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Au Sri Lanka, la crise du logement post-tsunami permet la réconciliation d'un couple désuni

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Au Sri Lanka, la crise du logement post-tsunami permet la réconciliation d'un couple désuni

Le désir de reconstruire sa vie après la tragédie du tsunami a permis l'heureuse réconciliation d'un couple sri-lankais séparé. Ils se sont retrouvés ensemble à nouveau lors de la recherche d'un hébergement temporaire de l'UNHCR.
27 Décembre 2005 Egalement disponible ici :
Mohamed, Falila et leur famille, devant leur abri temporaire de l'UNHCR à Ampara, au Sri Lanka.

AMPARA, Sri Lanka, 27 décembre 2005 (UNHCR) - « Avant notre rupture, nous vivions heureux depuis 19 ans. Maintenant, nous sommes à nouveau ensemble, c'est comme aux bons vieux jours », dit Falila Hamid, récemment réconciliée avec son mari, M.I Mohamed Moubarak.

Vivant maintenant ensemble avec leurs 4 enfants dans un hébergement temporaire de l'UNHCR à Chavalakadai, dans le district d'Ampara sur la côte est du Sri Lanka, le couple était séparé depuis le milieu des années 90 soit presque 10 ans. Mais avec l'aide de l'UNHCR et de la Fondation pour le développement rural (RDF), Falila et Mohamed ont fait taire leurs différences et ont recommencé là où ils s'étaient séparés.

Les événements qui ont permis leur réunion ont commencé après le tsunami dévastateur de décembre 2004. Ampara était le district du Sri Lanka le plus touché par le désastre qui a coûté la vie à la mère, la soeur et la nièce de Falila.

Après avoir trouvé un hébergement dans les bâtiments gouvernementaux et sur un terrain privé, Falila a passé les quelques premiers mois après le tsunami à essayer de faire le deuil de ses parents disparus. Elle a tenté ensuite de retrouver un semblant de vie normale. La clé de ce processus était de trouver un logement pour reconstruire sa vie.

Le fils aîné de Falila, qui vivait avec son père, avait entendu que des hébergements temporaires étaient disponibles grâce à l'UNHCR. Il a obtenu une carte d'enregistrement et ainsi sa mère a pu les rejoindre sur la liste des bénéficiaires.

« RDF est venu me voir pour me demander pourquoi ma famille avait postulé pour deux hébergements, j'ai alors expliqué que mon mari et moi vivions séparés depuis des années », dit Falila. « Ils ont dit, ce n'est pas bien, vous devez vous réconcilier pour vous et pour vos enfants. Je leur ai dit qu'il était trop tard pour cela, mais ils ont persisté à vouloir nous remettre ensemble », ajoute-t-elle.

RDF est le partenaire principal de l'UNHCR à Ampara et aide à la construction de près de 3 000 hébergements temporaires pour les personnes affectées par le tsunami, dans le district de l'est.

Thaya Mayilvaganam, psychologue de RDF, a joué un large rôle dans la réconciliation de Mohamed et Falila.

« J'ai essayé plusieurs fois qu'ils se parlent, mais les deux étaient très entêtés. J'ai failli abandonner, mais les voisins de Falila m'ont incité à essayer encore », dit Thaya. Cela a pris un certain temps, mais ses efforts n'ont pas été vains.

« J'ai su que Falila devait aller rendre visite à son mari et ses enfants », révèle Thaya. « Je suis allé la voir quelques jours plus tard et toutes ses affaires étaient emballées et prêtes à déménager. Je lui ai demandé où elle allait. Elle m'a dit avoir finalement décidé de retourner chez son mari. Ils semblent maintenant heureux tous ensemble. C'est merveilleux. »

Mohamed a dit que la communauté locale les a beaucoup soutenus. « Nos voisins nous ont beaucoup rendu visite, ils nous ont présenté leurs voeux et leurs félicitations. » Il croit encore à peine à ce qui est arrivé. « Je ne pensais pas que nous pourrions revenir à ce qui existait avant, pas après une si longue séparation. Mais regardez-nous maintenant », dit-il. « C'est peut-être le destin. »

Deux mois après avoir été réunis, Mohamed, Falila et leurs quatre enfants envisagent maintenant l'avenir avec optimisme. Ils ont construit une extension à leur hébergement temporaire, ils cultivent une parcelle de légumes et leur fils construit une petite cuisine avec le surplus des matériaux de construction.

Comme beaucoup d'autres déplacés par le tsunami, Falila doit faire face à des problèmes administratifs. « J'ai construit une maison sur un terrain qui appartenait à ma mère, elle m'avait promis de m'en transmettre la propriété », explique-t-elle. « Puis le tsunami a tout emporté et maintenant je n'ai plus aucune preuve de propriété. » Falila souhaite maintenant donner ce terrain à sa soeur célibataire et elle essaie d'obtenir de nouveaux documents de la part des autorités.

L'agence pour les réfugiés a mis en place un programme avec le gouvernement sri-lankais pour aider les survivants à remplacer leurs documents perdus tels que leurs extraits de naissance, de décès ou les certificats de mariage, ainsi que leurs titres de propriété. Dans le cadre de cette initiative, l'UNHCR au Sri Lanka a organisé plus de 20 bureaux d'aide juridique dans les districts de Hambantota, Galle, Ampara, Batticaloa, Mullaitivu et Kilinochchi, pour permettre le remplacement des papiers d'identité personnels perdus ou détruits dans le tsunami.

La peur d'un autre tsunami est toujours présente dans de nombreuses communautés côtières du Sri Lanka, Falila et Mohamed pensent tous les deux à aller vivre plus à l'intérieur des terres. Mais cela réduit leurs perspectives d'emploi dans un district qui dépend en grande partie de l'industrie de la pêche. Mohamed travaille actuellement comme employé agricole occasionnel, la famille est aussi soutenue par l'allocation de retraite de sa mère.

Avec presque tous les hébergements temporaires construits et 95 % des besoins réalisés, l'objectif pour ceux impliqués dans le secteur de l'hébergement commence à s'orienter vers l'entretien et la maintenance, essentiels pour la longévité des hébergements temporaires pendant que les survivants du tsunami attendent une maison définitive. Des considérations pratiques telles que l'aménagement du site, l'accès aux services adéquats tels que les soins de santé et l'éducation en font aussi partie.

Dans un endroit qui a tant souffert, cela fait chaud au coeur de voir les sourires sur les visages de Falila et Mohamed. Leur fils Sibly (15 ans) regarde son frère construire la nouvelle cuisine. Il dit qu'il veut devenir ingénieur quand il sera grand. « Tu feras un bon ingénieur, toujours à surveiller ce que font les autres ! » dit son père en plaisantant.

Par Lyndon Jeffels à Ampara