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Journée mondiale de l'aide humanitaire : Des membres du personnel du HCR s'expriment sur la perte de leurs collègues, les risques pour servir les personnes les plus vulnérables dans le monde. Témoignages

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Journée mondiale de l'aide humanitaire : Des membres du personnel du HCR s'expriment sur la perte de leurs collègues, les risques pour servir les personnes les plus vulnérables dans le monde. Témoignages

Dans le monde entier, les travailleurs humanitaires sont de plus en plus la cible de violences. Dans ce contexte, les collègues et familles des membres du personnel du HCR tués dans l'exercice de leurs fonctions s'expriment sur le sentiment de gratitude et de culpabilité qui les anime du fait de rester en vie ainsi que sur les raisons qui les poussent à continuer à travailles dans l'humanitaire.
20 Août 2009 Egalement disponible ici :
Se souvenir des disparus : lors d'une cérémonie de commémoration à Islamabad en Juin 2009, le personnel des Nations Unies et du HCR rend hommage à Aleksandar Vorkapic et aux autres employés de l'ONU tués dans l'attentat contre l'Hôtel Pearl Continental à Peshawar, au Pakistan.

GENEVE, 20 août (HCR) - Parfois Hélène Caux rêve qu'elle revient dans le temps et demande à Aleksandar Vorkapic de se joindre à elle et à d'autres collègues pour dîner et profiter de la brise légère sur la terrasse de la pension du HCR à Peshawar, au Pakistan au lieu de rentrer seul pour dîner à son hôtel.

Dans la réalité, Aleksandar est rentré au Pearl Continental Hotel. Il a été tué le 9 juin de cette année dans sa chambre du quatrième étage quand un camion chargé de 500 kilos d'explosifs s'est jeté contre le bâtiment. Aleksandar Vorkapic était spécialiste en technologies de l'information et originaire de Belgrade. Il avait été déployé pour une mission d'urgence.

Pour Hélène Caux, chargée de communication habituellement basée à Genève et également déployée d'urgence au Pakistan « Lorsqu'un collègue avec qui vous travailliez est tué dans l'exercice de ses fonctions cela laisse des cicatrices profondes et un sentiment de vulnérabilité. On ressent également un sentiment de culpabilité parce qu'on a échappé à la mort contrairement à notre collègue, » a-t-elle ajouté à l'occasion de la Journée Humanitaire Mondiale célébrée pour la première fois le 19 août. Cette Journée revêt une importance particulière pour le personnel du HCR dont 30 employés ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions depuis 1987. Rien que cette année, trois d'entre eux ont été tués au Pakistan.

Par extension, les familles des victimes deviennent aussi victimes de la tendance croissante à prendre les travailleurs humanitaires pour cibles.

« Les familles subissent d'abord un choc. Même si elles savaient que les personnes qu'elles aimaient travaillaient dans un lieu dangereux, elles ne pensent jamais que ça va leur arriver », explique Dubravka Suzic-Kofi, une psychologue qui dirige le Service social du personnel du HCR depuis dix ans. « Après vient la colère, et elles se mettent à accuser une personne, l'organisation, le destin, Dieu ou autre ».

Julie Goislard, par exemple, reste hantée depuis six ans par des questions sans réponse après l'assassinat brutal de sa soeur Bettina, chargée de protection du HCR en Afghanistan. Elle tente toujours de s'en sortir. « Pour vivre mon deuil, il a fallu que je m'accroche à des souvenirs personnels : ce qui la faisait rire, les bonbons qu'elle cachait dans son tiroir, les films qu'elle aimait voir », a-t-elle écrit dans un courrier électronique à Suzic-Kofi deux jours avant la Journée Humanitaire Mondiale. « Malheureusement, d'autres fonctionnaires ou volontaires des Nations-Unies ont trouvé ou trouveront encore la mort sur le terrain », a-t-elle ajouté.

En 2008, 260 travailleurs ont été tués, enlevés ou grièvement blessés dans des attaques dans le monde. Le nombre moyen d'attaques au cours des trois dernières années a été trois fois supérieur aux neuf années précédentes.

Laurence Djeya, secrétaire du HCR originaire de Côte d'Ivoire est un des noms qui se cachent derrière ces statistiques. En 2000, elle a survécu à un enlèvement par des rebelles Libériens à Macenta, en Guinée. Cet incident avait coûté la vie à un de ses collègues du HCR dans le pays.

Relâchée après sa captivité dans la brousse libérienne, elle est retournée à Abidjan, la capitale économique de la Côte d' Ivoire, où elle vit avec son mari et ses cinq enfants, trois d'entre eux adoptés. Après cette expérience, elle s'est mise à aider toutes les personnes qui avaient besoin d'un soutien moral que ce soit au travail, dans son voisinage ou auprès de l'église locale. C'est sa façon de dire merci pour avoir survécu à cette épreuve, ce qui n'a été possible que grâce à l'amour et au soutien de sa famille, de ses amis, de ses collègues et du Service social du personnel du HCR.

Alors que les travailleurs humanitaires rendaient hommage au courage de leurs collègues et témoignaient de leur expérience à l'occasion de la première Journée Humanitaire Mondiale, deux autres membres du personnel des Nations Unies étaient tués mercredi dans un attentat au cours des violences préélectorales qui ont eu lieu en Afghanistan.

Malheureusement, la liste des victimes parmi les travailleurs humanitaires s'allonge mais le personnel du HCR comme Hélène Caux comprend pourquoi il demeure important de prendre des risques pour aider les personnes les plus vulnérables comme les 25 millions de réfugiés et personnes déplacées internes qui sont sous la protection de l'agence pour les réfugiés.

« Je m'inquiète pour mes collègues et mes amis au Pakistan », a déclaré Hélène Caux. « Ils sont exposés à l'insécurité au quotidien, mais malgré tout ils respectent leur engagement et dévouement pour les personnes déplacées et ils continuent leur travail essentiel pour aider des milliers de personnes désespérées ».

Par Fatoumata Lejeune-Kaba