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Voici mon parcours, du football en Afghanistan à la naissance de « Girl Power »

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Voici mon parcours, du football en Afghanistan à la naissance de « Girl Power »

J'ai mis à profit ma passion pour le sport afin d'encourager les jeunes filles afghanes à voir grand. Aujourd'hui, l'association que j'ai créée offre des opportunités aux femmes et aux jeunes filles réfugiées dans le monde entier.
8 Mars 2024 Egalement disponible ici :
Trois femmes portant des pull-overs "Girl Power" sourient à l'appareil photo, leurs bras se serrant les uns contre les autres, devant un bâtiment coloré.

Khalida Popal (au centre), avec les coaches réfugiées Malyun Hassan Farah (à droite) et Anastasiia Vasylyshyn (à gauche) au Centre pour demandeurs d'asile de Sandholm, au Danemark.

En Afghanistan, pays meurtri par la guerre et en proie à de nombreux défis, en particulier en ce qui concerne les femmes, j'ai eu la chance de m'épanouir et de me sentir plus forte grâce à la pratique du sport. Je m'appelle Khalida Popal, cofondatrice et ancienne joueuse de l'équipe nationale de football féminin d'Afghanistan. Aujourd'hui, je dirige l'organisation Girl Power, qui se veut une lueur d'espoir pour les femmes et les jeunes filles du monde entier.

Ayant grandi dans un environnement à dominance masculine et marqué par la guerre, le sport m'est apparu comme un instrument efficace pour faire bouger les choses. En tant que femmes, nous avons su capter le potentiel du sport, et en particulier du football, pour casser les stéréotypes et inspirer les jeunes filles à voir leur vie en grand.

Tout au long de notre parcours, le football a démontré sa capacité à rassembler les gens, indépendamment de leur langue, de leur religion ou de leurs opinions politiques. Sur le terrain, tout le monde partageait un langage commun d'amour et d'unité, effaçant les divisions qui minaient notre société.

Le football est devenu une échappatoire, un moyen de goûter à la liberté, même si ce n'est que pour quelques heures lors de nos séances d'entraînement. Il nous a permis de tisser des liens, en dépit des conventions sociales qui cantonnent les femmes dans les cuisines plutôt que sur les terrains de sport. Cette initiative a conduit à la création de l'équipe nationale afghane de football féminin, marquant ainsi un moment historique pour les femmes dans notre pays.

Khalida Popal dans un pull orange

Khalida Popal, fondatrice et directrice de l'association Girl Power.

J'ai utilisé le football pour donner une voix à celles qui n'en ont pas et pour défier les conventions sociales. Mais j'ai dû faire face à des menaces qui m'ont obligée à quitter mon pays et à devenir une réfugiée en Europe.

Au cours des années qui ont suivi, cette appellation de « réfugiée » est devenue lourde de sens. Comme de très nombreuses autres personnes, je me suis retrouvée à devoir relever les nombreux défis inhérents à l'intégration au sein d’une nouvelle culture et d’un nouveau pays.

Mon passé, ma langue, mes coutumes et la chaleur de ma communauté n'étaient plus que de lointains souvenirs. Ce fut une grande douleur, un peu comme si j'avais perdu une partie de moi-même. Au-delà de la sphère personnelle, ce sentiment s'est étendu à ma vie professionnelle, puisque je n'ai pas pu faire valoir ma formation et les compétences acquises dans mon pays d'origine. Les barrières linguistiques et la bataille pour que mes qualifications soient reconnues ont compromis mes efforts pour retrouver un sens à ma vie par le biais d'un emploi valorisant.

Les malentendus, les préjugés et la discrimination m'ont isolée, ainsi que beaucoup d'autres personnes comme moi, de ces mêmes communautés auxquelles nous aspirions tant à appartenir.

Malgré ces obstacles, le sport a une nouvelle fois été essentiel pour m'aider à me construire ma propre communauté. Il m'a offert la possibilité de partager mon savoir et mon expérience, ce qui m'a permis de contribuer au bien-être du pays qui m'a accueilli.

Forte de mon expérience en Afghanistan et de mon savoir-faire pour mettre le football au service du développement, j'ai créé l'organisation Girl Power au Danemark, poursuivant ainsi la mission entamée en Afghanistan.

Aujourd'hui, Girl Power propose des opportunités de parrainage, de formation et de pratique sportive aux femmes et aux filles réfugiées, afin de faciliter leur intégration dans leur pays d'accueil au sein de l'Union européenne, au Royaume-Uni, en Afrique, en Australie ou au Moyen-Orient. L'organisation promeut la création d'un réseau d'entraide solide, en connectant des femmes dans le monde entier.

Il s'agit d'un mouvement dirigé par des femmes fortes, courageuses et téméraires. Nous militons pour les droits humains, nous dénonçons les injustices et nous donnons une voix à celles qui ne peuvent pas s'exprimer elles-mêmes. En remettant en cause l'ordre établi, en tentant de nouvelles approches et en assumant nos différences, nous sommes fières d'être les actrices d'un changement positif.

L'une de nos plus grandes fiertés est d'avoir réussi à faire évacuer les équipes nationales afghanes de football féminin et de jeunes, ainsi que les membres de leurs familles, en 2021, au cours d'une période particulièrement mouvementée pour le pays.

Un groupe d'une trentaine de jeunes femmes vêtues de pulls "Girl Power" sourient en levant les mains en l'air.

De jeunes coaches réfugiées et appartenant à la communauté d'accueil qui ont participé à une formation en leadership (Girl Power Leadership Academy) en décembre 2023, posent pour une photo de groupe.

En partageant avec vous mon parcours personnel, je souhaite inspirer d'autres personnes qui ont connu des trajectoires similaires à la mienne. Je souhaite également que mon histoire serve d'exemple et illustre la manière dont les réfugiés peuvent apporter une valeur ajoutée au sein de leur nouvelle communauté si on leur en donne l'occasion et si on les accompagne pour renforcer leur sentiment d'appartenance. J'espère que des témoignages comme le mien parviendront jusqu'aux décideurs politiques. J'aspire à ce qu'ils se focalisent, non pas sur la construction de murs pour empêcher les réfugiés d'entrer, mais sur le développement de sociétés plus inclusives.

Le football m'a permis de découvrir ma raison d'être et j'utilise aujourd'hui cette tribune pour apporter ma pierre à l'édifice, en m'engageant activement dans la recherche de solutions, tout en reconnaissant les défis auxquels je suis confrontée en tant que femme et en tant que réfugiée.

Si vous lisez ceci et que vous n'avez pas encore trouvé votre but dans la vie, envisagez de procéder comme suit. Réfléchissez d'abord aux causes ou aux questions qui vous tiennent à cœur, aux sujets qui vous passionnent. Ensuite, réfléchissez à la manière dont cette passion peut contribuer à un changement positif et à la recherche de solutions au sein de la communauté dans laquelle vous vivez. En alignant votre passion sur un objectif plus grand, vous pouvez vous engager sur un chemin qui non seulement vous comblera, mais aura en plus un impact considérable sur le monde qui vous entoure.

Cet article a été rédigé pour le HCR par Khalida Popal, fondatrice et directrice générale de l'association Girl Power.