somalie, qui connaît actuellement la pire sécheresse depuis quarante ans. L'insuffisance de quatre saisons des pluies consécutives au cours des deux dernières années, exacerbée par les effets du changement climatique, a conduit à des niveaux de sous-alimentation sans précédent et au déplacement forcé de près d'un million de personnes à l'intérieur du pays depuis janvier dernier.
La sécheresse prolongée, combinée au conflit en cours, a poussé plus de 80 000 Somaliens à franchir la frontière pour se rendre à Dadaab au cours des deux dernières années. Quelque 45 000 d'entre eux sont arrivés l'année dernière. Alors que la situation se détériore et que l'on prévoit une nouvelle saison des pluies insuffisante, on peut s'attendre à l'arrivée de nouvelles familles dans les mois à venir.
« Un nombre croissant de personnes prend la fuite. Quand nous sommes arrivés, nous étions nombreux, et hier encore d'autres personnes sont arrivées », explique Khadija Ahmed Osman, 36 ans, arrivée en octobre avec ses huit enfants après avoir été contrainte de fermer le petit restaurant dont elle était propriétaire dans la ville de Salagle, dans la région de Middle Juba en Somalie.
« Les commerces ont fermé car les gens ont fui en raison de la sécheresse et de l'insécurité », déclare-t-elle. « Je voulais protéger mes jeunes garçons pour qu'ils ne soient pas recrutés par des groupes armés, alors j'ai décidé de venir ici. »
À Dadaab, le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, fournit aux familles nouvellement arrivées une aide en espèces, de l'eau potable et des installations sanitaires, ainsi que des services spécifiques pour les plus vulnérables, comme les enfants souffrant de malnutrition.
Mais les ressources disponibles sont insuffisantes. La sécheresse actuelle a également eu un impact sur les plus de 230 000 réfugiés et demandeurs d'asile qui vivent déjà dans les différents camps qui composent Dadaab, ainsi que sur les membres des communautés d'accueil environnantes.
« Nous utilisons les ressources limitées dont nous disposons pour nos programmes réguliers pour faire face à cette situation », indique Martha Kow Donkor, responsable de la protection communautaire au HCR. « Les besoins sont très élevés, et nous lançons un appel aux donateurs pour qu'ils mettent à disposition davantage de fonds. »
Dadaab accueille des réfugiés somaliens depuis plus de 30 ans. Hussein Ibrahim Mohamed a été parmi les premiers à arriver en 1992. Aujourd'hui, en tant qu'agent communautaire, il aide les nouveaux arrivants à s'installer.
« Ces gens sont dans une situation difficile », dit-il. « Ils ont voyagé très longtemps. J'ai donc pris l'initiative de solliciter des contributions, que ce soit de l'argent ou des vêtements. J'ai récupéré une partie de l'argent qui a été donné et je prévois d'acheter des bâches en plastique pour eux. »
Khadija dit avoir été accueillie à bras ouverts par les réfugiés vivant déjà à Dadaab, notamment par un membre de sa famille qui lui a construit un abri. « Mais nous n'avons pas de nourriture, et pas de latrines », confie-t-elle.
La surpopulation et l'absence d'installations sanitaires suffisantes dans le camp ont contribué au déclenchement d'une épidémie de choléra, avec près de 500 cas identifiés depuis la fin du mois d'octobre, dont de nombreux enfants.
Le HCR travaille avec ses partenaires du secteur de la santé pour mettre en place des centres de traitement du choléra supplémentaires afin d'améliorer l'accès aux soins de santé, mais le manque de financement freine considérablement les efforts entrepris.
Le HCR n'a reçu que la moitié du montant dont il a besoin pour faire face à cette crise provoquée par la sécheresse et qui touche toute la région de la Corne de l'Afrique.
« Nous avons un besoin urgent de bâches en plastique, de tentes et d'autres articles de première nécessité pour les réfugiés et les nouveaux arrivants. Nous avons également besoin de médicaments, de fournitures médicales et de personnel de santé supplémentaire, ainsi que d'articles de première nécessité tels que des kits de cuisine, des couvertures, des jerrycans, du savon, des kits d'hygiène féminine et des matelas de couchage », conclut Martha.