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Iraq : Une journée productive sur le terrain pour deux chargés de protection

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Iraq : Une journée productive sur le terrain pour deux chargés de protection

Chargés de protection au HCR, Wahil et Jwan suivent les arrivées depuis le nord de l'Iraq au poste de contrôle de Khazaïr. Ils compilent les statistiques et évaluent les besoins.
23 Juin 2014 Egalement disponible ici :
Wahil et Jwan travaillent au HCR en Iraq en tant que chargés de protection. Ici, ils mènent un entretien avec une famille déplacée par les récents combats au nord de l'Iraq afin d'évaluer au mieux ses besoins.

KHAZAIR, Iraq, 23 juin (HCR) - Wahil et Jwan commencent leur journée tôt, peu après le lever du soleil dans le désert oriental. Ils portent des gilets bleus des Nations Unies et des chapeaux pour se protéger du soleil ardent. Ils montent à bord d'une voiture 4X4 pour rejoindre l'ouest de la région du Kurdistan iraquien, depuis la ville d'Erbil.

Il fait déjà plus de 40 degrés quand ils arrivent au point de contrôle de Khazaïr, à mi-chemin entre Erbil et la ville iraquienne de Mossoul qui n'est plus sous contrôle gouvernemental depuis le début du mois de juin. La chute de Mossoul a déclenché un exode massif de civils. Près de 300 000 personnes ont fui leurs maisons en quête d'un refuge dans la région du Kurdistan iraquien, selon les autorités.

Wahil et Jwan travaillent au HCR en tant que chargés de protection. Leur travail consiste à surveiller les arrivées, à compiler les chiffres et à évaluer les besoins. A leur première étape, ils rencontrent des employés kurdes de sécurité au poste de contrôle. Les soldats contrôlent les personnes qui se dirigent vers l'est afin d'assurer qu'elles ont véritablement besoin de se rendre dans la région du Kurdistan iraquien.

L'un des soldats leur indique que près de 1 000 véhicules passent chaque jour par le point de contrôle. Ils sont tellement nombreux qu'il est presque impossible de les compter précisément. En tout, près de 5 000 personnes entrent au Kurdistan iraquien chaque jour. Il s'agit d'un nombre beaucoup moins important que celui de la semaine dernière, lorsque les arrivages quotidiens étaient près de dix fois supérieurs.

Selon ce même soldat, les familles et les professionnels sont autorisés à traverser la frontière ce matin. Mais les soldats sont préoccupés par les hommes seuls, qui pourraient être en relation avec les militants, selon les autorités gouvernementales.

Les deux fonctionnaires du HCR se sont alors entretenus avec les nouveaux arrivants. Ils prennent des notes sur la provenance des familles, de leurs conditions de vie, et du motif pour lequel ils ont fui leur maison. Ils se renseignent sur les besoins des déplacés iraquiens. La réponse qui revient le plus souvent concerne l'abri.

Des entretiens ont déjà été menés avec quelque 3 500 familles déplacées. Quatre familles sur cinq expliquent aux équipes du HCR en charge de la protection que le logement est leur besoin le plus urgent. Beaucoup louent des chambres à l'hôtel au Kurdistan iraquien, tandis que d'autres sont temporairement hébergés chez des proches. D'autres encore ont des problèmes pour se loger et ils ont trouvé refuge dans des écoles, des mosquées, des églises et des bâtiments inachevés.

Une famille de sept personnes, originaire de Tal Afar à l'ouest de Mossoul, déclare à l'équipe de protection avoir fui la veille après le bombardement du dispensaire de la ville. Tous les sept ont fui à bord d'une Kia gris clair poussiéreuse, et ils attendent un oncle d'Erbil qui pourra les héberger. « Si les combats se poursuivent, Tal Afar sera bientôt une ville vide », explique le père à Wahil et Jwan. « Il n'y a ni eau ni électricité. »

Wahil et Jwan discutent également avec des personnes, peu nombreuses, qui se rendent dans l'autre direction. Elles expliquent rentrer car elles n'ont plus les moyens de payer leur logement dans la région du Kurdistan iraquien. C'est ce que les équipes du HCR en charge de la protection ont déjà entendu lors d'entretiens avec de nombreuses familles déplacées.

70% des personnes vivant en milieu urbain ont programmé leur retour dans les jours qui viennent à cause de leur manque de moyens. Mais le choix de la destination est limité. Elles ne sont pas certaines que leur situation se sera plus facile ailleurs.

Wahil est un vétéran du HCR. Il a déjà travaillé 10 ans au Soudan. Il explique rencontrer aujourd'hui deux difficultés principales. Des familles iraquiennes tentent de rejoindre Kirkouk via le Kurdistan iraquien et d'autres villes arabes au centre et au nord de l'Iraq. Elles rencontrent des difficultés pour passer les points de contrôle.

« Nous voyons également des familles faire demi-tour car elles ne sont pas autorisées à aller au Kurdistan iraquien au-delà du poste de contrôle pour acheter des médicaments. Puis, lorsqu'elles tentent de retourner au centre de transit, elles rencontrent des difficultés pour obtenir l'autorisation de passer. Nous allons discuter avec les autorités pour voir si cela peut être résolu afin de satisfaire tout le monde », déclare Wahil.

Il est actuellement tôt dans l'après-midi, et les fonctionnaires du HCR en charge de la protection parcourent la pente poussiéreuse d'une colline bordée de tentes blanches du HCR. C'est le camp de transit de Khazaïr, qui abrite aujourd'hui 360 familles. Environ une douzaine de familles arrivent chaque jour. Il y a dix jours, ces trois hectares étaient recouverts d'un champ de blé tout juste récolté.

A Khazaïr, le HCR fournit des tentes, ainsi que d'autres articles de secours comme des matelas, des couvertures, des bidons d'eau et des kits d'hygiène. Wahil et Jwan s'arrêtent de tente en tente et ils remplissent un questionnaire de trois pages pour chaque famille. Ils recueillent des informations sur leur histoire, le motif pour lequel ils ont fui leur maison, et leurs besoins. Cela aide le HCR et d'autres organisations humanitaires à bien cerner les besoins de ces familles.

« Evaluer les besoins des déplacés est un volet important du travail dans le domaine de la protection », m'explique Wahil. « Cela fait partie du processus pour veiller à ce que les plus vulnérables reçoivent l'aide humanitaire et juridique dont ils ont besoin ». Au camp, les demandes sont nombreuses et tout à fait compréhensibles.

Wahil et Jwan sont patients, ils s'assoient et parlent avec chaque famille. Quand un vieil homme se plaint de la distance à parcourir pour accéder aux toilettes et au robinet, Wahil lui montre des blocs de ciment et des tuyaux. « C'est pour bientôt », lui explique-t-il en le rassurant. « Je suis sûr que vous pouvez comprendre que c'est une situation d'urgence et que nous tentons de répondre à tous les besoins des déplacés aussi vite que possible. »

Par Ned Colt à Khazaïr, Iraq